Le secteur d’activité du mois: L’aéronautique

Le secteur de l’aérospatiale est l’un des secteurs d’activités les plus dynamiques de la province. Il regroupe 35 000 emplois et d’ici les 10 prochaines années, il recrutera près de 38 000 personnes. En 2021, plus d’un travailleur sur 122 occupait un emploi en aérospatiale à l’échelle du Québec (une proportion de 20 % plus élevée qu’en France et près de 2 fois plus importante qu’aux États-Unis) et dans la région métropolitaine de Montréal, c’est un travailleur sur 65 qui exerçait un métier ou une profession dans ce secteur.

Le Québec est à la recherche des talents qui continueront à faire grandir cet écosystème.

Plus de 30 catégories de postes sont ou seront en pénurie d’ici 2 ans selon les entreprises du secteur, autant en ce qui concerne des emplois peu spécialisés que des emplois très spécialisés. Les catégories de postes les plus affectées sont les machinistes et programmeurs ou programmeuses CNC (sur machines-outils à commande numérique) et conventionnel ainsi que les techniciens et techniciennes en entretien d’aéronefs.

Jobboom s’est intéressé à ce métier méconnu de technicien en entretien d’aéronefs. En quoi consiste-t-il?

Un technicien d’aéronef vérifie et analyse l’état et le fonctionnement des systèmes structurels, mécaniques, hydrauliques, électriques et pneumatiques de l’aéronef.

Il identifie les problèmes de fonctionnement ou de panne de ces systèmes. Il effectue aussi l’entretien de routine, monte, démonte, répare, révise, modifie, effectue le réglage, nettoie, puis remonte les pièces, les moteurs et les autres systèmes de l’aéronef selon les besoins identifiés. Il inspecte les systèmes pour certifier leur remise en service, met par écrit les tâches exécutées sur l’aéronef dans les documents appropriés. Il s’assure que son travail est exécuté conformément aux prescriptions, aux dessins techniques, aux manuels, aux politiques et procédures, aux standards de qualité, ainsi qu’aux réglementations en vigueur.

Pour exercer ce métier, les candidats devront obtenir une Attestation d’Études collégiales en Maintenance d’aéronefs (1295 heures).

Vanessa Belval nous parle de son parcours et de son quotidien comme technicienne d’aéronefs chez AAR.

« Mon nom est Vanessa Belval, j’ai 33 ans, j’ai intégré l’école en 2009 et j’ai gradué en 2011. Ça fait maintenant 10 ans que je suis chez AAR à temps plein. Je suis inspecteur approuvé par Transports Canada pour travailler sur différentes sortes d’avion.

Dans le domaine de la Maintenance, Réparations et Opérations (MRO : Maintenance, Repair, and Operations), on travaille un peu comme dans un garage d’autos. À tous les temps de cycle (un cycle se rapporte à un nombre d’atterrissage et de décollage d’avion après lesquels ils doivent entrer au garage). Lorsque les avions entrent au garage, on se fie aux cartes établies à l’échelle mondiale pour savoir où inspecter par la mécanique (que ce soit des changements de filtre, des changements d’huile, des changements de pièces). Il y a différentes sortes de check d’avions, un check étant la période durant laquelle l’avion se trouve dans nos hangars (10, 28, 40 jours…), plus on étire dans le temps, plus nous avons du travail à faire.

Ce qui est le fun c’est que nous travaillons tellement sur différents types d’avions que le travail ne se ressemble jamais. C’est tout le temps nouveau, ce n’est vraiment pas routinier comme métier! Un fois que ces réparations sont terminées, le pilote redécolle avec l’avion et un nouvel avion entre pour réparation, et on recommence ! »

D’où est venue cette envie d’exercer ce métier ?

« Quand j’étais toute jeune mon film préféré, c’était Armageddon. Depuis que je suis toute jeune, je veux aller dans l’espace. Quand je regardais le parcours des astronautes, je voyais qu’ils avaient commencé par être pilote commercial. Je me suis renseignée pour savoir par où ils avaient commencé. La majorité avaient débuté leur parcours en tant que mécanicien. Je me suis donc lancée!

En finissant le secondaire 5, je me suis inscrite au John Abbott College, dans l’Ouest de l’île de Montréal, on était une trentaine d’étudiants. Et plus les cours avançaient, plus je me rendais compte que j’aimais beaucoup ce métier. Je comprenais la complexité d’un avion. Mon intérêt a vraiment grandi au fur et à mesure des sessions. J’ai poursuivi mes études à l’École nationale d’aérotechnique à Saint Hubert. Les études de trois ans passent relativement vite. Il y a une meilleure immersion en entreprise qu’avant, tu fais un stage dans les trois années d’études c’est l’occasion pour les jeunes d’appliquer directement ce qu’ils apprennent à l’école, ils sont directement avec nous, dans nos hangars, c’est super formateur !

Quand j’ai terminé les miennes, c’était dans les années 2008/2009. L’industrie n’allait pas bien, ça m’a pris un petit bout avant de me faire engager mais je n’ai pas lâché prise, j’aimais vraiment ça et j’étais vraiment passionnée. »

Quelles sont les compétences primordiales pour être technicien d’aéronefs?

« Il faut être mécaniquement débrouillard, savoir se servir de différents outils. Il faut être très visuel. Les constructeurs d’avion nous fournissent un manuel pour nous décrire, nous expliquer le travail que l’on doit faire. C’est certain que ces explications ne sont valables que dans un monde idéal et que nous devons souvent faire preuve de bon sens pour adapter les situations que nous vivons aux explications de réparation. C’est une habilité qui se développe avec le temps mais il faut aimer se servir de son imagination, avoir envie de trouver des solutions aux problèmes. Il faut être curieux, ouvert d’esprit. Il faut être minutieux, consciencieux et avoir une bonne capacité d’analyse. Il faut comprendre le problème pour pouvoir anticiper ce qui peut arriver. Il faut aussi être travailleur d’équipe, ce que l’on fait nécessite souvent un bon niveau de confiance et en même temps, c’est important d’avoir un certain sens de leadership. Il faut être social, la communication doit bien passer, c’est essentiel! »

Quelles sont les opportunités d’évolution?

« Quand tu sors de l’école, tu es considéré comme technicien. Tu as du temps à faire en tant que technicien-mécanicien. Tu dois ensuite accumuler un certain nombre d’heures, en lien avec un cahier qui résume le type de travaux à effectuer. Lorsque tu dépasses 75% de ce cahier de travaux de Transports Canada, tu deviens admissible à certains examens. Ces examens te permettent d’obtenir une licence qui te permet d’évoluer – par exemple – vers un poste d’inspecteur.

De manière générale, plus tu deviens autonome, débrouillard et que tu réussis à te démarquer en étant rapide et minutieux, plus tu peux prendre de responsabilités. Tu peux par exemple devenir superviseur. C’est gratifiant ! Pour exemple, j’ai en ce moment 20 gars et filles à ma charge. »

Quelles sont les carrières vers lesquelles un technicien en maintenance d’aéronef pourrait facilement se transférer?

« Il y a aussi plusieurs postes en MRO accessibles, autant en santé-sécurité qu’au contrôle-qualité, qu’en administration. Il y a de nombreux postes ouverts, c’est facile de changer, il y a quand même beaucoup de postes qui se jumellent et surtout énormément d’entreprises au Québec à la recherche de nouveaux employés ! »

Sens-tu une différence de traitement dans le fait d’être une femme ?

Lorsque j’étais à John Abbott, on était une cohorte de 31 élèves et sur les 31 on était 3 filles, une qui s’en allait pilote et nous deux qui planifiions d’être mécanicienne. On a tendance à croire qu’on est pour subir certains préjugés ou être mise de côté mais pas du tout, les gars étaient comme mes grands frères, très attentifs, très intégrants. Au travail c’est la même chose, il n’y a plus de préjugés. »

Quel serait ton conseil pour des gens qui hésitent à se lancer dans le domaine du MRO ?

Ne pas lâcher, ne pas abandonner, il faut persévérer car c’est un très beau domaine !

Si tu as une soif d’apprendre, tu ne finiras jamais d’apprendre sur ces avions-là ! C’est un métier gratifiant, qui sort de l’ordinaire ! Si tu es un peu manuel, que tu as de la volonté, tu peux aller loin !

Pour en apprendre davantage sur les études pour devenir technicien de maintenance en aéronef, cliquez ici.

*Annexe – Exemples concrets d’emplois en pénurie d’ici 2023 [1]:

Nombre de postes à pourvoir indiqués en rouge

  • Technicien en entretien d’aéronefs (113)
  • Pilotes d’avion (80)
  • Mécaniciens (53)
  • Instructeurs de vol (41)
  • Pilotes d’hélicoptères (29)
  • Techniciens avioniques (25)
  • Service à la clientèle (24)
  • Technicien aérostructure (20)
  • Régulateurs de vol (12)
  • Agents de rampe (11)
  • Peintres (10)
  • Administration (7)
  • Opérateurs de drones (7)

[1] Recensement 2021-2023 des prévisions de main-d’œuvre de l’industrie, CAMAQ, Mai 2022

L'équipe Jobboom

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