Introduire les robots au travail

Intégrer au travail des robots, ou toute autre technologie qui accomplit des tâches à la place des humains, est un travail délicat. Mode d’emploi.

Quand Jean-François Houde de Cercueils Concept a annoncé à ses employés qu’un premier robot serait introduit dans l’usine, étaient-ils excités ou avaient-ils peur? «Je dirais qu’ils avaient peur d’être excités! répond le patron. C’est certain qu’ils se demandaient ce qu’allaient devenir leurs emplois.»

Dans cette PME de Saint-Édouard-de-Lotbinière, aucun poste n’a été supprimé. Les robots ont permis de hausser la qualité des produits et d’augmenter la capacité de production. Du même coup, les emplois ont été préservés.

Le tout s’est fait sans heurts, selon Jean-François Houde, puisque l’entreprise entretient de bons rapports avec ses employés. «Mais dans le cas d’un propriétaire qui aurait déjà menti à ses employés, ça pourrait être difficile d’obtenir leur confiance.»

Introduire des robots au travail à la manière de Foxconn Technology ‒ à coup de milliers dans le but de faire disparaître la main-d’œuvre ‒ n’est pas la meilleure des approches si l’on veut assurer la réussite de l’opération. Mieux vaut bien préparer le terrain.

En toute transparence

«Il faut prévoir l’échéancier avec les employés, estime George A. Bekey, spécialiste américain de l’éthique en robotique; il a connu l’arrivée des automates au début de sa carrière dans les années 1950. Tu ne peux pas faire entrer 300 robots et congédier 50 personnes du jour au lendemain.»

Les gestionnaires ont tout à gagner à prévoir l’automatisation avec les employés, qui connaissent le mieux les spécificités du travail, et à élaborer des programmes de formation. «Si les employés sont engagés dans le processus, ils se sentent moins menacés, explique M. Bekey. Les gens ont parfois l’impression d’être inférieurs à la technologie. Comme s’ils ne valaient rien! Toute leur attitude envers la compagnie et le travail peut changer lors d’une implantation.» Et devenir absolument négative.

Surtout, l’employeur se doit d’être transparent. «Il faut donner la bonne information plutôt que de laisser courir les rumeurs», assure George A. Bekey.

Il faut ensuite bien choisir l’opérateur qui s’occupera du robot. «On cible la personne qui apprend le plus vite dans les formations», explique Marc Ducharme, associé chez Axium Solutions, une entreprise qui aide les manufacturiers à automatiser leurs opérations.

À l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, on a choisi Michel Joanisse. Ce préposé aux bénéficiaires ne connaissait rien aux robots avant l’arrivée, en 2003, du robot Da Vinci au bloc opératoire. Il est aujourd’hui responsable d’installer les bras du robot avant les chirurgies et de régler les bogues. «Mon travail a changé, surtout sur le plan des responsabilités, car c’est une technologie assez précise qui demande de la vigilance.»

Quand les robots ou la nouvelle technologie intelligente arrivent, gestionnaires et travailleurs doivent s’attendre à une période d’adaptation. «Ce n’est pas facile. On a eu des problèmes au début, raconte Jean-François Houde. C’est comme apprendre à cuisiner avec un presto : au début, tu te demandes si ça va exploser, si la nourriture va coller, s’il va manquer d’eau… De la même façon, ça prend un moment pour apprendre à connaître le monde des robots.»

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