Changer de programme en cours d’études

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Après deux sessions en sciences de la nature, vous réalisez que vous n’êtes pas à la bonne place. Est-il trop tard pour changer de programme? Et comment vous assurer de faire le bon choix cette fois-ci? Des spécialistes se prononcent.

Depuis le cégep, Laetitia Poirier souhaitait devenir chercheuse en biologie. «J’aimais les expériences scientifiques et la rédaction de rapports de laboratoire», dit-elle. Elle a toutefois déchanté une fois inscrite au baccalauréat en microbiologie. «Les cours étaient beaucoup plus difficiles qu’au cégep et je n’avais pas de bons résultats. J’avais moins d’intérêt, même pour les cours en laboratoire.» Après trois sessions, une période de doute et quelques visites chez la conseillère d’orientation, l’étudiante a décidé de troquer la biologie contre la psychologie.

L’histoire de Laetitia n’est pas unique. À l’université comme au cégep, de nombreux étudiants changent ainsi de voie en cours de route. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec, en 2010, pas moins de 21,8 % des cégépiens de troisième trimestre étaient inscrits à un programme différent de celui dans lequel ils avaient amorcé leurs études collégiales.

Reconnaître les signes

Bien souvent, l’étudiant ne met qu’une ou deux sessions pour constater qu’il n’est pas dans le bon programme, note Isabelle Falardeau, conseillère d’orientation au Collège de Maisonneuve et auteure des livres Sortir de l’indécision et S’orienter malgré l’indécision – À l’usage des étudiants indécis et de leurs parents déboussolés.

«Parfois, c’est l’idée qu’il s’était faite du programme ou de ses débouchés qui ne correspond pas à la réalité, explique la conseillère. C’est le cas, par exemple, de l’étudiant qui avait choisi le DEC en réadaptation physique pour soigner des athlètes et qui constate qu’il pourrait également travailler avec des personnes âgées. L’accumulation de mauvaises notes et d’échecs, le manque de motivation ou le sentiment de ne pas avoir autant de plaisir que les autres sont aussi des signes qu’on n’est pas dans le bon programme.»

Changer ou pas?

Même si le constat est évident, la décision de changer de programme n’est pas facile à prendre pour autant. «Ça m’a pris du temps avant d’en parler à mes proches, avoue Laetitia Poirier. J’avais peur de les décevoir. C’était un échec personnel!»

S’il ne reste qu’une session à finir avant d’obtenir son diplôme, on a intérêt à terminer son programme avant d’en entreprendre un nouveau, afin de ne pas perdre le temps et l’argent investis.
— Isabelle Falardeau, conseillère d’orientation

L’appui des parents est pourtant primordial, souligne Isabelle Falardeau. «Ils doivent faire preuve d’empathie et ne pas juger leur jeune. On ne choisit pas d’être indécis et cela peut être une réelle source d’angoisse.»

Le plus important, c’est de s’accorder le temps de réfléchir et de se poser les bonnes questions, ajoute-t-elle. «Lorsque la situation survient au cégep, par exemple, il faut se demander si le problème concerne uniquement les cours spécifiques à son programme ou plutôt les cours généraux obligatoires. Dans ce dernier cas, il est peut-être préférable d’envisager un diplôme d’études professionnelles. De la même façon, si le contenu d’une formation préuniversitaire nous semble trop général, un programme technique pourrait davantage répondre à nos besoins. Dans tous les scénarios, la rédaction d’une liste des pour et des contre peut aider à clarifier notre pensée.»

Pour éviter que son dossier scolaire ne soit entaché d’échecs, Isabelle Falardeau conseille toutefois de terminer la session en cours. «Et s’il ne reste qu’une session à finir avant d’obtenir son diplôme, on a intérêt à terminer son programme avant d’en entreprendre un nouveau, afin de ne pas perdre le temps et l’argent investis», juge-t-elle.

Comment faire le bon choix?

«Quand vient le moment de choisir un nouveau programme, il est important de bien se renseigner pour voir si son contenu s’apparente à ce qu’on aime», dit Marie-Sylvie Dionne, conseillère d’orientation et auteure du livre Le défi d’orientation – Guide du parent zen.

Parler avec des gens qui pratiquent le métier visé peut nourrir la réflexion. Si on n’en connaît pas, le site Academos offre un service de cybermentorat qui permet aux jeunes de poser des questions à des travailleurs du milieu qui les intéresse. Les aides pédagogiques individuels et les conseillers d’orientation sont toutefois les intervenants les mieux placés pour guider les étudiants à travers cette période de changement.

«La psychologie m’avait toujours intéressée, relate Laetitia Poirier. Mon intérêt pour la relation d’aide est d’ailleurs ressorti dans les tests effectués avec la conseillère d’orientation. Grâce à elle, j’ai réalisé que les sciences humaines me convenaient mieux.»

Quand l’indécision persiste

Lorsqu’on ne parvient pas à choisir dans quel programme poursuivre ses études, on peut regarder ce que proposent les autres ordres d’enseignement. «Il ne faut surtout pas bouder la formation professionnelle, qui offre de belles occasions d’emploi», indique Marie-Sylvie Dionne.

Il faut garder en tête que notre futur métier ne sera pas nécessairement lié à notre formation.

Le choix d’un programme plus général ouvrant plusieurs portes est une autre option. Après avoir abandonné des baccalauréats en anthropologie et en histoire, Mélissa Godin est retournée au cégep pour y obtenir un DEC préuniversitaire en arts et lettres, option communication. «Sans savoir précisément ce que je voulais faire, j’étais attirée par ce domaine, explique-t-elle. Le programme me permettait de tout connaître du milieu.» Une fois son diplôme en poche, elle a décroché un baccalauréat par cumul en scénarisation, publicité et cinéma pour augmenter ses chances de trouver un bon emploi. Elle travaille aujourd’hui comme éditrice au contenu de la chaîne jeunesse VRAK.TV.

Garder l’esprit ouvert

Il faut aussi garder en tête que notre futur métier ne sera pas nécessairement lié à notre formation, rappelle Isabelle Falardeau. Patrice Gauthier peut en témoigner. Lorsqu’il a abandonné les sciences humaines pour s’inscrire au DEC en techniques d’intervention en loisir, il visait l’organisation d’événements, voire l’animation radio.

Depuis, ce trentenaire a mis le cap sur l’Ouest canadien, où il occupe un poste de direction au Conseil de développement économique de l’Alberta! «C’est davantage mon parcours que mon diplôme qui m’a permis d’obtenir cet emploi, dit-il. Mais ce que j’ai appris au cégep en matière d’animation d’événements me sert régulièrement lors d’assemblées, de réunions ou d’ateliers.»

Comme quoi il n’y a pas que le diplôme qui détermine notre parcours professionnel!

D’autres extraits du guide Les carrières d’avenir 2014 :

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Cet article est tiré du guide Les carrières d’avenir 2014.

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