Annick d’Auteuil, spécialiste de l’aérodynamique des sports

Photo : Conseil national de recherches Canada
Annick d’Auteuil, spécialiste de l’aérodynamique des sports
Photo : Conseil national de recherches Canada

Les athlètes de vitesse ont tout intérêt à croiser le chemin d’Annick D’Auteuil, spécialiste de l’aérodynamique des sports au Conseil national de recherches Canada (CNRC), à Ottawa. Cette chercheuse soumet les coureurs en tout genre à des tests de soufflerie pour les aider à gagner de précieux dixièmes de seconde.

Annick D’Auteuil accueille des concurrents de luge, de skeleton, de bobsleigh, de patinage de vitesse, de ski alpin, de biathlon, de ski de fond et de luge de ski. «Ça m’a toujours intéressée de comprendre comment la science peut aider la performance d’un athlète.»

Le test ultime

La soufflerie où prennent place les athlètes est une pièce de deux mètres sur trois mètres. Un fondeur peut donc s’attendre à une brise de 30 à 45 kilomètres/heure, tandis que l’athlète en bobsleigh recevra en plein visage des vents de 130 à 140 km/h, un souffle comparable à celui d’un ouragan.

«L’athlète commence par tester lui-même sa position», explique Annick D’Auteuil. Un compteur lui indique, en temps réel, la valeur de sa traînée lorsqu’il bouge. La traînée, c’est la force qui empêche un objet d’avancer dans un liquide ou un gaz. «Plus le chiffre est bas, plus l’athlète va aller vite.»

Les athlètes se prêtent aussi à des tests avec différentes pièces d’équipement (casques, manteaux, etc.), afin de trouver leur configuration optimale. Des mannequins peuvent être requis lorsqu’un test demande une parfaite immobilité pendant plusieurs minutes.

Un passage dans la soufflerie peut susciter une prise de conscience chez un olympien. Dans certains sports plus récents comme la planche à neige, la rigueur vestimentaire est plus relâchée que dans les disciplines établies comme le ski alpin ou le patinage de vitesse. Les vêtements sont plus amples, mais pas toujours au profit de l’efficacité. «Quand j’ai montré aux athlètes ce qu’ils pourraient gagner en enfilant un pantalon avec un ou deux pouces de moins en circonférence, ils ont réalisé les gains gratuits que ça représente.»

Un travail concret

Annick D’Auteuil s’est spécialisée en aérodynamique après un baccalauréat en génie physique. «Plusieurs branches du génie sont plutôt abstraites, rappelle la chercheuse. C’est des calculs, de la physique quantique, c’est Einstein et E = mc². L’aérodynamique, au contraire, c’est très concret : c’est la force de l’air sur des structures, qu’il s’agisse d’édifices ou d’athlètes. On cherche à mesurer cette force et à la contrôler à notre avantage.» D’ailleurs, la spécialiste ne travaille pas qu’avec les sportifs. Elle s’emploie aussi à diminuer la traînée des véhicules lourds.

Mais, passionnée de sport, elle s’est mise à effectuer quelques tests avec des athlètes durant sa maîtrise, avant de s’y intéresser plus sérieusement dans le cadre de son doctorat à partir de 2006. Puis, en vue des Jeux de Vancouver en 2010, elle a proposé son expertise au programme de soutien aux équipes nationales À nous le podium. Il était temps que le Canada s’y mette.

«En Allemagne, il y a des centres nationaux de recherche en aérodynamique des sports depuis des années, explique Annick D’Auteuil. L’Angleterre aussi a un centre important : c’est pour ça que ses cyclistes gagnent toujours les médailles!»

Moins de fonds, plus d’expérience

Pour les Jeux olympiques de Sotchi, le financement des tests en soufflerie a toutefois été moins important que pour ceux de Vancouver, où le Canada a battu des records en gagnant 26 médailles, dont 14 d’or.

«Le programme À nous le podium n’a pas eu autant de commanditaires et c’est normal, puisque les Jeux ne se déroulent pas au Canada. Mais beaucoup d’athlètes sont quand même venus. Puisqu’on avait déjà bâti des connaissances, les tests s’effectuaient plus rapidement.»

Dans ce dossier sur les Jeux olympiques de Sotchi :

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