La question sur les tâches préférées:
la meilleure façon d’y répondre

La question sur les tâches préférées est souvent posée pour comprendre les motivations au quotidien du candidat en entrevue.

Par rapport à un emploi, la tâche représente l’atome. C’est le plus petit dénominateur commun. C’est une façon très concrète de parler de la satisfaction au travail.
Cette question semble assez facile pour le candidat, car de prime abord, elle présente peu de pièges apparents. Le candidat parle de quelque chose qu’il connaît bien, ce qu’il fait avec un angle avantageux, en mettant en valeur ses intérêts.

Toutefois, même pour cette question qui semble inoffensive à première vue, une préparation est nécessaire.

De plus, n’oubliez pas que cette question porte sur vos préférences et non sur vos aptitudes. Beaucoup de candidats confondent les deux.

D’abord, être précis et éviter les banalités

Le défi pour cette question est de parvenir à être intéressant et pertinent, ce qui ne s’avère pas toujours le cas. La raison est que les candidats perdent beaucoup de temps à donner des réponses communes à l’ensemble des travailleurs.

Par exemple, le candidat me dit qu’il adore surtout les tâches qui le stimulent.
Mais qui n’aime pas les tâches qui le stimulent ? Cela m’amène à demander au candidat quelles sont justement ces tâches qui le stimulent.
Le candidat réfléchit et me répond : ‘Hum… bonne question… Euh… Je dirais que ce sont les tâches que je trouve intéressantes.’
J’ai l’air de caricaturer la situation, mais c’est souvent ce qui arrive réellement. Je passe alors à la prochaine question, sachant que nous tournons en rond. C’est alors une occasion ratée de vous faire connaître.

Mettez de la couleur à votre réponse

Lorsque le candidat parvient à être précis en donnant des exemples liés à des situations réelles, ça permet d’avoir un regard instructif à son sujet.

Je prends un grand plaisir à travailler avec les clients difficiles, car j’y vois là un défi  pour trouver le moyen de les satisfaire. C’est de la psychologie pure ! Par exemple, j’ai eu un client qui aimait me poser des questions pour tenter de me décontenancer et j’ai eu à réfléchir à comment changer la dynamique de cette relation. J’ai aimé devoir sortir de ma zone de confort.’

J’apprends avec une telle réponse que ce candidat aime travailler avec les gens et ne se laisse pas impressionner par les comportements hostiles. Je sais qu’il valorise de devoir s’adapter à des situations nouvelles.
La manière de parler, le choix du vocabulaire s’avèrent aussi des ingrédients d’analyse.

Les tâches régulières vs les tâches exceptionnelles

Une distinction importante se situe entre les tâches que vous faites tous les jours et celles que vous avez faits dans un cas en particulier.

Si votre travail comporte de nombreuses répétitions, l’éventail de réponses peut sembler limité.

Par exemple, vous êtes serveur dans un restaurant. À première vue, vous avez l’impression d’être restreint aux éléments suivants : prendre les commandes, servir les clients, desservir les tables ou encaisser les paiements.

Beaucoup de candidats hésitent à puiser dans les tâches exceptionnelles qu’ils doivent parfois accomplir, sous prétexte que ce ne serait pas représentatif de leur emploi du temps régulier. Si vous ressentez ce malaise, commencez votre réponse alors ainsi :

La tâche dont j’aimerais le plus vous parler ne fait pas partie de mon quotidien, mais je pense que cela va vous donner une idée de ma personnalité. J’espère que cela vous conviendra.’

Voici un exemple de tâche exceptionnelle.
Vous êtes serveur dans un restaurant et un jour, vous avez eu à remplacer le gérant durant ses vacances ou encore, vous avez organisé le party de Noël pour tous les employés.
Cette tâche fait ressortir une caractéristique qui pourrait passer inaperçue autrement et elle permet de voir un potentiel concernant votre futur emploi.

Toutefois, faites attention à ne pas avoir l’air trop enthousiaste comme si à vos yeux, le reste de vos tâches étaient d’un immense ennui en comparaison avec cet événement. C’est d’autant plus vrai si l’emploi visé ressemble à celui auquel vous faites référence.

Les tâches moins aimées

La question des tâches préférées est souvent suivie de la question inverse, soit des tâches que vous aimez le moins.

Ne dites surtout pas : ‘J’aime toutes les tâches ! Je suis une personne positive.’

Ce type de réponse m’apparaît peu crédible et s’avère surtout une perte de temps pour l’entrevue.

Il est évident que le recruteur sera obligé de rectifier (peut-être même avec un air un peu exaspéré) : ‘Tant mieux pour vous, mais je suis certain qu’il y a quand même une tâche que vous aimez un peu moins que les autres, non ?’

C’est sûr que vous prenez un risque d’être jugé négativement par votre réponse, mais le risque est plus grand de tenter d’esquiver la question. Bien entendu, vous allez éviter de nommer une tâche qui revient de manière régulière. Si vous êtes serveur, ne dites pas que vous détestez servir les clients.

Mais vous pouvez parler alors de clients en particulier (des clients arrogants, des clients qui tentent de négocier sur les prix) ou encore des situations (devoir servir plusieurs grands groupes en étant seul sur le plancher, des longues heures où il n’y a aucun client).

De plus, l’important n’est pas tant la tâche elle-même que la raison qui l’accompagne.

Par exemple, si vous dites que votre tâche est de servir plusieurs grands groupes, on pourrait croire que la raison est que vous gérez mal le stress.

Toutefois, si la raison que vous évoquez est plutôt : ‘Je trouve difficile cette situation, car j’aime soigner ma relation avec chacun de mes clients et là, j’ai moins l’occasion de le faire.’, ça peut faire ressortir un atout.

En conclusion

Si vous vous apprêtez à passer une entrevue, je vous suggère l’exercice suivant.
Pour chacun de vos emplois passés, faites une liste de vos 3 tâches préférées et de vos 3 tâches moins aimées. Ça peut s’avérer très utile, en plus d’être intéressant.

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Mathieu Guénette

Mathieu Guénette est un conseiller d’orientation à son compte de plus de 20 ans d’expérience, auteur, chargé de cours et ayant travaillé auprès d’une clientèle variée (jeunes, adultes, gestionnaires, chercheurs d’emploi). En 2017, il a obtenu à la fois le prix professionnel de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec et celui du Livre RH de l'année de l'Ordre des CRHA pour l’ouvrage Le candidat viscéral. Il offre ses services à Montréal, dans Lanaudière et à distance. Son site internet regorge de références pratiques pour vous : Les chercheurs de sens.

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