Michelin résiste à l’anglicisation

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Langue de travail

Michelin résiste à l’anglicisation

L’anglais, la langue des affaires? Pas chez Michelin, en tout cas. Chez le géant français du pneu, numéro 2 mondial, la règle est inflexible : dans les 18 pays où l’entreprise est présente, on travaille dans la langue de François Hollande. Même si seulement 10 % du chiffre d’affaires se fait depuis la mère patrie, c’est bel et bien le français que les cadres doivent maîtriser s’ils souhaitent être embauchés, qu’ils vivent au Japon, aux États-Unis ou en Inde. Pete Selleck, président de la compagnie pour l’Amérique du Nord, est venu en témoigner à l’occasion du premier Forum mondial de la langue française, qui a eu lieu en juillet dernier à Québec. Selon lui, la langue constitue le ciment de l’entreprise, car elle véhicule sa pensée, sa manière de faire. Michelin n’hésite ainsi pas à créer des écoles françaises pour ses employés et leur famille.

Au Québec, où l’érosion du français en milieu de travail revient régulièrement dans l’actualité, le studio montréalais Ubisoft partage les mêmes convictions, rapportait en mai dernier le Magazine Jobboom. Ses 2 000 employés travaillent en français à 80 %, même si la conception de jeux vidéo se fait avec des outils en anglais. Des cours de français sont aussi proposés à tous les employés non francophones. Comme quoi dans le business, on peut aussi être en affaires!

Sources : Les News, Magazine Jobboom, volume 13, no 3, mai 2012

Démographie

Garder le nord

L’époque où la pelouse des grands centres semblait plus verte que la taïga semble révolue pour les jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue, du Nord-du-Québec et de la Côte-Nord. Selon l’Institut de la statistique du Québec, ces régions nordiques «ont amélioré leur solde migratoire dans la plupart des groupes d’âge depuis le début des années 2000», car les 15-24 ans ont nettement freiné leur exode vers le sud. Des municipalités régionales de comté (MRC) ou des territoires équivalents ont même vu leur population augmenter de façon plus marquée que la moyenne québécoise de 2006 à 2011. La raison de ce revirement? L’accroissement des activités dans le secteur minier, où les investissements ont atteint un niveau record en 2010 dans les trois régions mentionnées, et la construction du complexe hydroélectrique sur la rivière Romaine.

Source : Institut de la statistique du Québec, Panorama des régions du Québec, édition 2012

Rétention du personnel

L’autel de la productivité

Comment fidéliser ses employés et leur donner le sentiment d’appartenir à une grande famille? En organisant leur mariage au sein même de l’entreprise! Le 17 février dernier, 28 couples ont ainsi défilé pour se dire oui dans la cafétéria remplie à craquer de Plantronics Mexico, une maquiladora de Tijuana qui produit des casques d’écoute. En 10 ans, 540 personnes ont uni leur destinée en ce lieu, à l’occasion de mariages collectifs qui se tiennent chaque année un jour de février. L’immense noce n’est pas trop ruineuse, puisque les musiciens sont recrutés à l’interne lors d’un concours de talents. D’autres salariés s’occupent, quant à eux, de la cuisine et de la décoration.

La compagnie ne s’arrête pas là! Ses employés peuvent aussi terminer leur secondaire, passer des examens de la vue et même renouveler leur plaque d’immatriculation sans quitter l’usine. Le patron, Alejandro Bustamante, a l’habitude de dire que «si nous résolvons des problèmes pour eux, ils en résoudront pour nous!» D’autres maquiladoras ont emboîté le pas de cette entreprise, se faisant organisatrices de mariages, de compétitions sportives, de pique-niques d’anniversaire et de concours de beauté. Des efforts appréciés dans un secteur où le salaire de départ est d’environ 800 pesos par semaine, l’équivalent de 62 dollars canadiens.

Sources : U-T San Diego, Tijuana Metropolitana

Pertes d’emploi
30 000

Il y a 20 ans cet été avait lieu la plus massive mise à pied collective de l’histoire du Canada et, par le fait même, l’une de ses plus grandes catastrophes économiques, conséquence du moratoire sur la pêche à la morue au large de Terre-Neuve. Du jour au lendemain, plus de 30 000 Terre-Neuviens ont perdu leur gagne-pain, soit presque de 10 % de la population adulte de la province.

Source : Newfoundland and Labrador Heritage

Recrutement
Faute de frappe

On aurait pu espérer que l’ère numérique allait reléguer au rang de curieuse relique l’analyse de l’écriture comme méthode de recrutement. Or, voilà que la graphologie, encore utilisée en France, quoique de plus en plus rarement, pourrait être remplacée par la «frappologie» s’il n’en tenait qu’à des chercheurs comme Christophe Rosenberger, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Ingénieurs de Caen. Cette technique permettrait en effet d’étudier la personnalité d’un individu en observant comment il manie son clavier, sa souris ou son écran tactile. Mise au point par l’agence de recherche de l’armée américaine (Defense Advanced Research Projects Agency), la méthode ne donne pour l’instant que des résultats limités, dont la reconnaissance à distance, neuf fois sur dix, du sexe d’un individu d’après l’intervalle de temps entre la frappe des touches du clavier lorsque le sujet tape un identifiant et un mot de passe. Mais cela n’empêche pas les tenants de la frappologie d’y voir un outil potentiel à ajouter à la trousse des chasseurs de talents du futur. Les adeptes de la frappe à deux doigts seront-ils pénalisés au profit des virtuoses du clavier?

Sources : Modes d’emploi, elaee.com, Cadremploi

Équité salariale
Inégal = illégal

Voilà 15 ans que la Loi sur l’équité salariale est entrée en vigueur. Pourtant, le principe du «salaire égal pour un travail équivalent» n’est toujours pas systématique dans la province, selon la présidente de la Commission de l’équité salariale, Marie Rinfret. En avril 2011, 8 000 plaintes d’employés se considérant lésés ont été reçues. Depuis, 1 300 autres se sont ajoutées à ce nombre. Le temps de la sensibilisation a assez duré, avertit Marie Rinfret. Cet automne, plus de 80 000 entreprises devront démontrer leur bonne foi en remettant à la Commission une déclaration en matière d’équité salariale pour attester qu’elles ont effectué l’évaluation des tâches de leurs employés et qu’elles combleront, le cas échéant, les écarts de salaires entre les postes à prédominance féminine et ceux à prédominance masculine. Qu’on se le tienne pour dit, la Commission a embauché 22 employés supplémentaires pour vérifier la conformité des entreprises à la loi et prévoit des amendes salées pour les délinquants : jusqu’à 60 000 $ en cas de récidive. L’employeur le plus visé? Le gouvernement du Québec.

Source : Les Affaires

Insolite
Reconnaissance zéro

On peut s’attendre à être remercié après une bonne action, mais pas comme l’ont été Debbie Stevens et Tomas Lopez. La première, une mère divorcée de Long Island, n’a pas hésité à offrir un de ses reins à sa patronne lorsque celle-ci lui a fait part de ses ennuis de santé. Faute de compatibilité, l’organe a plutôt servi à un homme du Missouri, mais il a permis à la patronne, Jackie Brucia, de remonter dans la liste d’attente et de subir une transplantation plus rapidement. La vie sauve, la gestionnaire s’est comportée d’une curieuse façon envers sa généreuse employée. Rapidement de retour au travail après la chirurgie, Debbie Stevens doit prendre congé trois jours plus tard, souffrant de complications liées à son opération. Sa supérieure, toujours en convalescence, ne l’entend pas ainsi : elle réprimande son employée et la somme de cesser d’aller et de venir à sa guise, pour ne pas laisser croire qu’elle bénéficie d’un traitement de faveur. Accablée, Debbie Stevens prend un avocat. Cela lui vaut de ne plus être payée pour ses heures supplémentaires et d’être mutée à 80 km de chez elle… Un psychiatre et deux autres avocats plus tard, la bonne Samaritaine est finalement congédiée. Aujourd’hui, elle poursuit son ex-employeur, Atlantic Automotive Group, ce qui pourrait lui valoir un dédommagement aussi généreux que son geste, ou plus…

Le second, Tomas Lopez, a aussi sauvé une vie au bon moment, mais au mauvais endroit. L’homme de 21 ans, employé de Jeff Ellis Management, une compagnie privée qui recrute les surveillants de la plage de Hallandale Beach, au sud de Fort Lauderdale, a couru plus de 500 m pour sauver un nageur en détresse. C’était trop au goût de son employeur, qui l’a congédié pour avoir quitté sa zone de surveillance. L’élan de sympathie déclenché par la médiatisation de l’histoire a valu au jeune sauveteur la possibilité d’être réembauché, offre qu’il a poliment déclinée.

Source : The New York Post, The Globe and Mail

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