Bonne nouvelle pour les finissants de 2012 : l’emploi est au rendez-vous. Encore plus pour ceux qui ont opté pour le génie informatique, le génie logiciel ou le génie électrique.
Les signaux sont clairs : les finissants de 2012 en génie sont recherchés sur le marché de l’emploi. «Pour l’ensemble de nos programmes de génie, nous avons généralement de quatre à cinq fois plus d’offres d’emploi que de finissants», dit Jean Poirier, coordonnateur du Centre des stages et d’emplois en sciences et génie de l’Université Laval.
Les perspectives professionnelles des diplômés sont tout aussi bonnes à l’École Polytechnique Montréal. «En 2011, 98 % de nos finissants se sont placés, et 2012 s’annonce aussi bien», dit Allan Doyle, ingénieur et directeur du Service des stages et du placement.
À l’Université Concordia, le Service de carrière et placement a reçu plus de 560 offres d’emploi pendant les deux premiers mois de 2012 pour les 400 finissants en génie. «Ça augure bien, puisque nous en avons affiché environ 1 500 pour toute l’année 2011», dit Rosa Cerone, conseillère en emploi.
De son côté, l’Université McGill a reçu 14 % plus d’offres de stages en génie en janvier 2012 qu’en janvier 2011, dit Darlene Hnatchuk, gestionnaire des liaisons corporatives du Centre de carrière en ingénierie. «Une indication que le marché de l’emploi prend du mieux depuis la récession de 2008-2009», analyse-t-elle.
Informatique et logiciel : l’embarras du choix
Les finissants de certaines formations sont particulièrement demandés. C’est le cas du génie informatique et du génie logiciel. À l’Université Laval, ces deux programmes comptaient, en 2012, une trentaine de finissants au total à qui étaient destinées… plus de 1 000 offres d’emploi! «La demande devrait augmenter encore au cours des prochaines années parce que de plus en plus d’organisations s’informatisent», dit Jean Poirier.
La situation est semblable dans les autres établissements d’enseignement. À l’Université de Sherbrooke, par exemple, la vingtaine de finissants en génie informatique de décembre 2011 a pu consulter près de 400 offres d’emploi. L’École de technologie supérieure (ÉTS), quant à elle, a affiché environ 600 postes pour les 135 finissants de 2012 en génie logiciel et en génie des technologies de l’information.
La stabilité du génie industriel
Le génie industriel est une autre valeur sûre. «À Polytechnique, c’est le programme où la demande a été la plus stable au cours des cinq dernières années», dit Allan Doyle. Les ingénieurs industriels sont recherchés parce qu’ils rendent les entreprises plus productives. La demande est d’autant plus forte qu’ils sont désormais embauchés dans des secteurs moins traditionnels, comme celui de la santé.
Le génie de la production automatisée, offert uniquement à l’ÉTS, est également populaire auprès des employeurs. «En 2012, 75 étudiants ont terminé le programme et nous avons affiché près de 400 offres d’emploi à leur intention», dit Pierre Rivet, ingénieur et directeur du Service de l’enseignement coopératif. Ces finissants sont prisés pour leurs connaissances de base en génie électrique, en génie mécanique et en génie informatique, qui les rendent très polyvalents.
Les finissants en génie alimentaire de l’Université Laval ont également la faveur des employeurs. «En 2012, nos 14 finissants ont pu consulter une cinquantaine d’offres d’emploi, dit Jean Poirier. Ce secteur est très stable, puisque les gens auront toujours besoin de manger.»
Le génie chimique offre aussi de bonnes perspectives. «Entre mars 2011 et mars 2012, nous avons reçu 27 offres d’emploi pour nos 7 finissants qui terminaient en mai 2012, indique Marie-Ève Perron, responsable du Service d’aide à l’emploi à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Les normes environnementales deviennent plus sévères, ce qui crée des ouvertures pour ces finissants qui sont très peu nombreux.»
D’autres secteurs en hausse
Les finissants dans les programmes plus traditionnels – comme le génie civil, le génie mécanique, le génie électrique et le génie minier – ne sont pas en reste. «En 2012, nos 60 finissants en génie électrique et nos 75 finissants en génie mécanique se sont bien placés, dit Allan Doyle. Les trois ou quatre dernières années ont été plus difficiles, mais le marché reprend du mieux, notamment grâce au secteur aéronautique.» Cette reprise demeure toutefois fragile. Le secteur reçoit des bonnes nouvelles, par exemple l’ouverture du centre aéronautique de Pratt & Whitney, à Mirabel, et des moins bonnes comme la fermeture de la firme de maintenance et de réparation d’aéronefs Aveos. Et le placement des finissants de Polytechnique dépend en partie des ventes des appareils de la CSeries de Bombardier. «Si elles ne décollent pas comme prévu, cela pourrait changer la donne au cours des prochaines années», dit Allan Doyle.
À l’ÉTS, la demande de finissants en génie électrique est stimulée, entre autres, par les télécommunications et l’intérêt des entreprises pour la commande industrielle. L’École a affiché près de 500 postes pour ses quelque 100 diplômés en 2012. Du côté du génie mécanique, les diplômés trouvent aussi facilement du travail, «d’autant plus que le nombre de finissants a diminué depuis 2008», dit Pierre Rivet.
«Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, plusieurs projets stimulent la demande pour notre quarantaine de finissants de 2012 en génie mécanique, en génie électrique et en génie civil, dit Daniel Audet, ing., directeur du module d’ingénierie à l’Université du Québec à Chicoutimi [UQAC]. Par exemple, Rio Tinto Alcan construit une nouvelle usine à Jonquière tandis que la mine Niobec de la firme IAMGOLD s’agrandit.»
Les 80 milliards de dollars d’investissements attendus dans le cadre du Plan Nord vont aussi favoriser l’embauche d’ingénieurs miniers. «La demande est forte pour nos diplômés en génie des mines et en génie géologique, dit Allan Doyle. Par contre, c’est une industrie cyclique; il est difficile de savoir combien de temps ça va durer.»
Génie civil : surchauffe en vue?
Le Plan Nord va aussi engendrer de la demande pour d’autres types d’ingénieurs. «S’il démarre comme prévu, il donnera un nouvel élan au génie civil dans trois ou quatre ans», estime Gérard Lachiver, ing., doyen de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke.
Cela dit, les admissions en génie civil ont presque doublé au cours des 10 dernières années à l’Université de Sherbrooke, passant d’environ 90 en 2001 à près de 180 en 2011. «Cela pourrait entraîner un important surplus de travailleurs, un peu comme dans les années 1980 quand, avec la fin des travaux hydroélectriques à la Baie-James, les ingénieurs civils ont soudainement été trop nombreux pour les emplois disponibles», explique-t-il. «On peut se demander ce qui adviendra de la demande en génie civil quand l’argent du Plan québécois des infrastructures sera épuisé», renchérit Jean Poirier. Ce plan prévoyait des investissements de près de 44,18 milliards de dollars entre 2011 et 2016 dans les routes, les ponts, les hôpitaux et les écoles du Québec.
Pierre Rivet, ÉTS
Pour l’instant, la demande se maintient, stimulée entre autres par des projets comme la construction d’un nouveau pont Champlain et la réfection du complexe Turcot, sur le point de débuter. À l’Université Laval, les 82 finissants de 2012 en génie civil se sont partagé 270 offres d’emploi. À l’École Polytechnique, par contre, «les quelque 90 finissants de ce programme correspondent à peu près au nombre d’offres d’emploi reçues», indique Allan Doyle.
Tous ces grands travaux prévus ou en cours favorisent aussi les diplômés en génie agroenvironnemental. «Les projets d’infrastructures nécessitent tous des études environnementales», rappelle Jean Poirier. En 2012, les 4 finissants du programme de l’Université Laval ont pu consulter près de 60 offres d’emploi.
Un avenir prometteur
Dans l’ensemble, les prochaines années seront bonnes pour les finissants en génie, selon Pierre Rivet. D’ici 2015 ou 2016, il s’attend à avoir à peu près 100 diplômés de plus par année qu’aujourd’hui, soit environ 850. «J’ai bon espoir de pouvoir tous les placer dans les trois stages obligatoires, puis en emploi», dit-il.
Même son de cloche du côté de l’UQAC. «Nos diplômés en génie devraient continuer à bien se placer au cours des deux à trois prochaines années, notamment parce que l’économie semble reprendre aux États-Unis, ce qui va dynamiser l’économie d’ici», dit Daniel Audet. De son côté, Darlene Hnatchuk prévoit une stabilisation de la demande pour les nouveaux diplômés. Dans tous les cas, l’avenir devrait sourire aux futurs diplômés.
Manque de candidats a l’emploi en genie forestier
Malgré la morosité du secteur forestier, les futurs ingénieurs forestiers sont des candidats recherchés. «En 2012, le Département des sciences du bois et de la forêt a affiché plus de 60 offres d’emploi pour seulement 2 finissants en génie du bois», rapporte Marjorie Guay, conseillère stages et emplois à l’Université Laval.
La demande provient notamment des entreprises qui, en vue de renouer avec la rentabilité, créent des produits novateurs à base de bois, comme des structures d’ingénierie préfabriquées ou des tissus synthétiques.
Les formations en aménagement et environnement forestiers et en opérations forestières mènent aussi au titre d’ingénieur forestier. Et les finissants de ces programmes sont tout aussi recherchés. «L’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec a perdu près de 300 membres depuis 2006, principalement à cause des départs à la retraite, alors que nous recevons une vingtaine d’offres d’emploi par mois», indique François-Hugues Bernier, ing.f., directeur des communications et de la foresterie de l’Ordre. Cette effervescence s’explique notamment par l’entrée en vigueur de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, annoncée pour 2013. «En prévision, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune procède dès maintenant à des embauches», indique François-Hugues Bernier.
Cet article est tiré du guide
Les carrières de l’ingénierie 2013