3 indices pour détecter un futur patron difficile dès l’entrevue

Plusieurs employés diront que s’ils avaient pu connaître à l’avance la véritable personnalité de leur patron, jamais ils n’auraient accepté leur poste.

Oui, vous pouvez toujours démissionner, c’est vrai. Mais si vous pouviez vous éviter de tels ennuis, ne serait-ce pas préférable?

Dans une entrevue d’embauche, tout le monde cherche à se montrer sous son meilleur jour, autant le patron que le candidat.

Il faut donc vous montrer habile pour lire entre les lignes et imaginer à quoi risque de ressembler votre relation future avec votre patron. Voici quelques indices pour vous aider.

1- Observez l’attitude du patron lors de l’entrevue

Bien entendu, si vous passez l’entrevue avec un recruteur qui n’est pas destiné à devenir votre patron, il vous sera peu utile d’analyser la personnalité de celui qui vous pose les questions.

Pour cette raison, avant d’accepter une proposition d’emploi, il est primordial au bénéfice de tous que vous puissiez rencontrer votre futur supérieur immédiat.

Ne cherchez surtout pas à réaliser un diagnostic psychiatrique en profondeur d’une personnalité. Ce n’est pas le moment et il faut se montrer très prudent avec les termes reliés à la psychologie. Néanmoins, tentez d’observer certains traits.

Voici quelques liens que vous pouvez tenter de faire avec des traits associés à des troubles de personnalité (les exemples sont caricaturaux pour rendre le tout plus évident) :

Des traits paranoïaques : Le patron investigue à fond et sans raison apparente certains de vos propos. Il laisse entendre qu’il a fait une analyse approfondie de votre profil Facebook. Il remet en question des éléments de votre CV.

« Vous dites que vous avez obtenu une maîtrise. Qu’est-ce qui me prouve que c’est vrai ? »

Des traits narcissiques : Le patron aime parler avec fierté de ses propres réalisations et il a besoin de se faire admirer plutôt que de prendre le temps de vous écouter durant l’entrevue.

« Vous avez supervisé des équipes de 5 personnes, mais moi, j’ai déjà eu à ma charge jusqu’à 20 personnes, vous savez? J’étais le plus performant de tous. »

Des traits d’une personnalité limite (borderline) : Le patron se montre expressif autant dans la joie, la peur que la colère. Il exprime rapidement des attentes élevées à votre égard.

« Wow! Ça va être tellement GÉNIAL de travailler ensemble! Mais j’espère que tu es un employé fidèle, car moi, les gens qui abandonnent en cours de route, ça me TUE! »

Des traits d’une personnalité histrionique : Le patron est en mode séduction et il se montre vite familier. Il vous fait des compliments grandiloquents à partir de peu d’éléments. Il passe d’un sujet à l’autre, éprouvant de la difficulté à rester concentré sur un seul aspect.

« Toi, tu me fais tellement penser à mon frère. Avec lui, je faisais des voyages de pêche. Tu aimes la pêche, hein? »

Des traits d’une personnalité obsessionnelle : Le patron porte une attention soutenue sur des détails qui vous apparaissent anodins. Il ne semble pas gérer le temps efficacement lors de l’entrevue.

« …En 1997, vous dites dans votre CV que vous avez fait un stage. À quelle date exactement votre stage a pris fin? Oh zut! L’heure de notre entrevue est déjà terminée et je ne suis rendu qu’à la première partie. »

Des traits d’une personnalité de type A (maniaque du boulot) : Le patron semble pressé et il prend des appels durant l’entrevue. Il vous met déjà de la pression sur l’atteinte d’objectifs. Il pose peu de questions pour approfondir vos propos :

« En gros, si vous aviez à résumer votre candidature en deux ou trois mots, vous diriez quoi? Euh… Pourriez-vous l’écrire à la place sur cette feuille? Je suis désolé, mais mon téléphone sonne. »

En gros, fiez-vous surtout à vos premières impressions et tentez de valider si votre intuition repose sur des éléments tangibles.

2- Prenez en compte le contexte

J’ai déjà obtenu un poste dans une petite entreprise où, à l’exception de la patronne, tout le personnel devait être remplacé en même temps pour aucune raison particulière (soit 3 personnes).

Dans ma tête, je m’étais vraiment dit que ça ressemblait à une prémisse à un bon film d’horreur. Je m’étais même imaginé une bande-annonce à ce film avec la voix terrifiante d’un narrateur : « De cette ancienne équipe, pas un seul n’a survécu. Mais qu’est-ce qui a bien pu tous leur arriver? Où sont maintenant passés les corps? »

J’aurais dû mieux interpréter cette information, car ce fut l’enfer pour moi et mes collègues nouvellement embauchés. Nous sommes tous partis à quelques semaines d’intervalle.

Un roulement de personnel très élevé n’est souvent pas dû à une simple coïncidence.

Si tout le monde est en congé de maladie dans cette entreprise, il y a peut-être aussi anguille sous roche.

3- Explorez ce qui se cache derrière les discours très formatés

Beaucoup d’entreprises se vantent de mettre la priorité sur l’humain et d’être bienveillantes.

Il existe même une terminologie (Happy Washing) pour ces entreprises qui cherchent à se donner belle apparence sans se donner vraiment la peine d’incarner les valeurs qu’elles prêchent.

Il y a une époque où je me sentais scandalisé par ce phénomène. Aujourd’hui, je comprends qu’avec la pénurie de main-d’œuvre, il est de plus en plus question de marque employeur et de marketing RH, ce qui amène certains employeurs à trop enrober.

Il vous appartient donc de poser des questions précises pour estimer si les affirmations reposent sur du concret.

« Quand vous dites que le bonheur des employés est votre principale priorité, je trouve vos propos très inspirants. Avez-vous deux ou trois exemples à me donner? »

En conclusion

Il existe des ressources comme le site web Glassdoor qui permet de consulter des évaluations d’entreprises sur le climat faites par des employés. Vous pouvez aussi repérer dans votre réseau des personnes connaissant ce fameux patron.

Toutefois, comme dans tout, il faut savoir en prendre et en laisser. Attention à l’employé frustré cherchant à se venger.

N’oubliez pas qu’un mauvais patron pour un employé n’est pas toujours forcément un mauvais patron pour tous. Il y a aussi des questions de préférence.

Si vous avez envie de lire d’autres contenus en lien avec les troubles de la personnalité au travail, je vous invite à visiter ma page Facebook « Les personnalités difficiles« .

Par Mathieu Guénette, Conseiller d’orientation, « Les Chercheurs de sens ».

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Mathieu Guénette

Mathieu Guénette est un conseiller d’orientation à son compte de plus de 20 ans d’expérience, auteur, chargé de cours et ayant travaillé auprès d’une clientèle variée (jeunes, adultes, gestionnaires, chercheurs d’emploi). En 2017, il a obtenu à la fois le prix professionnel de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec et celui du Livre RH de l'année de l'Ordre des CRHA pour l’ouvrage Le candidat viscéral. Il offre ses services à Montréal, dans Lanaudière et à distance. Son site internet regorge de références pratiques pour vous : Les chercheurs de sens.

2 Commentaires

  • Maurice Lapointe
    13 septembre 2018 16:01

    très bon commentaires sur les Patrons ,

    souvent nous n’osons pas défier ce qu’il nous dise et les croyons sans l’ombre d’un doute …..surtout avec le recul que je vis présentement , je suis encore plus préparé à rencontré un autres Patron .

    Merci beaucoup et bonne continuité .

    • Mathieu Guénette
      15 septembre 2018 15:54

      Merci beaucoup Maurice. Tout à fait d’accord pour qu’on arrête d’aduler les patrons. Selon moi, le meilleur patron est justement celui qui sait qu’il n’a pas toujours raison et qui encourage même son personnel à le remettre en question.

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