Trois solutions concrètes pour désengorger le réseau routier

Photo : pio3 / Shutterstock.com
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Oubliez les leçons à saveur environnementale. Il faut des solutions concrètes pour convaincre les automobilistes de désencombrer les routes. En voici quelques-unes.

1 > Éliminer le déficit des sociétés de transport en commun par une taxe sur l’essence

Dire qu’il manque de concertation entre les 86 maires de la région métropolitaine est un euphémisme. Au printemps dernier, les maires de Montréal, Laval et Longueuil en sont presque venus aux poings – c’est une figure de style! – lorsqu’ils essayaient de déterminer le droit de passage des stations de métro en banlieue.

«Toutes les sociétés de transport sont déficitaires, et ce sont les villes qui assument les pertes», explique Florence Junca-Adenot, professeure d’urbanisme à l’Université du Québec à Montréal et ancienne présidente-directrice générale de l’Agence métropolitaine de transport (AMT). «Lorsqu’ils doivent partager la facture, les maires essaient d’en payer le moins possible pour ne pas plomber davantage leur budget. Si les sociétés de transport en commun étaient en surplus, les maires seraient beaucoup plus enclins à collaborer pour augmenter leur offre.» Et les automobilistes adopteraient plus volontiers les transports en commun, qui sont pour l’instant, eux aussi, congestionnés.

Pour Florence Junca-Adenot, augmenter la taxe sur l’essence serait la meilleure façon d’y parvenir. «À Montréal, la taxe n’est que de deux cents le litre; à Vancouver, elle est de douze cents, affirme-t-elle. Nous avons la marge de manœuvre pour l’augmenter.»

2 > Revitaliser les quartiers montréalais

Les parents de jeunes enfants ne quittent pas Montréal par amour pour la congestion routière et pour les centres commerciaux, mais bien parce qu’ils n’imaginent pas trouver un endroit qui leur convient dans la métropole. Le coût des maisons individuelles à Montréal est très élevé : 384 00 dollars en moyenne, contre 225 000 dans la couronne nord, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

De plus, Montréal compte plusieurs zones peu attrayantes pour les familles. «Les environs de près de la moitié des stations de métro ne sont pas accueillants, déplore Florence Junca-Adenot. Allez près de la station Rosemont, c’est un no man’s land. Il faut revitaliser ces endroits en y créant un milieu de vie agréable et en y installant des entreprises.»

3 > Augmenter la capacité routière

Cette solution est très critiquée par les écologistes, même que certains recommandent de réduire la capacité routière pour décourager les automobilistes endurcis. C’est malgré tout l’une des avenues que Québec a choisies en prolongeant les autoroutes 25 et 30, projets annoncés à la fin des années 2005 et 2006, respectivement. Et juste avant les vacances estivales, le gouvernement a donné le feu vert au parachèvement de l’autoroute 19 entre le parc industriel de Bois-des-Filion, au nord de la 640, et le boulevard Dagenais, à Laval.

Paul Larocque, maire de Bois-des-Filion et ardent défenseur du projet, croit que cela permettra d’atteindre un des objectifs des adeptes du développement durable : augmenter l’offre de transport en commun. L’aménagement prévoit en effet une voie réservée aux autobus dans chaque direction, établissant une liaison express entre la couronne nord et le métro de Laval.

«Le transport en commun alors sera beaucoup plus attrayant et efficace et je suis convaincu que les résidents de la couronne nord seront nombreux à utiliser les autobus express», affirme le maire.

Les militants anti-routes peuvent se consoler en se disant qu’il s’agit probablement du dernier chantier de ce genre. «L’espace nécessaire pour augmenter la capacité routière à Montréal est rare, car plusieurs artères sont bordées d’habitations, ce qui limite notre capacité de les élargir», explique Pierre Tremblay, ingénieur au ministère des Transports du Québec.

Raison de plus pour se procurer une carte mensuelle.

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