Québec : SOS cure de jouvence!

Le maire de Québec ne cesse de le répéter : sa ville est la deuxième plus âgée au Canada, après Victoria en Colombie-Britannique. Rajeunir la Vieille Capitale n’est donc pas qu’une question d’image… c’est un enjeu économique.

Le maire Régis Labeaume le clame sur plusieurs tribunes : «Une ville qui vieillit s’appauvrit.» Il est à la recherche de consommateurs pour stimuler l’économie régionale et vise les jeunes familles.

Les données démographiques concernant la Capitale-Nationale sont en effet préoccupantes. Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), d’ici 2031, la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus doublera dans la région, passant d’une représentation de 16 % à 29 %. Au même moment, ce groupe d’âge ne constituera que 21,3 % de la population à Montréal, 22,7 % à Laval et 13,7 % dans le Nord-du-Québec(1)!

Pendant ce temps, la tranche des 0-19 ans qui représente environ 19 % de la population de la Capitale-Nationale, sous la moyenne québécoise de 21,7 %, perdra des plumes. Et vers 2015, les personnes âgées de 65 ans et plus deviendront plus nombreuses que les jeunes de moins de 20 ans dans la région. L’écart ne cessera de se creuser par la suite.

Pourquoi plus de cheveux blancs?

Selon Chantal Girard, démographe à l’ISQ, ce vieillissement plus soutenu s’explique par divers facteurs. «L’indice de fécondité de la Capitale-Nationale est le plus bas de la province depuis plusieurs années [1,6 enfant par femme en 2006, comparativement à 1,7 pour l’ensemble du Québec]. Si on compare avec la moyenne québécoise, on y trouve aussi un peu moins de jeunes et un peu plus de personnes dans la cinquantaine», souligne-t-elle.

De plus, le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans ne cesse de baisser dans la Capitale-Nationale, signale d’ailleurs Martine Roy, économiste à Emploi-Québec. «On en comptait 86 445 en 1996; 82 220 en 2006, et ils ne seront plus que 76 257 en 2016.»

Le faible taux d’immigration dans la Capitale-Nationale fournit une autre piste d’explication. Les immigrants contribuent généralement à abaisser l’âge moyen d’une population, du fait qu’ils sont relativement jeunes. À titre d’exemple, près de la moitié des immigrants dans la région métropolitaine de Québec étaient âgés de 25 à 44 ans en 2006. Mais selon l’ISQ, la Capitale-Nationale n’a accueilli que 2 364 nouveaux arrivants en 2008-2009, pendant que 33 000 immigrants s’établissaient à Montréal(2).

Travailleurs recherchés

Ce profil démographique a des répercussions faciles à imaginer sur le marché de l’emploi. Luc Paradis, président de la Chambre de commerce de Québec, lance un cri d’alarme. «Nous sommes actuellement en situation de plein emploi. Or, on manque cruellement de main-d’œuvre qualifiée, les entreprises ne cessent de s’en plaindre!» Car avec un taux de chômage de 4,1 % au troisième trimestre 2010, comparativement à une moyenne québécoise de 7,7 %, la Capitale-Nationale a grand besoin de dénicher des travailleurs pour poursuivre sa croissance.

Et les besoins vont en grandissant, car Emploi-Québec anticipe 50 000 départs à la retraite d’ici 2013. Les effets du vieillissement se font déjà sentir. «Une enquête menée en 2010 auprès des principaux entrepreneurs de la région a révélé que la rareté de la main-d’œuvre était un enjeu majeur», fait valoir Line Lagacé, vice-présidente soutien à la croissance des entreprises pour l’agence de développement économique Québec International. Plus de 63 % des 200 répondants ont mentionné avoir de la difficulté à recruter du personnel, une hausse de 13,3 % par rapport à 2009.

«Le commerce de détail, la restauration et l’hébergement sont les premiers affectés par la situation démographique, observe de son côté Martine Roy. Ces secteurs embauchent traditionnellement beaucoup de jeunes, mais les 15-24 ans manquent au rendez-vous.»