Indignez-vous, qu’il disait

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Sans trop m’en rendre compte, j’ai encore choisi, pour une deuxième chronique consécutive, un bouquin avec le terme «philosophie» dans le titre. Signe des temps? Cette semaine donc, c’est Ma philosophie de Stéphane Hessel qui a retenu mon attention.

Est-ce que le nom de Stéphane Hessel vous dit quelque chose? Vous connaissez sans doute davantage son bouquin dont le titre est devenu un slogan : Indignez-vous!

M. Hessel n’est malheureusement plus des nôtres mais il aura laissé bien des réflexions nous aidant à mieux affronter la vie politique. Surtout du point du vue militant.

Cette publication posthume regroupe un court entretien où l’écrivain dévoile sa philosophie à Nicolas Truong en parlant bien sûr de son parcours n’ayant rien de singulier. M. Hessel fut déporté dans des camps de concentration au cours de la Deuxième Guerre Mondiale.

Si les préoccupations de Stéphane Hessel semblent avant tout cimentées dans l’engagement politique, jamais le nonagénaire n’a négligé l’importance du verbe, voire de l’esthétique, même au cours de ses années les plus difficiles : «La poésie nous permet de passer d’une réflexion sur la matière à une méditation sur l’imaginaire.»

En deuxième partie du bouquin, Nicolas Truong ajoute le sociologue Edgar Morin à la conversation. Nous avons droit à un échange de haute voltige car chacun de deux nonagénaires y va de diverses considérations sur le monde moderne.

Malgré les épreuves de leurs parcours, l’espoir se révèle comme un acte de résistance chez Hessel : «Il faut avoir confiance et patience : les problèmes ne sont pas plus graves aujourd’hui qu’ils l’étaient dans notre jeunesse et, l’expérience l’a montré, ils ne sont pas insurmontables.»

Pour sa part, Edgar Morin, sur le sujet de la mondialisation, apporte des nuances indispensables : «il faut maintenir la mondialisation dans le sens où elle établit la solidarité des peuples, mais il faut aussi préserver le local et le régional contre l’emprise des multinationales.»

Hessel s’exprime aussi sur l’industrialisation de la culture par la voie des consortiums médiatiques courants : «On ne cherche plus guère à éduquer le public ni à élever son esprit, mais à flatter ses goûts supposés.» Car, même à 93 ans, Hessel veut encore qu’on l’étonne : «Il faut être ouvert à l’invention de nouvelles formes artistiques. Sinon, la vie culturelle oscillera entre un art – même vivant – embaumé et un consumérisme effréné.»

Avertissement: lire ces deux intellectuels humbles redonne espoir et confiance en l’Histoire. Sans fatalité aucune.

Ma philosophie

Ma philosophie
par Stéphane Hessel
Éditeur : De l’aube

ISBN : 9782815908283