Faire le bilan de sa vie professionnelle à l’heure du mitan

Certains vont l’appeler la crise de la quarantaine ou de la cinquantaine : cette période du mitan qui survient dans le développement d’une personne entre 40 et 60 ans. Cette période est souvent riche en introspection et représente un moment propice pour faire le point sur la trajectoire que prend sa vie sur divers aspects, et ce, notamment sur le plan professionnel.

Des décisions, désirées ou non, doivent parfois être prises en raison des changements qui surviennent sur le plan de la santé cognitive, de la santé physique ou alors de la santé mentale. En effet, cela peut survenir après l’annonce d’un diagnostic, le développement d’une condition de santé physique ou cognitive, des difficultés au niveau de sa santé mentale, ainsi que les aléas prévisibles ou non de la vie, mais toujours redoutés (baisse d’énergie, difficultés d’attention soutenue ou de concentration, endurance physique diminuée). Ces changements peuvent constituer un bon catalyseur pour aller chercher la motivation nécessaire à faire un bilan qui servira à réévaluer nos valeurs et nos priorités pour les années à venir.

À l’heure actuelle, bon nombre d’adultes rencontrés dans le cadre d’une démarche de réorientation ou de réadaptation professionnelle expriment le désir de s’écouter davantage, de prendre soin de soi et de s’investir dans des actions cohérentes avec leurs valeurs à la suite d’événements significatifs lors du mitan. Cependant, il est loin d’être évident de faire un changement à 180 degrés sans considérer un bon nombre de facteurs. Nos conditions de vie, nos limites, nos exigences, ainsi que nos responsabilités forment un véritable casse-tête : condition de santé, rêves et projets, rythme de vie et engagements financiers, personnes à charge, ancienneté, expertise professionnelle, etc.

Voici un exemple pour illustrer les complexités d’un tel exercice :

Madame P. n’a plus l’énergie qu’elle avait : infirmière aux soins intensifs depuis plus de vingt ans, elle a toujours eu le sentiment que son métier était sa vocation et elle en était très fière. Après avoir vécu un accident traumatique au travail ainsi qu’un épuisement professionnel, Madame P. a vécu des difficultés d’adaptation à sa nouvelle réalité. Elle s’est donc beaucoup remise en question au niveau de son identité professionnelle et vivait un sentiment de honte et d’échec. En prenant le temps d’évaluer sa nouvelle réalité, elle a réalisé que non seulement elle ne pouvait plus travailler dans un métier aussi physique, mais aussi qu’elle n’avait plus suffisamment l’énergie cognitive pour s’investir à temps plein dans sa tâche. Madame P. réalise aussi vouloir se rapprocher de ses valeurs, commencer à ralentir et s’investir dans des activités à l’extérieur du travail qui lui amèneront un sentiment d’accomplissement personnel. Touchée par les besoins de la population vieillissante et des défis rencontrés par leur entourage, elle entrevoit utiliser son expertise dans le domaine de la santé afin d’animer des formations permettant d’offrir des ressources au personnel soignant et aux proches-aidants au niveau des soins favorisant leur mieux-être. Elle réfléchit aussi à la possibilité d’être dame de compagnie en tant que bénévole.

Ainsi, dans ce type de situation, un bon point de départ serait de prendre le temps de se pencher sur les véritables sources et causes de de la problématique vécue afin d’identifier des pistes de réflexion. Se donner le temps de se questionner sur le plan identitaire, en parler autour de soi à des amis et prendre le temps de consulter des professionnels peut être bénéfique afin de mieux comprendre l’enjeu vécu et cibler des pistes d’action.

Nous recommandons de prendre le temps de définir nos sources de fierté ainsi que nos accomplissements, nos valeurs, nos intérêts, nos aptitudes et ce dont nous avons besoin afin de redéfinir une identité cohérente sur le plan professionnel. Ainsi arrive l’importance de bien évaluer les impacts, les risques et les avantages quand vient le temps d’effectuer un changement sur le plan de notre carrière. Il est donc bénéfique de prendre le temps de s’arrêter afin d’évaluer ce qui nous énergise mais aussi ce qui nous épuise au travail. Cela permet ainsi d’être davantage conscient de ce que nous voulons garder, éliminer ou alors ajouter pour favoriser un plus grand mieux-être.

En termes d’exploration des pistes d’action à entreprendre, demandons-nous si la solution à l’insatisfaction se trouve que dans un changement sur le plan professionnel, et spécifiquement dans le cadre d’un emploi rémunérateur ? De nombreuses pistes et compromis peuvent être évalués en parallèle à l’emploi rémunérateur occupé (passe-temps, bénévolat, projet personnel, siéger sur un CA, mentorat, entrepreneuriat, etc.) ou au sein même de l’emploi (modification des tâches et responsabilités, changement d’horaire et d’heures travaillées, etc.).

Finalement, rappelons-nous qu’après réflexion il est tout autant valide de choisir de maintenir la situation telle qu’elle l’est que d’entamer un changement. Même si un changement peut être un synonyme d’espoir, il demeure que ces questionnements sont empreints de facteurs de réalité à considérer qui peuvent rendre la situation complexe. Rappelons-nous que l’accompagnement d’un.e professionnel.le, tel qu’un.e conseiller.ère d’orientation peut être particulièrement bénéfique dans ce type de situation.

Écrit par Charlie Hébert et Catherine Roquet

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