Abitibi-Témiscamingue

Malgré les difficultés du secteur forestier, la région de l’Abitibi-Témiscamingue est devenue la championne de la croissance au Québec, grâce aux investissements des sociétés minières. Le plein emploi a cependant son revers, puisque des entreprises perdent des contrats à cause du manque de main-d’œuvre.

LES PERSPECTIVES

«En Abitibi-Témiscamingue, la pénurie de main-d’œuvre est telle que même des entreprises du secteur tertiaire se font marauder leurs meilleurs employés! Les compagnies minières ont en effet besoin de cette expertise rapidement afin de mener à bien leurs activités courantes. Cela peut aller du poseur de pneus au technicien en électromécanique», signale Sandra Lafleur, directrice du bureau d’affaires Abitibi-Témiscamingue de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.

En effet, les minières font tourner l’économie locale à plein régime depuis le boum minier amorcé en 2008. En 2010, les compagnies minières ont dépensé dans la région 1,1 milliard de dollars, soit 45 % du total investi au Québec. Un investissement record qui sera probablement dépassé en 2011, d’après les calculs de l’Institut de la statistique du Québec.

Résultat : l’Abitibi-Témiscamingue a affiché en 2010 la croissance la plus élevée des 17 régions du Québec, avec une progression de 6,7 % du produit intérieur brut par rapport à 4,4 % pour l’ensemble du Québec. Cette effervescence a toutefois son revers : les difficultés de recrutement. Selon une enquête d’Emploi-Québec réalisée en avril 2010, ces difficultés touchent un établissement sur quatre. Parmi les entreprises et organismes qui ne trouvent pas les candidats recherchés, un sur cinq affirme avoir perdu des contrats. Et pour près de 7 % de ceux qui ne trouvent pas, c’est soit la fermeture pure et simple, soit le déménagement d’au moins une partie de leurs activités.

À en donner le vertige

«Le boum minier a mis toute la région à contribution. Les minières, les firmes de génie-conseil et les compagnies d’exploration et de forage ont besoin de foreurs, de géologues, d’ingénieurs, d’équipements, ainsi que de produits et services dans les domaines de la construction et du transport», souligne Ann Brunet Beaudry, économiste régionale à Emploi-Québec.

À l’heure actuelle, le territoire compte neuf mines en exploitation. La dernière en date, celle d’Osisko, à Malartic, est entrée en production en mai 2011 après l’investissement de un milliard de dollars. Et c’est loin d’être terminé, puisque près de 150 projets d’exploration ont actuellement cours sur le territoire. Certains de ces projets se concrétiseront bientôt, avec création d’emplois et investissements à la clé. D’une valeur de 332 millions de dollars, le projet Westwood de la compagnie IAMGOLD, à Preissac, devrait créer 500 emplois d’ici la fin de 2011. Le projet Dubuisson de Wesdome entrera en exploitation à la fin de 2012, générant quelque 200 postes. Canada Lithium créera 250 emplois pour l’aménagement d’une mine de lithium à La Corne, près d’Amos, et la construction d’une usine de carbonate de lithium, une substance qui entre dans la fabrication des batteries électriques pour les véhicules routiers. Les investissements sont de 200 millions de ­dollars. La production démarrera en 2013.

Fin de la chute?

Entamée en 2006, la chute de l’exploitation forestière pourrait toutefois ralentir. Ainsi, Tembec injectera six millions de dollars pour moderniser son usine de sciage de Béarn. La compagnie a aussi relancé, en août, les opérations de ses usines de sciage de La Sarre et de Senneterre. Plus au sud, à Témiscaming, Tembec dit réfléchir à un projet de modernisation de 175 millions de dollars de son usine de pâtes et de celluloses. 10/11

LES TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES

L’Abitibi-Témiscamingue est la seule région éloignée du Québec dont la population a augmenté au cours des cinq dernières années. L’une des raisons principales : la fin de l’exode des jeunes. Par exemple, en 2009-2010, les 25-34 ans venant s’établir dans la région étaient plus nombreux que ceux qui en sortaient. Comme l’explique Stéphanie Lamarche, présidente de Valorisation Abitibi-Témiscamingue, la région attire maintenant des jeunes qui sont nés et qui ont grandi ailleurs, comme en Estrie, à Québec ou à Montréal. Valorisation Abitibi-Témiscamingue organise des visites de trois jours dans la région, toutes dépenses payées. «En 2010, 164 jeunes sont venus. Mais nous avons dû en refuser autant, pour des raisons budgétaires. Ce qui était impensable il y a quelques années à peine», dit-elle.

À SIGNALER

>   Une station de recherche en agroalimentaire a vu le jour en septembre 2011 à Notre-Dame-du-Nord, près de Ville-Marie, grâce à des investissements de 8,8 millions de dollars. Rattachée à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, la station accueille une quinzaine de chercheurs et de professionnels. Elle vise à améliorer l’élevage des bovins de boucherie.

SUR LE TERRAIN

Le siège social des Mines Richmont est situé à Rouyn-Noranda. Ce producteur d’or compte 480 employés dont 300 en Abitibi. Les mineurs constituent une grande partie de la main-d’œuvre, mais on trouve aussi des techniciens miniers, des géologues, des ingénieurs, des électriciens, des soudeurs, des mécaniciens et le personnel administratif.

«Le métier de mineur devient de plus en plus mécanisé, au point où certains sont des opérateurs de machinerie spécialisée», dit Maxime Grondin, directeur des ressources humaines. Les mineurs doivent posséder un diplôme d’études professionnelles en extraction de minerai ou une expérience pertinente.

Entre les minières d’Abitibi, la concurrence est féroce et la main-d’œuvre se fait rare, témoigne M. Grondin. «Les ingénieurs et les géologues sont très demandés.» Cependant, de plus en plus d’immigrants cognent à la porte. «Nos visites dans les établissements d’enseignement ainsi que le bouche-à-oreille nous aident. Plusieurs CV nous sont envoyés directement d’Europe et d’Afrique», dit M. Grondin.

IMMIGRATION

«En 1960, nous étions une des régions les plus cosmopolites du Québec», constate Gilles Chapadeau, conseiller régional à la FTQ. Les choses ont beaucoup changé. Selon les données du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, 64 immigrants se sont établis en Abitibi-Témiscamingue en 2010. En mai dernier, un colloque sur l’accueil des nouveaux arrivants dans les entreprises de la région a conclu qu’il fallait prioritairement viser l’intégration des conjoints et des enfants, sinon les employés originaires d’autres pays risqueraient de partir.

DES SECTEURS QUI RECRUTENT
Commerce et services • Construction • Exploration et extraction minière • Fabrication • Services d’enseignement • Services professionnels, scientifiques et techniques • Soins de santé et assistance sociale

Source : Ann Brunet Beaudry, économiste régionale, Emploi-Québec.
RECHERCHÉS

  • Audiologistes (Formation universitaire)
  • Enseignants au collégial et au secondaire (Formation universitaire)
  • Ergothérapeutes (Formation universitaire)
  • Ingénieurs civils (Formation universitaire)
  • Ingénieurs miniers (Formation universitaire)
  • Mécaniciens de véhicules automobiles (Formation professionnelle)
  • Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et minerais (Formation professionnelle)
  • Pharmaciens (Formation universitaire)
  • Physiothérapeutes (Formation universitaire)
  • Plombiers (Formation professionnelle)
  • Vérificateurs et comptables (Formation universitaire)

Source : Emploi-Québec. Le marché du travail dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, Perspectives professionnelles 2010-2014, 2011.

 

PRINCIPALES VILLES
AmosLa SarreRouyn-NorandaVal-d’OrVille-Marie

Source: Les carrières d’avenir 2012

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