La négociation du salaire à l’embauche

Il y a longtemps, un travailleur devait s’armer de courage pour aller solliciter une augmentation de salaire à son patron, en faisant valoir ses besoins financiers, notamment en raison de responsabilités familiales accrues.

De nos jours, c‘est plus simple : on peut s’attendre à un réajustement salarial annuel qui tient compte tout au moins de l’ancienneté et/ou de l’indice du coût de la vie.

Pour entamer des discussions salariales, c’est donc plutôt au moment de l’évaluation du rendement qu’il est approprié d’aborder le sujet, en s’appuyant sur la contribution à l’atteinte des objectifs.

Mais lorsqu’il est réellement question de négocier le salaire, c’est au moment de l’embauche que cela s’y prête le plus. Une fois embauché, l’occasion s’y prête beaucoup moins.

Une opportunité à l’embauche

Dans les entreprises où les pratiques de GRH (Gestion des Ressources Humaines) sont moins développées, comme c’est le cas dans beaucoup de PME (Petites et Moyennes Entreprises) ou d’OBNL (Organisation à but non lucratif), il est plus facile de négocier son salaire à l’embauche. Votre pouvoir de négociation sera moins important si l’entreprise possède déjà une structure formelle d’échelles salariales, comme on en retrouve dans toutes les grandes entreprises. Dans un tel cas, le salaire à l’embauche tient compte de critères prédéfinis et documentés, qui assurent un traitement équitable entre tous les employés.

Mais de toute façon, si vous n’êtes pas à l’aise à l’idée de négocier votre salaire, soyez rassuré : la très grande majorité des employeurs au Québec font preuve de bonne foi dans leurs offres salariales. Ils savent qu’ils n’ont aucun intérêt à vous offrir un salaire inadéquat et à vous voir partir à la première occasion pour un meilleur salaire ailleurs. Les employeurs ont le désir sincère de garder leurs employés le plus longtemps possible. Il y a donc peu de risques d’être rémunéré de façon inadéquate par rapport au marché de comparaison.

Le juste salaire

Mais sur le plan personnel, quel est le seuil minimum acceptable? Qu’est-ce qu’un salaire raisonnable pour soi? C’est un salaire qui n’occasionne pas de frustration. Sans être qualifié de réjouissant, il nous permet tout au moins de couvrir nos besoins de base : loyer, frais de subsistance, transport, engagements financiers, et de plus, il est lié à un emploi qui ajoute de la valeur à notre CV.

À l’opposé, un salaire déraisonnable est un salaire qui est insuffisant pour maintenir notre niveau de vie actuel, tout en étant lié à un travail qui ajoute peu de valeur à notre employabilité ou à notre progression de carrière.

Le juste salaire repose donc sur des éléments subjectifs, qui sont propres à chacun. Pour négocier votre salaire à l’embauche, votre marge de manœuvre sera conditionnée par votre situation personnelle et votre capacité à assumer le risque de vous voir refuser le poste si les négociations échouent. À quel point avez-vous besoin de cet emploi?  Quel est alors un juste salaire pour vous, compte tenu de votre situation personnelle?

Par ailleurs, il est important de savoir que dans tous les cas, le salaire qui est accepté au moment de l’embauche servira de base de calcul ou de référence pour les augmentations à venir au sein de cette même entreprise.

Ouvrir son jeu

Quand arrive le moment de discuter du salaire à l’embauche, la pratique usuelle est d’ouvrir son jeu en mentionnant ce qui nous semble être une rémunération juste et souhaitable. Cela ouvre la porte à un échange constructif  entre le candidat et son futur patron.

Cependant, si l’écart est très grand entre les parties, l’employeur choisira probablement de se tourner vers un autre candidat plutôt que d’entamer une partie de bras de fer avec vous. Il n’y a pas vraiment de place pour les débats, à moins que vous ne soyez le seul candidat envisageable, ce qui est rarement le cas.

À mettre dans la balance

Pour que l’employeur puisse prendre la pleine mesure de votre valeur et bien vous positionner sur le plan salarial, n’hésitez pas à mettre dans la balance vos atouts hors du commun, tels que :

  • un profil atypique de formation
  • une expérience au sein d’entreprises concurrentes
  • une polyvalence et une grande disponibilité
  • la connaissance de plusieurs langues
  • une excellente maîtrise du français écrit
  • un réseau de contacts intéressants pour l’employeur

Aussi, au-delà de l’aspect strictement salarial, certains éléments peuvent avoir une  valeur appréciable pour vous et être mis dans la balance :

  • Des opportunités de formation continue;
  • Un horaire flexible ou comprimé, du télétravail;
  • Une progression de carrière au sein de l’entreprise;
  • Une compensation financière pour le cellulaire, le stationnement, les déplacements;
  • Un fonds de retraite;
  • Le paiement de votre cotisation annuelle à un ordre professionnel
  • Des jours d’absence rémunérés en cas de maladie;
  • Des avantages sociaux tels que des assurances collectives, etc.

Une approche gagnante

Au moment de discuter salaire avec votre futur employeur, n’hésitez pas à faire valoir  votre point de vue avec aplomb et confiance, tout en ayant des attentes réalistes. Faites preuve d’ouverture et ayez confiance en la bonne foi de l’employeur.

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Autres lectures suggérées :

Comment négocier votre rémunération?, écrit par Jérôme Côté, CRHA, publié par ORHRI.

Comment négocier le salaire d’un candidat idéal à l’emploi?, publié par Robert Half.

Isabelle Bédard

Isabelle Bédard, MBA, CRHA, Adm.A et C.M.C., est présidente-directrice générale de CIB Développement organisationnel. Depuis 1998, l’entreprise accompagne les gestionnaires et dirigeants dans la saine gestion de leurs équipes de travail en offrant un service de recrutement et conseils en gestion des ressources humaines. Trouvez-la sur Facebook