Navette aérienne : témoignages de travailleurs miniers

Pour de nombreux employés de l’industrie minière, faire la navette par avion est devenu un mode de vie. Si la formule demande une période d’adaptation, ceux qui l’adoptent ne s’imaginent plus vivre autrement.

Mardi, 16 h. Denis Ricard quitte sa résidence de Saint-Félicien, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, et roule jusqu’à l’aéroport de Chibougamau, à 240 km. Là, il monte dans un avion avec plusieurs de ses collègues. Après un vol de 50 minutes, il atterrit sur la piste du chantier Éléonore de Goldcorp, au sud-est du réservoir Opinaca, près de la baie James.

Depuis deux ans, Denis travaille à titre de superviseur dans cette mine d’or souterraine. Les journées sont longues, de 6 h à 18 h, parfois davantage, mais après sept jours de ce régime, il remonte dans l’avion et repart chez lui pour une semaine de repos. «J’aime cet horaire, je ne pourrais plus m’en passer! Je ne sais pas comment font les gens pour travailler pendant cinq jours et n’avoir qu’une petite fin de semaine de congé», s’exclame-t-il.

Plus de congés en famille

Âgé de 51 ans et père de trois garçons, Denis a presque toujours travaillé en rotation. «Auparavant, je travaillais pour Agnico-Eagle, à la mine d’or de Meadowbank au Nunavut, selon un horaire 14/14», explique-t-il. Selon lui, le système de navette aérienne lui permet de passer plus de temps avec ses enfants que s’il faisait du neuf à cinq, cinq jours par semaine.

L’inconvénient qu’il note cependant : ces absences prolongées l’ont empêché de participer à certains événements comme des spectacles d’enfants, des anniversaires, des compétitions sportives… «J’ai manqué certaines choses parce que j’étais au boulot», convient-il. Cette réalité est toutefois compensée par l’ambiance conviviale qui règne au travail. «On est un peu comme une grosse famille», dit-il.

Bon pour l’esprit d’équipe

Julie Lachapelle, 37 ans, conseillère en communication pour Goldcorp, exerce elle aussi son métier suivant le principe de la navette aérienne, selon un horaire de quatre jours de travail suivis de trois jours de repos. Originaire de Montréal, elle a déménagé dans le Nord-du-Québec pour occuper cet emploi. Elle décolle le lundi matin à 8 h 30 de l’aéroport de Chibougamau-Chapais, puis atterrit aux alentours de 9 h 30 au chantier Éléonore. À l’instar de Denis, elle apprécie l’esprit d’équipe qui prévaut sur son lieu de travail. «Cet emploi me permet aussi d’avoir accès à une vie professionnelle dynamique. C’est un milieu en effervescence et fort intéressant. Ç’a été un gros changement par rapport à ma vie à Montréal, mais je ne le regrette pas. Je me déplace beaucoup, car je peux aussi avoir à travailler depuis Rouyn-Noranda ou Chibougamau, en plus du site d’Éléonore, poursuit-elle. Tout le monde ne serait pas nécessairement à l’aise, mais moi, c’est exactement ce que je cherchais.»

François Lavoie, 25 ans, est ingénieur de procédé pour Cliffs Natural Resources, à la mine de fer du lac Bloom, près de Fermont. Au service de la compagnie depuis un an, il travaille selon un horaire 14/14 et prend l’avion à partir de Québec, où il réside. «J’aime le beat de la vie de mine. Ici il y a beaucoup de défis à relever, j’ai des responsabilités intéressantes et de bonnes conditions de travail», précise-t-il.

Après 14 jours de travail à raison de 12 heures par jour, il rentre chez lui où il a «14 jours pour décompresser et relaxer», selon ses dires. Selon lui, le seul inconvénient lorsqu’il est de retour à la maison, c’est d’être en congé alors que les autres travaillent. «Mais je me tiens occupé et je fais beaucoup d’activités», dit-il.

Sur le site, François habite dans une maison de sept chambres qui peut accueillir quatre ou cinq personnes en même temps. «Nous sommes regroupés par équipes de travail. J’ai même habité un certain temps avec mon patron! Ce mode de vie permet de créer des liens forts entre collègues. Parfois, on se dit en riant qu’on se voit plus souvent qu’on ne voit nos propres blondes!» conclut-il.

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