Travailler en cinéma : glam ou poudre aux yeux? sur Jobboom

Travailler en cinéma : glam ou poudre aux yeux?

La 89e cérémonie des Oscars aura fait couler de l’encre ces dernières semaines, et pas seulement pour des raisons d’enveloppe substituée. Les 8 nominations pour le dernier film du réalisateur québécois Denis Villeneuve mettent aussi la lumière sur la capacité des québécois à produire des films d’une grande qualité. Regard sur les nombreux métiers en cinéma au Québec.

AQTIS : L’Alliance québécoise des techniciens de l’image et du son

L’AQTIS est l’association qui a pour but de protéger 6200 artisans québécois œuvrant dans plus de 134 métiers spécialisés. Elle représente, défend et soutient leurs intérêts auprès des différents interlocuteurs, leur offre un filet social et négocie des ententes collectives précisant les conditions de travail qui doivent s’appliquer à eux.[i]  Bien que considérés comme des pigistes, les techniciens bénéficient ainsi d’une protection et d’un encadrement pour maintenir une continuité dans leurs conditions de travail peu importe le producteur pour lequel ils travaillent.

En vertu de la Loi sur le statut de l’artiste du Québec, L’AQTIS est le représentant exclusif pour les secteurs de création artistique dans le domaine de l’enregistrement d’œuvres de type cinématographique utilisant l’image et le son.

Les différents métiers

Nous pouvons classer les différents métiers du cinéma en trois grandes catégories : le bureau, le plateau et la post-production. Il y a les postes qui relèvent de la préparation et de la logistique administrative, ceux qui sont directement sur le plateau de tournage et ceux qui travaillent après le tournage.

Les métiers du bureau de production

Le bureau de production est le centre névralgique où l’on se partage l’information et prépare la production à venir. On y retrouve les départements de coordination, de comptabilité, de scénographie/décors, élaboration des costumes ainsi que les bureaux du directeur de production et des producteurs. Souvent engagés avant même que les acteurs ne soient trouvés ou que le scénario soit finalisé, ces techniciens préparent les budgets et les horaires, s’occupent de la distribution des documents de production, des réservations de vols et d’hébergements des travailleurs étrangers ainsi que de l’engagement des techniciens et acteurs.

Les métiers des plateaux

Le plateau désigne le lieu de tournage. Que ce soit en studio ou en location extérieure, les techniciens de plateau doivent se rendre à différents endroits puisque la location change de jour en jour.

Les métiers que l’on retrouve sur les plateaux sont très variés, allant de l’artiste au machiniste.

L’équipe Mise en scène

On parle beaucoup des réalisateurs car ceux-ci signent leur film et voient leur nom en grandes lettres sur les affiches, par contre, on entend peu parler de leurs assistants, alors qu’ils sont indispensables au bon déroulement de tout tournage. Le premier réalisateur est en fait comme le chef d’orchestre du plateau. Non seulement il est grandement impliqué avant le tournage dans l’élaboration de l’horaire, il est également responsable de maintenir la liste des besoins nécessaires à chacune des scènes fournis par les différents départements. Par exemple, il verra à monter un horaire de tournage qui maximisera l’utilisation de chaque élément en bloc, que ce soit pour rassembler les scènes des acteurs de celles des lieux et accessoires. Le deuxième réalisateur, qui travaille également au bon déroulement de l’horaire, sera le principal responsable des acteurs sur le plateau. Il fera le pont entre les artistes et la production afin qu’ils soient prêts à tourner leur scène.  Le, mais bien souvent les, troisièmes assistants à la réalisation sont en charge de diriger les figurants et s’assurent que tout le monde sache quand intervenir.

La script est la personne en charge de la continuité, c’est-à-dire qu’elle s’assure du respect du scénario et du suivi des textes. Autrefois connue comme la femme aux multiples crayons de couleurs, elle s’assure que les instructions du réalisateur soient transmises au monteur et que celui-ci soit capable de retrouver les bonnes coupures au milieu des scènes non-sélectionnées. C’est aussi la script qui veillera à la bonne continuité des scènes entre chaque coupure, que ce soit pour s’assurer que les accessoires sont à la bonne place, que l’heure de l’horloge est identique d’une scène à l’autre ou que la vitesse à laquelle brûle une cigarette est cohérente quelque soit l’angle de vue.

Selon le type de production, une équipe d’effets spéciaux peut être présente sur le plateau en fonction des besoins, que ce soit pour faire des maquillages spéciaux, faire exploser une bombe ou contrôler le déroulement d’une scène d’incendie. Ils s’assurent également que le matériel visuel qui sera envoyé au montage pourra être retouché par l’équipe de post-production.

L’équipe Image

Le département caméra est, sans contredit, celui qui a le plus évolué ces dernières années. Alors qu’on tournait encore des films avec de la pellicule il n’y a que dix ans, les métiers ont complétement été transformés depuis le passage au numérique. Le DOP, ou directeur photo, reste celui qui est en charge de la qualité de l’image. Il a aussi, comme le réalisateur, une équipe d’assistants qui veille au bon fonctionnement de l’équipement caméra. L’équipe du son est souvent rattachée à celle de la caméra.

L’équipe technique

Les techniciens que l’on retrouve dans les départements d’électro/machino sont de grands débrouillards. On les appelle en renfort non seulement pour éclairer le plateau, mais les électriciens sont également responsables du réseau électrique sur le plateau afin de ne pas faire sauter de « breakers ». Les machinistes mettent en place toute sorte d’équipements qui serviront au déplacement de la caméra et ajustent l’éclairage. On pense ici aux rails pour faire bouger la caméra, aux grues pour filmer de haut, au montage d’échafaudages et aux toiles pour les effets visuels.

L’équipe Décoration et CCM

Le CCM, ce n’est pas une marque d’équipements sportifs ici, ça signifie « Costumes, Coiffure et Maquillage! ». Ils sont souvent les premiers arrivés sur le plateau et sont en contact direct avec les acteurs. Ces artistes doivent être non seulement très talentueux, mais aussi savoir se comporter avec des acteurs qui peuvent parfois être capricieux. Faire preuve d’une grande discrétion leur permet de découvrir le vrai visage des célébrités.

Le département artistique est également présent sur le plateau. Non seulement tout a été prévu, bâti et décoré avant le tournage, mais les membres de cette équipe sont également en charge des accessoires et de l’ajustement des décors en fonction des besoins.

La régie

La régie est le centre névralgique du plateau. C’est un « bureau » qui se déplace avec des roulottes. C’est souvent l’équipe qui travaille les plus longues heures. Ils sont toujours les premiers arrivés et les derniers partis. Leur travail consiste à s’assurer du bon fonctionnement logistique du tournage. Ils veillent à la sécurité des lieux avant, pendant et après, veillent à ce que tous les techniciens connaissent leur horaire de la journée et du lendemain, veillent au transport des acteurs et producteurs, à barrer les rues lorsque c’est nécessaire et s’assurent également de l’assiduité de tous les employés du plateau. Personne n’arrive ou ne quitte sans être allé rapporter sa présence au régisseur en charge des feuilles de temps.

La cantine

On confond souvent l’équipe du « craft » avec celle du traiteur. Les gens qui travaillent à la roulotte du craft, la cantine, sont en fait des techniciens qui sont syndiqués comme tous les autres travailleurs du plateau. Arrivés dès l’aube, ils préparent des déjeuners, des collations, des « en-cas » pour calmer la faim de tous les employés qui passent le plus clair de leur journée sur le plateau. Ils sont connus pour faire les meilleurs sandwiches au bacon dont l’odeur seule suffit à lancer la pause-café. Quant au personnel du traiteur, ils ne sont pas des employés du plateau. Ils arrivent uniquement pour l’heure du lunch et repartent une fois le repas terminé. Plusieurs compagnies de traiteur se sont spécialisées dans la préparation de repas pour les plateaux et se partagent les différents tournages.

Les métiers de la post-production

La post-production débute généralement durant le tournage afin de valider que le matériel filmé est complet avant la fin de la production. On y engage des monteurs visuels et sonores, des techniciens en effets spéciaux. C’est comme monteur sonore que le Québécois Sylvain Bellemare a reçu son Oscar pour le film Arrival, de Denis Villeneuve.

Les monteurs sont chargés de découper toutes les séquences qui ont été filmées et de les trier selon les instructions du réalisateur et du scénario. L’informatique a aussi révolutionné ce métier qui se faisait avec un rasoir et du papier collant il y a 30 ans. Désormais  il est entièrement numérique.

Les artistes en effets spéciaux se découpent en une cohorte d’artisans du son et de l’image: artistes 3D, illustrateurs conceptuels, infographistes, bruiteurs, etc. Ce travail, généralement sous-traité, donne naissance à une industrie à part entière.

Des métiers de gens passionnés avant tout

Travailler en cinéma, ce n’est pas donné à tout le monde. Non seulement il y a beaucoup d’appelés et bien peu d’élus, mais il faut également que la passion du métier soit plus forte que la raison. Le statut de pigiste étant instable, bien des gens préfèrent le statut d’employé avec une sécurité financière et évitent de rester longtemps dans le domaine. Certains techniciens sont plus chanceux que d’autres et réussissent à signer de longs contrats qui leur garantissent un revenu annuel suffisant pour pallier aux périodes de chômage, alors que d’autres devront travailler sur plusieurs productions différentes chaque semaine afin d’y arriver.

« Je me considère chanceuse de pouvoir choisir mes projets. Arrival est un de mes projets préférés;  bons producteurs, excellent  réalisateur et un bon scénario, mais ce n’est pas toujours le cas. » explique Hélène Ross, directrice de production.

Les horaires peuvent être difficiles à gérer. Les heures de travail peuvent parfois dépasser les 18 heures par jour selon les productions et selon le département choisi. La majorité des techniciens sont des passionnés qui sont tout à fait dévoués corps et âme à leur métier. On ne parle pas de conciliation travail-famille dans cette industrie.

Les scènes exigent parfois de tourner de nuit, dans la pluie et dans la neige. Avis aux gens qui rêvent d’un bureau tranquille et confortable!

Plusieurs finiront, comme moi, par attacher leur pellicule comme d’autres par accrocher leurs patins.

Vous pensez avoir ce qu’il faut? Contactez directement l’AQTIS pour en savoir plus et obtenir des renseignements sur les formations offertes pour ceux qui veulent travailler en cinéma!

[i] https://www.aqtis.qc.ca/fr/association/

Sophie Goulet

Sophie est gestionnaire de marque pour Jobboom depuis 2016. Elle cumule plus de 16 ans d'expérience dans les différentes sphères de la communication, que ce soit dans le domaine du cinéma ou de l'entreprise privée.