Questions capitales

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Thomas Piketty, dans son essai Le capital au XXIe siècle, démontre que la notion de redistribution de la richesse préoccupe les économistes depuis bien avant notre ère.

C’est la même chose pour le débat sur la question de la création ou de la redistribution de la richesse. Laquelle des deux avenues peut réduire les inégalités? Pour les tenants de la première option (créer de la richesse), avant de procéder à la deuxième opération (la distribuer), il faut s’assurer que nous en possédions suffisamment. Pour les seconds, les richesses abondent, même qu’en créer d’autres (pour la consommation, notamment) serait nuisible à l’environnement.

L’auteur cherche d’ailleurs à démystifier à sa manière le concept de croissance économique. Une croissance soutenue, tant de la démographie que de la production des biens, n’entraîne pas nécessairement un enrichissement profitable à tous. Il s’agirait même de calculs à très court terme, aux conséquences néfastes pour les générations futures.

Reste à savoir comment remédier aux inégalités économiques et pourquoi elles sont demeurées au centre des préoccupations politiques des dirigeants.

Avec l’économie moderne, l’illusion égalitaire accompagnait l’expansion du monde démocratique. À tort, on associe régulièrement, dans bien des tribunes encore, la «liberté économique» (lire «libéralisation des marchés») à la démocratie.

Mais s’il existe un consensus sur la manière de gérer l’économie, c’est bien d’enrayer les grands écarts de richesse, non? Rien n’est moins sûr. Car l’équité ne réside pas dans tous les courants de pensée économiques. Surtout chez les capitalistes se réclamant d’une certaine méritocratie. «Si je suis plus riche, c’est que j’ai travaillé plus», les entend-on presque se vanter. Alors que dans bien des cas, c’est davantage l’argent qui «travaille» pour eux grâce à la spéculation.

L’auteur démontre aussi que la droite conservatrice reste figée dans des perceptions idéalisant à la fois le passé et la main invisible du marché. L’increvable conservatisme fiscal (tant auprès des entreprises que des particuliers) en fait état depuis des siècles. «De nombreux observateurs continuent de s’imaginer […] qu’il suffit de mettre en place des droits de propriété toujours mieux garantis, des marchés toujours plus libres, et une concurrence toujours “pure et parfaite”, pour aboutir à une société juste prospère et harmonieuse. La tâche est malheureusement plus complexe.»

Malgré tous les savants calculs des économistes, Piketty nous prévient : l’expression «science économique» sera toujours trompeuse. Et pour cause, car par «science» on sous-entend «absolu». L’auteur préfère les termes «économie politique», question d’éviter toute ambiguïté avec la science proprement dite. Car le discours économique se fonde davantage sur des spéculations que sur des faits établis.

Le capital au XXIe siècle

Le Capital au XXIe siècle
par Thomas Piketty
Éditeur : du Seuil, 2013

ISBN : 9782021082289

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