Métier : dépisteuse de fuites d’eau

Julie Grignon Labine
Julie Grignon Labine, dépisteuse de fuites d’eau à la Ville de Montréal
Photo : Tatiana Philiptchenko

Je repère les lieux précis des fuites d’eau dans les canalisations d’aqueduc et des tuyauteries connexes, comme celles menant aux résidences. J’alerte ensuite les personnes responsables pour que les réparations nécessaires soient effectuées.

Pour trouver une fuite d’eau, je vérifie et je compare les endroits où il y a du bruit dans les conduites, à l’aide d’instruments acoustiques. Tel un détective ou un médecin, j’y vais par élimination. La variation des sons m’oriente vers la fuite, mais je dois garder en tête toute autre possibilité pour éviter de suivre une mauvaise piste (il y a peut-être deux fuites, les métaux des conduites ne sont peut-être pas les mêmes, il y a peut-être une consommation d’eau durant l’écoute…).

La Ville de Montréal a beaucoup investi ces dernières années pour réduire les fuites, car plus vite elles sont réparées, mieux c’est : les recherches préventives réduisent le nombre d’interventions d’urgence.

Nous sommes deux femmes dans une équipe de quinze à vingt dépisteurs. Je travaille quatre jours par semaine, de 6 h 30 à 16 h. Je commence ma journée à mon bureau, où je prends connaissance des requêtes d’inspection. Je me rends ensuite sur les lieux dans une camionnette de la Ville. Il faut aimer conduire : je peux faire quotidiennement jusqu’à 40 km. En une journée, j’effectue en moyenne de deux à cinq inspections.

Lorsque j’arrive devant un endroit où une fuite est signalée, je dois localiser la boîte de service d’eau. En hiver, il m’arrive de devoir lever, à l’aide d’un pic, un couvercle d’aqueduc ou d’égout de plus de 300 livres qui se trouve cinq pieds sous la neige. Parfois, il faut que je pellette une place de stationnement pour le camion. Je m’entraîne au centre de conditionnement physique pour pouvoir affronter ces réalités du métier.

Il m’arrive de descendre dans des sous-sols pour observer de quels métaux sont faits les conduites d’eau et pour voir où se trouve l’infiltration. Ce sont souvent des lieux sombres et sales. Je me suis déjà retrouvée avec des toiles d’araignées et des insectes accrochés à mes vêtements. Je n’aime pas cet aspect de l’inspection, mais ça vient avec le métier.

Pour faire ce travail, il faut être physiquement robuste, avoir l’esprit analytique et pouvoir supporter les critiques. On ne doit pas s’attendre à être félicité pour nos bons coups, mais si on se trompe lors d’une inspection, on risque d’en entendre parler…

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