Le BAPE donne son aval à un projet de 1,2 milliard $

Le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) donne son autorisation à la construction d’une usine d’engrais à Bécancour, un gigantesque projet industriel de 1,2 milliard de dollars, annoncé par le gouvernement Marois l’an dernier. L’annonce survenait peu de temps après la décision de Québec de fermer la centrale nucléaire Gentilly-II, provoquant la perte de 800 emplois dans la région.

Bien qu’il ait donné son aval, le BAPE de meure inquiet. Dans son rapport déposé jeudi, l’organisme exige une série de mesures de contingence environnementale de toutes les parties concernées, notamment le ministère de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, la MRC de Bécancour et le promoteur, la coopérative agricole indienne Iffco Canada. La construction de l’usine, de ses infrastructures puis son exploitation provoqueront la disparition d’importantes portions d’écosystèmes humides, de la pollution de l’air et le rejet d’importantes quantités de Co2 dans l’atmosphère. L’usine deviendrait l’un des 15 plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au Québec, si elle voyait le jour.

« L’absence de la disponibilité d’un plan [de compensation de la perte de plaine humide] au moment de l’audience n’a permis, ni aux citoyens ni à la commission, de procéder à une évaluation juste et transparente de ces éventuels engagements. Selon la commission, le promoteur et le Ministère devraient consulter les parties concernées sur le contenu de ce plan avant l’émission du certificat d’autorisation », estime le BAPE.

Le BAPE craint aussi les rejets de particules dans l’air, ce qui détériorerait sa qualité déjà fort compromise dans les parages du parc industriel de Bécancour. L’effet cumulatif pourrait dépasser les seuils de parties par million de particules permis par l’Organisation mondiale de la santé. Le BAPE demande à Iffco Canada d’opter pour des technologies d’épuration des émissions plus efficaces que celles prévues au projet.

Le BAPE reconnaît par contre l’importance économique du projet, dont les retombées s’élèveraient à 85 millions de dollars par année pour la région. La construction de l’usine occuperait entre 1200 et 1500 travailleurs, et son exploitation permettrait l’embauche de 200 personnes.

Le gouvernement n’avait pas encore réagi au rapport du BAPE au moment de la mise en ligne.