La Romaine mobilise les travailleurs

Photo: Guillaume Cattiaux

La récession est terminée sur la Côte-Nord. Les activités de l’industrie minière ont repris avec force, tandis que la construction du complexe hydroélectrique de la Romaine crée une véritable effervescence sur le marché du travail.

Le point fort de 2010 pour le marché du travail de la Côte-Nord a été le chantier d’Hydro-Québec sur la rivière Romaine. La construction de ce complexe de quatre barrages hydroélectriques emploiera 1 000 personnes en moyenne chaque année jusqu’en 2020, et jusqu’à 2 000 ouvriers entre 2012 et 2016, au plus fort des travaux. «Cet investissement de 6,5 milliards de dollars mobilise toute la région», dit Patrick Hamelin, directeur général de la Conférence régionale des élus de la Côte-Nord.

L’industrie minière sera le deuxième grand employeur nord-côtier ces prochaines années. Les travailleurs du secteur qui avaient été mis à pied temporairement en 2008 ou en 2009 ont presque tous été rappelés, constate Service Canada. «Toutes les mines de la région ont des projets d’expansion, ajoute André LePage, analyste du marché de l’emploi pour la région de la Côte-Nord à Emploi-Québec. Au total, l’industrie devrait créer environ 700 emplois d’ici 2014.» Consolidated Thompson, par exemple, a commencé à l’automne 2010 des travaux qui lui permettront de doubler la production de la mine de fer du lac Bloom et de créer 125 emplois d’ici la fin de 2012.

Les mines nord-côtières doivent toutefois composer avec la concurrence internationale et les bas salaires des pays en voie de développement qui possèdent des mines de fer, rappelle André LePage. «Pour garder ses parts de marché, la région doit jouer sur ses atouts, c’est-à-dire des infrastructures de qualité et une main-d’œuvre formée», dit Patrick Hamelin.

Le bouillonnement dans le milieu minier favorise une certaine activité dans plusieurs autres secteurs, dont la restauration, l’hébergement, le commerce de détail, le transport et la fabrication d’équipements industriels. Il en va de même pour la construction, qui devrait créer 500 emplois d’ici 2012, estime Service Canada, notamment pour la réfection des routes et les projets miniers.

Cependant, le manque de travailleurs dans certains domaines constitue une préoccupation. Les postes en restauration ou dans le commerce de détail sont particulièrement difficiles à pourvoir, dit André LePage. «Les travailleurs sont davantage attirés par les bons salaires dans les mines ou la construction.»

À signaler

  • Les nouvelles installations de transbordement de Consolidated Thompson au port de Sept-Îles ont créé environ 35 emplois en 2010.
  • Granulco, un fabricant de granules à base de sciure installé à Sacré-Cœur, a commencé ses activités en décembre 2009, créant 15 emplois d’ouvriers et de mécaniciens d’équipement lourd.
  • ArcelorMittal compte embaucher environ 800 personnes d’ici 2014 pour remplacer les employés partis à la retraite dans ses installations minières et de première transformation à Port-Cartier et au mont Wright.

Foresterie affaiblie //

L’industrie forestière, de son côté, n’a pas retrouvé sa vigueur. Cela s’explique notamment par la quantité moins importante d’arbres qui peuvent être récoltés. «Il y a 1 100 emplois en forêt sur la Côte-Nord, soit environ la moitié d’il y a deux ou trois ans», dit André LePage. Selon Service Canada, le secteur pourrait toutefois bénéficier d’une légère reprise de la construction aux États-Unis, grâce aux bas taux d’intérêt de l’autre côté de la frontière.

Mais si l’industrie forestière reprend, un nouveau problème risque de se poser : le manque de main-d’œuvre. En effet, le marasme dans le secteur a incité les travailleurs à quitter ce domaine et a découragé les jeunes de s’inscrire à des formations liées à la forêt.

Sur le terrain

Le Groupe Vigneault est un consortium qui gère une dizaine d’entreprises, dont une compagnie de transport, un centre commercial, un hôtel et un magasin d’alimentation. Ses dirigeants apprécient grandement d’être installés à Havre-Saint-Pierre par les temps qui courent. «Nous sommes proches de l’un des plus gros chantiers industriels au Canada : le projet hydroélectrique de la Romaine», dit Jean-François Girard, directeur général du Groupe.

«Nous avons actuellement entre 100 et 150 personnes à notre service et une trentaine de postes à pourvoir», ajoute M. Girard. Les postes de camionneurs, de techniciens en administration et d’ouvriers de la construction sont ceux pour lesquels le Groupe a le plus de mal à trouver des candidats.

Car la région ne parvient pas à répondre à ses besoins de main-d’œuvre. «Plusieurs travailleurs nous laissent tomber pour les salaires plus élevés des compagnies minières ou de la Romaine, regrette Jean-François Girard. Pourtant, nous embauchons des gens sans formation, pourvu qu’ils soient motivés, et nous offrons aussi des primes à la performance.»

Recherchés
  • Agents de développement économique
  • Agents de services correctionnels
  • Ambulanciers et autre personnel paramédical
  • Assistants dentaires
  • Avocats et notaires
  • Comptables
  • Directeurs (commerce de détail)
  • Directeurs des ventes, du marketing et de la publicité
  • Éducateurs spécialisés
  • Ergothérapeutes
  • Infirmiers
  • Installateurs et réparateurs de matériel de télécommunications
  • Médecins spécialistes
  • Monteurs de lignes électriques et de câbles
  • Omnipraticiens et médecins en médecine familiale
  • Pharmaciens
  • Physiothérapeutes
  • Policiers
  • Professionnels des relations publiques et des communications
  • Psychologues
  • Spécialistes des ressources humaines
  • Techniciens de laboratoire médical
  • Technologues en radiation médicale
  • Travailleurs sociaux

Source : Emploi-Québec. Le marché du travail dans la région de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec, Perspectives professionnelles 2009-2013, 2009.

Extrait tiré des Carrières d’avenir 2011.

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