L’artiste devant l’adversité

Persévérer ou tout abandonner? Voilà une question que se posent de nombreux artistes devant l’échec.

Catherine Morneau, conseillère en orientation depuis 25 ans à Québec, a aidé plusieurs artistes dont la carrière ne décollait pas. La première question qu’elle leur pose : tiennent-ils vraiment à leur carrière d’artiste? Si oui, ils doivent alors absolument faire preuve de persévérance, car une carrière artistique peut prendre jusqu’à cinq ans à décoller. En début de carrière, ils devront peut-être même trouver un autre emploi en parallèle pour combler le manque à gagner.

Vivre avec l’incertitude

«Si après cinq ans, notre carrière n’a toujours pas décollé, il faut peut-être questionner nos aptitudes ou notre réel intérêt», explique-t-elle. L’artiste doit aussi être capable de s’adapter aux besoins de notre société. Elle cite l’exemple d’une designer de mode qui a choisi de confectionner des vêtements à partir de tissus recyclés pour les vendre à prix modique pendant la récession.

«Il faut avoir le tempérament pour porter l’insécurité associée à la vie d’artiste», poursuit-elle. L’artiste aime être autonome et choisir ce qu’il fait, un peu comme l’entrepreneur qui ouvrirait son restaurant, mais il doit être en mesure de bien gérer une insécurité financière semblable à celle du travailleur autonome.

Se réorienter… mais dans quoi?

Si un artiste n’aime pas l’instabilité, il vaut peut-être mieux qu’il se réoriente. «Je regarde alors quelle est sa deuxième caractéristique dominante dans son profil de personnalité afin de trouver un emploi qui mettrait en valeur son aspect créatif», résume Catherine Morneau. Un artiste visuel qui apprécie les choses techniques pourrait devenir infographiste. Un musicien qui aime aider les autres pourrait se tourner vers l’enseignement.

C’est le cas de Mélissa Demers, professeure de chant depuis près de 10 ans à Laval et dans les Basses-Laurentides. Après maintes auditions, elle a été finaliste pour le rôle de Juliette dans Roméo et Juliette et à Star Académie 2004, puis a décroché plusieurs petits contrats, sans toutefois obtenir un roulement assez important pour gagner sa vie.

Aujourd’hui, si on lui demande combien de temps elle prévoit enseigner, Mélissa Demers répond : «Jusqu’à ma mort, j’adore ça! Je suis heureuse, c’est un métier qui est valorisant et qui est créatif.»