L’acte de foi

Pas évident de tout comprendre au moment de faire sa contribution REER.

Chaque année, aux alentours de la Saint-Valentin, le scénario se répète : je fais 45 minutes de transport en commun pour me retrouver dans une succursale d’institution financière sise dans un no-man’s land et rencontrer un conseiller qui va m’aider à planifier une étape de ma vie à laquelle je n’ai jamais envie de penser : ma retraite.

Incidemment, des politiciens soucieux des finances publiques veulent faire en sorte que je quitte le marché du travail le plus tard possible, mais ça c’est une autre histoire.

Peu importe jusqu’où aura fondu la réserve publique, je dois me projeter dans 25-30 ans, sans avoir aucune idée de ce à quoi je pourrai ressembler rendue là. Serai-je globe-trotter ou grabataire?

Une corvée

Moi qui normalement m’entraîne à saisir l’instant présent, je trouve l’exercice assez absurde. Et pourtant, en bonne citoyenne informée, je m’y astreins pour ne pas «regretter plus tard». Un peu comme quand on va chez le dentiste – est-ce un hasard si la musique de fond est la même?

Chaque fois, je dois remplir un questionnaire servant à déterminer mon profil d’investisseur. Un peu honteuse, je coche invariablement la case «limité» pour décrire mon niveau de connaissance des produits financiers. Je pondère les variables Risque, Rendement et Sécurité. Le conseiller m’explique pour une énième fois, graphique à l’appui, que les portefeuilles finissent par prendre de la valeur à long terme.

Et je fais ma contribution annuelle, amassée au détriment de mille plaisirs – qui paradoxalement m’aideraient sans doute à durer jusqu’à l’âge-cible, allez savoir. Tout un acte de foi! L’économie tiendra-t-elle seulement le coup pendant toutes ces années?

Méfiante, mais submergée

Certains me diront que je n’ai qu’à m’informer davantage pour prendre des décisions plus éclairées. Ils ont bien raison. Mais j’ai l’impression que je ne suis pas sortie de l’auberge. Entre le manque d’éthique de certaines compagnies cotées en bourse, les gestionnaires de portefeuille trop gourmands, les actifs toxiques et les bulles spéculatives, j’en ai pour au moins 30 ans à me faire une idée. À moins que j’en fasse un projet de retraite?

Vivement une boîte de chocolat. Au moins, la gratification est immédiate!