Chaudière-Appalaches : bas taux de chômage!

Pour consulter le guide Carrières d’Avenir 2018, cliquez ici.

L’économie de la Chaudière-Appalaches tient un peu du miracle : même si le secteur manufacturier demeure important dans la région – alors qu’il est en déclin partout en Amérique du Nord –, on y trouve le plus bas taux de chômage de la province. Le secret de cette bonne santé? Des investissements privés solides et des entreprises innovantes.

Découvrez l’édition 2014 du guide
Les carrières d’avenir.

Les perspectives

L’économie de la Chaudière-Appalaches vogue un peu à contre-courant, dit Jean Laneville, analyste à l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. «Le secteur manufacturier y reste fort, alors qu’il perd du terrain partout en Amérique du Nord.» L’explication se trouve peut-être dans l’esprit entrepreneurial des Beaucerons ou dans la propension des entreprises régionales à investir dans leurs équipements et leurs installations. Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les investissements privés y ont crû de 26 % entre 2010 et 2012, comparativement à 13 % pour l’ensemble de la province.

Certes, la région n’échappe pas complètement au déclin du secteur manufacturier : selon les dernières données de l’ISQ, la Chaudière-Appalaches a perdu presque 6 500 emplois en fabrication de 2004 à 2010. Durant la même période, le sous-secteur de la transformation alimentaire a toutefois embauché 1 000 travailleurs de plus, toujours selon l’ISQ. «L’agroalimentaire est un secteur qui connaît une croissance stable, qui est peu affectée par les cycles économiques», explique Jean Laneville.

Les entreprises en plasturgie se portent également bien. «Elles ont développé de nouveaux marchés pour surmonter la crise de 2008, comme le Mexique. Elles peinent à trouver la main-d’œuvre dont elles ont besoin pour répondre à cette nouvelle demande», dit Simon Chrétien, directeur général de l’association régionale Vallée de la plasturgie.

D’autres secteurs manufacturiers moins traditionnels se développent, ajoute Dominique Bois, économiste à Emploi-Québec. Il mentionne Innoltek, par exemple. Ce fabricant de lubrifiants industriels a investi plus de un million de dollars en 2012 dans la production de biodiesel.

Les biotechnologies : une voie d’avenir

La région fait aussi preuve d’un esprit novateur en investissant dans des secteurs de pointe comme les biotechnologies. «Au cours des deux ou trois dernières années, une vingtaine d’entreprises de deux à cinq employés sont apparues dans ce domaine», dit Alain Cadoret, directeur général de l’incubateur d’entreprises AG-Bio Centre. Mieux :selon lui, ce rythme de croissance devrait se maintenir. En 2012, les firmes hébergées par son organisme ont trouvé 10 millions de dollars en financement. De quoi créer quelques postes!

Par ailleurs, Lévis inaugurera à l’automne 2013 l’Innoparc, un parc industriel spécialisé dans l’agrobiotechnologie, entre autres, c’est-à-dire les biotechnologies destinées au monde agricole. La Ville estime qu’environ 75 entreprises viendront s’y installer entre 2013 et 2020, générant ainsi quelque 1 200 emplois.

«Les technologies de l’information commencent aussi à s’imposer», ajoute Laurent Lampron, directeur général de la Conférence régionale des élu(e)s de la Chaudière-Appalaches. Ainsi, Creaform, une multinationale spécialisée dans les technologies 3D, prévoit tripler son chiffre d’affaires et créer environ 175 emplois dans la région entre 2013 et 2016.

Construire la région

«Les services professionnels, scientifiques et techniques seront un autre moteur de croissance important, à cause des projets de construction faisant appel à des bureaux d’architectes et d’ingénierie, par exemple», ajoute Dominique Bois.

Ainsi, la coopérative financière Desjardins construit une nouvelle tour dans la Cité Desjardins, à Lévis, ce qui va créer ou maintenir plus de 1 500 emplois en construction entre 2012 et 2014. La construction du centre commercial Carrefour Saint-Romuald, qui débutera au printemps 2013 à Lévis, nécessitera elle aussi quelques milliers de travailleurs. Ce centre accueillera une dizaine de grandes surfaces et «devrait créer de 2 000 à 2 500 nouveaux postes dans le commerce de détail», estime Laurent Lampron.
La région parvient-elle à fournir la main-d’œuvre nécessaire? «En général, les jeunes sont assez formés pour répondre à la demande des employeurs, dit Dominique Bois. En revanche, leur formation ne correspond pas toujours aux besoins du marché.» Cela est particulièrement vrai pour les postes requérant des études collégiales ou universitaires, qui restent plus difficiles à pourvoir. 10/12

Population

406 401 habitants

Des secteurs qui recrutent

    • Commerce de gros
    • Fabrication de machines
    • Finance, assurances, immobilier et location
    • Hébergement et restauration
    • Produits en caoutchouc et plastique
    • Produits métalliques
    • Services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien
    • Services professionnels, scientifiques et techniques
    • Soins de santé et assistance sociale
    • Transport et entreposage

Source : Dominique Bois, Emploi-Québec.

Principales villes

  • Lévis
  • Montmagny
  • Sainte-Marie
  • Saint-Georges
  • Thetford Mines

À Signaler

Desjardins prévoit embaucher entre 125 et 150 personnes à Lévis, en 2013, pour répondre à la demande grandissante dans le secteur des assurances.

Le fabricant de semi-remorques en aluminium Alutrec a doublé son personnel depuis 2012, passant d’environ 30 à 60 employés. Malgré cela, la PME doit refuser des contrats, faute de main-d’œuvre.

Le Groupe Bertec a maintenu 80 emplois et en a créé 25 autres en reprenant, en 2012, une usine de L’Islet spécialisée dans le développement et la fabrication d’équipements médicaux.

Second denim, un fabricant de vêtements beauceron, embauchera de 25 à 30 personnes en 2013 grâce à l’obtention d’un important contrat auprès de Nordstrom, une chaîne de magasins américaine. Second denim emploie actuellement 75 personnes en Chaudière-Appalaches.

Le fournisseur de services de télécommunication Sogetel a ouvert un bureau à Beauceville en février 2012, créant une vingtaine d’emplois, principalement des postes de techniciens.

Sur le terrain

Les 200 employés de Rotobec ne chôment pas : les ventes du concepteur et fabricant d’équipements de manutention de Sainte-Justine ont grimpé de 15 % en 2012 et devraient augmenter d’encore 15 % en 2013. «Nous travaillions surtout pour les entreprises forestières, mais nous avons diversifié notre clientèle», explique Donald Mercier, consultant en ressources humaines et relations de travail. Parmi ses nouveaux clients, la PME compte entre autres les industries ferroviaire et maritime.

La PME projette d’embaucher une vingtaine de personnes en 2013, surtout des soudeurs et des machinistes. Ces ouvriers sont si rares au Québec que Rotobec n’a pas le choix de se tourner vers l’étranger. L’entreprise embauchera neuf Costaricains au début de 2013 pour pourvoir ces postes. Afin de répondre à ses besoins, la compagnie forme aussi ses employés à l’interne et accueille des stagiaires. Rotobec a plusieurs stratégies pour tenter de retenir ses troupes, par exemple un tirage annuel qui permet à un employé de gagner un voyage d’une valeur de 2 000 $.

Les tendances démographiques

La population de la Chaudière-Appalaches devrait croître d’environ 10 % d’ici 2031, prévoit l’Institut de la statistique du Québec. Cette hausse demeure légèrement inférieure à la moyenne québécoise, qui est de 15 %, «mais devrait tout de même bénéficier au secteur des services», dit Dominique Bois, économiste à Emploi-Québec.

Mais même si le nombre d’habitants augmente, ces derniers continuent à vieillir. En effet, dans 25 ans, les plus de 65 ans représenteront pratiquement une personne sur trois. La Chaudière-Appalaches perd aussi ses jeunes de 15 à 24 ans. «C’est particulièrement vrai dans le sud de la région, où l’économie est moins diversifiée et a subi plus durement la crise du bois d’œuvre», dit Dominique Bois.

Selon l’économiste, cette jeunesse qui se fait rare et les départs à la retraite vont compliquer le recrutement et freiner la croissance économique de la région.

Recherchés

  • Agents et courtiers d’assurance
  • Analystes et consultants en informatique
  • Estimateurs en construction
  • Gestionnaires de systèmes informatiques
  • Ingénieurs en génie civil
  • Ingénieurs en génie mécanique
  • Machinistes et vérificateurs d’usinage et d’outillage
  • Pharmaciens
  • Techniciens et mécaniciens d’instruments industriels
  • Technologues en génie civil

Source : Emploi-Québec. Le marché du travail dans la région de la Chaudière-Appalaches, Perspectives d’emploi par profession 2011-2015, 2012.