Ma job? Dessiner les superhéros les plus célèbres

Yanick Paquette, Comics artist
Photo : Martin Laprise

Dans son studio rue Ontario, à Montréal, Yanick Paquette dessine les superhéros les plus célèbres au monde.

J’avais l’ambition de gagner ma vie en tant qu’auteur de BD. Mais cela m’apparaissait impossible d’être Québécois et de dessiner Batman ou Superman pour des comics américains.

Deux rencontres m’ont fait changer d’avis. Au milieu des années 1990, il se tenait régulièrement à Montréal un salon de la BD. On y invitait souvent deux auteurs québécois : Gabriel Morrissette (Spider-Man, Punisher, etc.) et Denis Rodier, qui était alors l’encreur de Superman. J’allais leur montrer mes dessins et ils relevaient mes erreurs. Ils m’ont expliqué comment percer dans l’industrie; ils ont été, en quelque sorte, mes mentors.

Ils m’ont convaincu d’envoyer des exemples de mon travail à tous les éditeurs de comics. Pendant six mois, j’ai dû poster une dizaine d’enveloppes chez Marvel et une autre dizaine chez DC Comics. Puis, un jour, un éditeur m’a téléphoné. J’ai décroché le contrat de Wonder Woman. C’était en 1998.

Vingt-deux pages à livrer par mois. Quand on a peu d’expérience, c’est monstrueux comme amas de travail! J’en avais des palpitations cardiaques! Avec le temps, j’ai pu négocier des délais de livraison moins fous.

Après Wonder Woman, il y a eu Superman (2000-2001). De 2003 à 2005, j’ai travaillé sur Terra Obscura avec Alan Moore (pour les connaisseurs, c’est un dieu sacré du comics). Chez Marvel, j’ai ensuite dessiné les X-Men pendant trois ans. L’an dernier, j’ai fait Batman et, depuis 2011, je suis sur Swamp Thing, une sorte de créature des marais. C’est un personnage moins connu, mais j’aime beaucoup le faire. Ce n’est pas une histoire de superhéros, plutôt un truc d’horreur. Et disons qu’à 36 ans… les bonshommes en «spandex» qui se lancent des autos… cela n’a plus le même charme qu’à 17 ans!

En plus, l’éditeur (DC Comics) me demande d’être le plus innovateur possible. J’ai l’impression que je peux laisser ma marque avec Swamp Thing. Certaines personnes regardent de haut ce que je fais. Ils me disent que je vends mon âme à des multinationales américaines. Bien sûr, les histoires que j’illustre ne sont pas les miennes. Je ne parle pas de mon nombril… Et alors?

Je me considère plutôt comme un réalisateur. Steven Spielberg n’a pas inventé le concept du parc jurassique, mais je suis sûr qu’il a eu du plaisir à réaliser son film. En ce qui me concerne, je décide de l’allure des personnages, du cadrage. J’ai beaucoup de liberté.

En plus, mon budget d’effets spéciaux est illimité. Si je veux dessiner un monstre à dix-neuf têtes… c’est possible!

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