Illustrer les réunions

Illustration : Sara Heppner-Waldston

Existe-t-il un remède à la léthargie postprésentation PowerPoint? Donnez à vos réunions un p’tit remontant : invitez-y un facilitateur graphique. C’est ce que suggérait en septembre 2010 le Harvard Business Review. Avec un artiste qui crée en direct une synthèse visuelle des échanges, on accroît les chances de raviver l’auditoire et de fixer la séance dans les mémoires…

Quand elle est conviée à une présentation, une réunion ou une conférence, la Montréalaise Sara Heppner-Waldston arrive équipée de feuilles géantes, de marqueurs et de craie. La facilitatrice graphique se fait tout ouïe pour capter les idées clés et les synthétiser sur papier au moyen de symboles, de mots et de dessins. Une fois numérisées, ses affiches colorées servent de compte rendu visuel et concis des séances. Comme leurs questions et remarques sont intégrées à l’affiche, les participants se sentent concernés et interviennent plus, explique Sara : «Les illustrations stimulent même les discussions par la suite et aident [les participants] à traiter et retenir l’information, me disent-ils.»

Créée à la fin de 1970 à San Francisco, la facilitation graphique n’a connu un réel essor qu’après 1995, alors que des experts du domaine ont fondé l’International Forum of Visual Practitioners (IFVP). Paradoxe : cette discipline à faible technicité a profité du boum techno de la côte ouest américaine des années 1990, car certains leaders du secteur, comme HP et Apple, l’ont popularisée en l’utilisant dans leurs réunions internes.

Sara demeure néanmoins un spécimen rare : 20 personnes au plus exerceraient ce métier à temps plein au Canada, estime-t-elle. Surtout établis en Ontario et dans l’Ouest, ses collègues ne seraient qu’une poignée au Québec. La Vancouvéroise Christina Merkley, formatrice et facilitatrice graphique chevronnée, estime que si des milliers de travailleurs dans le monde utilisent des techniques de facilitation graphique, pas plus de 300 en ont fait un métier.

En 1995, après dix années passées à créer des murales dans des lieux publics, des entreprises et des résidences privées, Sara a eu la puce à l’oreille quand une amie, au retour d’une conférence, lui a décrit le travail d’un facilitateur graphique qu’elle avait vu à l’œuvre. «L’idée m’a emballée, dit Sara. Dès lors, c’est ce que j’ai voulu faire.»

Munie d’un diplôme en design graphique décroché à l’Université Concordia en 1983, avant que la discipline ne s’informatise, Sara maîtrisait les techniques essentielles, comme le lettrage à la main. En l’absence de formation officielle en facilitation graphique, Sara s’est spécialisée grâce notamment aux ateliers de l’IFVP et de Christina Merkley.

«C’est un métier de rêve, assure Sara. Il sollicite diverses facettes de l’intelligence, comme la créativité et le sens de l’organisation.» Son travail l’oblige à s’ancrer dans l’instant pour tout capter des discussions et structurer l’information. «Bien des gens cherchent à vivre le moment présent, dit-elle. Par bonheur, c’est ainsi que je gagne ma vie.»

Site Web de Sara Heppner-Waldston

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