Atomes crochus pour les sciences?

Malgré la promesse de carrières stimulantes, les jeunes boudent la chimie. Pourtant, les défis et avantages y sont nombreux.

«Les jeunes ne se dirigent pas naturellement en sciences et en chimie», constate Caroline Renaud, gestionnaire en ressources humaines chez St-Jean Photochimie, à Saint-Jean-sur-Richelieu. «Pour s’intéresser à la chimie, il faut souvent avoir baigné dedans jeune, qu’une personne nous ait initié à la chose et que l’expérience nous ait marqué.» Pourtant, en choisissant un métier dans ce secteur, on peut faire avancer la science, que l’on soit dans un laboratoire ou aux opérations dans l’usine.

Martin Giguère, chimiste en recherche et développement chez St-Jean Photochimie, en témoigne. «Mon emploi me permet d’exprimer ma créativité, se réjouit-il. J’ai une idée, je la teste et je vois le résultat. Cette instantanéité est grisante. Lorsqu’on passe du ballon de laboratoire à l’usine de production et que ça fonctionne, c’est une victoire.» Martin travaille notamment à trouver de nouvelles voies de synthèse permettant d’améliorer la pureté des produits chimiques (molécules photosensibles, polymères) qui entrent dans la composition de puces électroniques. Cela permet d’éviter les défauts de fabrication, car plus un produit est petit, plus ses composants chimiques doivent être purs.

Technicien en procédés chimiques et chef d’équipe, son collègue Charles Chaput veille dans l’usine à la bonne utilisation du procédé, des appareils et des équipements. «Je signale tout ce qui semble ne pas tourner rond. C’est plaisant, car tout le monde – les techniciens, ingénieurs en génie chimique, chercheurs – travaille en collaboration pour obtenir de bons résultats.»

Conditions intéressantes

Outre les défis professionnels, l’industrie de la chimie, de la pétrochimie et du raffinage promet aussi des emplois payants. Par exemple, chez CEPSA Chimie Bécancour, les techniciens en procédés chimiques ont un salaire horaire de départ de 25,28 $, puis de 34,63 $ après cinq ans. En plus des congés de maladie, les techniciens ont accès à une banque de temps de 72 heures de congé qu’ils peuvent prendre sans préavis.

 

Un diplômé qui débute dans une PME se verra offrir en moyenne un salaire de 14 $ à 16 $. Faute de pouvoir concurrencer la grande entreprise, St-Jean Photochimie mise sur l’amélioration de la qualité de vie au travail. «Nous tentons toutefois d’offrir des salaires, une couverture d’assurance et des REER compétitifs par rapport à ce que donnent les PME de même taille», fait remarquer Caroline Renaud, qui refuse d’en dévoiler davantage. «Nos techniciens ne travaillent plus le week-end, ils ont plus facilement accès aux postes de chefs d’équipe et la “chimie” a été renforcée entre les travailleurs.»

Martin Demers, de l’Institut de chimie et de pétrochimie du Collège de Maisonneuve, indique que les diplômés qui travaillent en raffinage et en pétrochimie peuvent, avec l’expérience, aspirer à devenir superviseurs de production, contremaîtres, formateurs ou spécialistes en santé et sécurité au travail.

Avenir prometteur

Dopée par une réglementation environnementale toujours plus contraignante, la chimie entreprend aussi le virage vert. Un défi stimulant pour les nouveaux venus qui ont des atomes crochus avec la protection de l’environnement. «C’est un créneau d’avenir, rempli de défis», note Jean-Jacques Drieux dont l’entreprise, Produits chi­miques Magnus, s’est lancée récemment dans la chimie verte. «La nouvelle géné­ration aura vraiment l’impression d’être utile et de changer les choses.»