Réunions marchées : lève-toi, il faut qu’on parle

marcher

Un gym d’entreprise, le transport actif ou des postes de travail debout sont de bonnes façons d’augmenter le niveau d’activité physique des employés. Une autre solution gagne en popularité : les réunions marchées.

Deux ans. C’est le nombre d’années d’espérance de vie que nous gagnerions si nous passions moins de trois heures par jour assis, selon une étude américaine publiée en 2012. Selon les auteurs, la position assise prolongée est aussi néfaste pour la santé que le tabagisme ou l’obésité.

À en croire les scientifiques, la plupart des Occidentaux sont concernés. Notre postérieur est sollicité presque sans arrêt pour peu que l’on travaille avec un ordinateur. Selon un récent sondage, certains Américains évaluent passer jusqu’à une douzaine d’heures par jour assis! Heureusement, les solutions pour rendre le boulot plus actif commencent à se multiplier. La nouvelle vague? Les réunions… marchées!

La pratique, popularisée par la série The West Wing, est de plus en plus répandue aux États-Unis, surtout en Californie : Steve Jobs en était un adepte, et Mark Zuckerberg aime rencontrer ses futurs employés en marchant avec eux.

L’idée est toute simple : au lieu de s’asseoir autour d’une table pour tenir une réunion, les participants enfilent des chaussures confortables et discutent en marchant. La rencontre peut se dérouler en tête-à-tête, à trois ou à quatre. Au-delà de ce nombre, certains participants peuvent avoir du mal à suivre les échanges.

Tendance, ou gros bon sens?

Les adeptes à qui nous avons parlé le font tout naturellement. «Est-ce que c’est commun de dire “Allons dehors” pour une réunion? Absolument, et je le fais tous les jours», raconte Chloé Mathieu Philipps, New-Yorkaise d’adoption et directrice – Contenus et médias sociaux pour l’agence de marketing 360i. «Mais personne n’utilise le terme “réunion marchée”, et on ne le fait pas parce que ce serait une tendance cool… On le fait pour des raisons pratiques, parce qu’il fait beau ou parce qu’on a besoin d’air frais», poursuit-elle.

Même modestie chez Nancy J. Adler, professeure à McGill et titulaire de la Chaire S. Bronfman en gestion. «Je n’ai jamais utilisé le terme “réunion marchée”», explique celle qui amène régulièrement des collègues en promenade sur le mont Royal pour discuter de problèmes délicats ou complexes. «Lorsque je donne des formations pour les cadres supérieurs, j’envoie les gens discuter deux par deux en randonnée. Mais je n’ai jamais pensé enseigner ça comme une technique à appliquer dans les bureaux!»

Le temps, c’est de l’argent

Que l’on s’en vante ou non, parler en marchant comporte son lot d’avantages. «Le premier se trouve dans la gestion du temps», explique Émilie Lachance, kinésiologue, et adepte des réunions actives depuis ses études doctorales. «On sait qu’on doit pratiquer une activité physique de façon régulière, mais on a tous des horaires très chargés. Se réunir en marchant devient une belle façon de conjuguer activité physique quotidienne et travail.»

En prime : nul besoin de passer par la douche après l’effort. «Avec un exercice d’intensité légère comme la marche, c’est très rare qu’on ait très chaud. Donc, l’inconvénient de la sueur n’est pas une bonne excuse pour rester assis», plaisante Émilie Lachance.

Des idées qui bouillonnent

Les bienfaits des réunions marchées vont bien au-delà du système cardiovasculaire. Combien de fois avez-vous eu l’idée du siècle en marchant vers la salle de bain? «On sait que faire un effort d’intensité légère à modérée augmente de 25 % la quantité d’oxygène fournie au cerveau. Donc, ça peut aider à générer de bonnes idées et de la créativité», poursuit Émilie Lachance.

Changer d’environnement et sortir à la lumière du jour peuvent également réactiver vos neurones. Nancy J. Adler croit que la verdure du mont Royal est beaucoup plus inspirante qu’un environnement de bureau. «En commençant à marcher avec des amis, j’ai réalisé que mes conversations étaient beaucoup plus profondes, plus engagées», note-t-elle.

Mais attention à l’intensité de l’effort : trop pousser la machine pourrait avoir un effet contraire à celui qui est recherché. Calculer, faire des raisonnements complexes devient alors difficile, alors que le corps est occupé à acheminer le sang aux muscles en action, au détriment du cerveau.

Autre bonne raison de tenir des conciliabules ambulants : avancer côte à côte peut aider à faire tomber les barrières hiérarchiques et rendre la conversation moins intimidante, selon le site de l’organisme Feet First, qui fait la promotion des déplacements à pied.

Pensez-y avant de dire : «Assieds-toi, il faut qu’on parle!»

Trucs de pros

Vous voulez tenter le coup? Voici quelques trucs pour organiser une bonne réunion marchée… et pour que vos collègues aient envie de répéter la formule :

  • Rassemblez un petit groupe (2 à 4 personnes).
  • Commencez par marcher jusqu’à un café ou un autre endroit où vous asseoir, puis, lors des réunions suivantes, augmentez graduellement le temps de marche.
  • Choisissez un endroit peu bruyant, idéalement à l’extérieur.
  • Tenez la réunion dans des conditions météorologiques favorables.
  • Prévenez les participants que la réunion se fera en marchant, pour éviter l’effet de surprise. Dites-leur de prévoir des chaussures et des vêtements confortables.
  • Choisissez un sujet qui ne nécessite pas beaucoup de prise de notes; équipez-vous de tablettes rigides si nécessaire, ou d’un enregistreur.
  • Faites éteindre les téléphones portables.
  • Prévoyez l’itinéraire : vous perdre n’augmentera certainement pas la productivité.

 

 

D’autres types de réunions actives :

  • Les réunions debout, populaires chez Ubisoft. Debout, on évite d’étirer inutilement les discussions!
  • Les réunions sur vélo stationnaire : «Je connais même un groupe de fonctionnaires qui a installé des vélos stationnaires directement dans la salle de conférence», raconte Émilie Lachance. Le problème de la prise de notes est aussi simplifié lorsqu’on peut s’appuyer sur le vélo.
  • Les réunions en joggant : pour sportifs aguerris seulement.

 

 

Dans ce dossier sur l’activité physique :

Par Catherine Couturier