Nettoyer les marées noires peut nuire à la santé

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Les travailleurs et les bénévoles qui participent aux efforts de nettoyage après un déversement pétrolier s’exposent à des problèmes de santé s’ils ne sont pas suffisamment protégés.

Parlez-en à Merle Savage, qui a participé aux opérations de nettoyage à la suite du naufrage de l’Exxon Valdez en 1989. En entrevue à Fast Company, elle affirme n’avoir reçu ni formation ni équipement protecteur à l’époque. Elle s’était attelée à la tâche sans savoir que respirer des vapeurs de pétrole brut pouvait être néfaste.

Ayant d’abord souffert d’étourdissements et de nausées, elle a cru qu’il s’agissait d’une grippe. Puis, les problèmes de santé plus sérieux se sont mis à déferler : cirrhose du foie (bien qu’elle ne boive pas), arthrite rhumatoïde, diarrhée constante et problèmes respiratoires. C’est en rencontrant une toxicologue spécialisée en pollution pétrolière qu’elle a fait le lien avec son état de santé et sa participation aux efforts de nettoyage.

L’histoire se répète

En mai 2010, quatre pêcheurs louisianais recrutés par BP pour nettoyer la nappe de pétrole dans le golfe du Mexique se sont plaints de symptômes similaires à ceux qu’avait initialement ressentis Mme Savage (nausées, maux de tête, étourdissements et difficultés respiratoires). Ces travailleurs avaient reçu une formation, mais pas d’équipement protecteur ne serait-ce que des gants, selon le Los Angeles Times.

L’ironie, c’est que les pêcheurs locaux n’avaient d’autre choix que de travailler pour BP puisque la fuite de pétrole causée par l’explosion de la plate-forme Deep Water avait contaminé les sites de pêche…

Selon un représentant de la Louisiana Shrimp Association cité dans une vidéo de Democracy Now, la pétrolière aurait refusé de leur fournir des appareils de protection des voies respiratoires sous prétexte que cet accoutrement communiquerait une image trop alarmante de la situation s’il venait à être montré aux nouvelles télévisées. BP aurait même menacé de congédiement les travailleurs qui s’aviseraient d’en porter.

Quoi qu’il en soit, c’est avec une étonnante désinvolture que le PDG de BP a attribué les malaises éprouvés à une intoxication alimentaire … Une hypothèse rapidement invalidée par un spécialiste des maladies alimentaires consulté par CNN.

De son côté, un autre porte-parole de BP a affirmé que les analyses de la qualité de l’air effectuées par la pétrolière sur les sites de nettoyage n’indiquaient pas que des appareils respiratoires soient requis.