Ma conciliation travail-famille

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De retour de congé de maternité depuis un mois et demi, j’apprends à la dure ce que signifie «conciliation travail-famille».

Je ne vous raconterai pas mes déboires domestico-professionnels des dernières semaines, car je suis loin d’être la seule à passer par là et mon histoire ressemble à celle de tout le monde. Mais, étant de plus en plus intéressée par tout ce qui touche la question, je constate que les points de vue abondent quand on parle de conciliation travail-famille.

De multiples définitions

Certains la revendiquent comme un droit ou un projet de société, d’autres estiment que c’est un idéal impossible à atteindre, d’autres encore s’évertuent à donner des trucs pour y parvenir, et il y a ceux (en fait surtout celles) qui y voient la pierre angulaire de l’égalité hommes-femmes. La diversité des écoles de pensée peut dérouter à première vue, mais l’avantage d’y avoir accès est qu’on peut les passer au crible pour se faire une opinion.

J’ai noté qu’il est de bon ton ces temps-ci d’affirmer que chaque individu doit faire des choix et vivre avec. Autrement dit, on ne peut pas tout avoir. Soit on a des enfants, soit une carrière et on s’épanouit dans l’un ou l’autre.

Mais les tenants de cette philosophie semblent oublier que la plupart des gens – hommes ou femmes – sont obligés de travailler pour vivre. C’est vrai qu’on peut faire des efforts pour diminuer notre consommation et travailler moins, mais le coût de la vie étant ce qu’il est (pensons seulement au logement), bien peu de ménages peuvent fonctionner avec un seul salaire.

Pas juste une affaire de femmes

De toute manière, les adultes d’aujourd’hui (disons les moins de 60 ans), hommes et femmes, ont été éduqués en fonction d’une future carrière. Résultat : les femmes n’ont jamais été aussi présentes sur le marché du travail et les filles sont maintenant majoritaires dans les universités. Ce doit être parce que la réalisation personnelle et l’autonomie financière contribuent à leur qualité de vie, voire à celle de leurs enfants. En effet, une récente étude démontre que les enfants dont la mère travaille réussissent mieux à l’école.

Puisque les femmes passent généralement beaucoup moins de temps à la maison, les hommes participent de plus en plus aux tâches familiales. Bref, tout le monde est dans le même bateau.

La certification

Ayant pris acte de ces réalités, le ministère de la Famille et des Aînés a instauré en avril 2011 une norme de conciliation travail-famille, à laquelle les employeurs sont libres d’adhérer. Semaines de travail comprimées, horaires flexibles, télétravail et remboursement des frais de garde en cas d’heures supplémentaires font partie des mesures à instaurer pour être certifié.

La perfection n’est pas de ce monde

Cela dit, je suis assez d’accord avec ceux qui disent que même dans les meilleures conditions, la conciliation reste imparfaite. On aura beau travailler à temps partiel, notre enfant ne choisira pas forcément la journée où on reste à la maison pour faire 40 de fièvre. Et on aura beau avoir fait les lunchs la veille, comme l’illustre la blogueuse Madame Unetelle, le petit trouvera quand même moyen de mouiller sa salopette en chemin vers la garderie.

Résister mentalement à cet état de fait ajoute un stress inutile. Mieux vaut surfer au gré des vagues. C’est d’ailleurs ce que propose Jon Gordon dans son livre The Seed. Parfois, c’est le travail qui nous demande plus, parfois c’est la famille, rappelle-t-il. Il faut donc concevoir nos contributions à chaque sphère non pas au quotidien, mais à long terme – annuellement par exemple, ou sur une base saisonnière.

J’assume!

Depuis la naissance de ma fille, je compose avec mille petites conciliations : famille-repas, famille-loisirs, famille-maladie, famille-ménage, famille-couple, famille immédiate-famille élargie. Le travail en est une de plus. Elle transforme le travailleur en un être hybride : le parent-qui-travaille.

C’est un choix qui s’assume. Ça signifie s’absenter plus souvent du boulot, quoi qu’on pense qu’en penseront les collègues. Dire non plus souvent aussi : au patron, au conjoint et aux enfants, selon les exigences du moment. Faire de son mieux compte tenu des circonstances. Et avoir confiance dans la légitimité de ses décisions.