Les gagnants de la formation universitaire

Pendant la dernière récession, 300 000 emplois destinés aux diplômés universitaires ont été créés au Canada. Portrait des disciplines qui se démarquent le plus!

La récession n’a pas été tendre envers le marché de l’emploi et les travailleurs. Pourtant, ça n’a pas empêché les employeurs d’embaucher quelque 300 000 diplômés universitaires pendant cette période sombre, selon les chiffres avancés par l’Association des universités et collèges du Canada.

Gregg Blachford, directeur des services administratifs du Service de planification de carrière à l’Université McGill, témoigne de la vigueur retrouvée du placement universitaire en 2011. «Nous avons affiché seulement 4 840 postes en 2008-2009, et 5 090 en 2009-2010. En 2010-2011, le nombre de postes s’élève à 6 131, un niveau supérieur à celui d’avant la crise.»

Même constat à HEC Montréal, où le directeur du Service de gestion de carrière, Pierre Francq, a vu les offres d’emploi chuter de 25 % en 2009, puis encore de 7 % en 2010. Les signes semblent indiquer une remontée en 2011. «Comme chaque année, les entreprises se sont présentées sur notre campus à l’automne dernier pour courtiser les futurs finissants de mai 2011. Or, il y a eu une hausse de 20 % des offres d’emploi faites lors de ces événements, [par rapport à 2009 et 2010].»

Des valeurs sûres

Pour ceux qui préfèrent jouer de prudence, le secteur de la santé continue d’offrir d’excellentes perspectives. Plusieurs spécialistes, notamment les ergothérapeutes et les physiothérapeutes, sont très prisés. «À l’Université de Sherbrooke, les 20 finissants en ergothérapie et les 25 en physiothérapie ont respectivement pu choisir parmi 191 et 123 postes», indique Serge Gagné, directeur de la section placement du Service des stages et du placement.

De son côté, la responsable de l’aide à l’emploi à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Marie-Ève Perron, témoigne de la solidité de la demande en génie. En 2011, cet établissement comptait 4 finissants en génie chimique pour 38 offres d’emploi, 24 en génie électrique pour 59 offres, 8 en génie informatique pour 52 offres, 25 en génie industriel pour 61 offres et 21 en génie mécanique pour 55 offres.

Avec la hausse de la valeur des matières premières, qui provoque un véritable boum minier dans plusieurs régions, le génie minier se démarque. À l’Université Laval, le directeur adjoint des services professionnels, André Raymond, avait 87 offres à proposer aux finissants en génie des mines, qui sont une vingtaine par année.

Les TIC sur la voie de la croissance

Les étudiants qui boudent les TIC devraient y penser à deux fois. En effet, le Conseil des technologies de l’information et des communications prévoit des pénuries de main-d’œuvre dans ce secteur au cours des cinq prochaines années. Il deviendra difficile de pourvoir les postes de gestionnaires de systèmes informatiques, d’ingénieurs informatiques, d’analystes et de consultants en informatique, d’ingénieurs en génie logiciel, électrique ou électronique. À l’École de technologie supérieure, les diplômés en génie logiciel et en génie des technologies de l’information ont pu consulter 4 offres d’emploi chacun en 2009 et 16 offres d’emploi chacun en 2011!

Avec tous les chantiers en cours ou prévus, le génie civil a également la cote. «Le nombre de nos diplômés en génie de la construction et génie civil a triplé depuis trois ans, note le directeur du Service de l’enseignement coopératif de l’École de technologie supérieure, Pierre Rivet. Nous avons accordé 250 diplômes cette année, et nous devrions en remettre plus de 300 l’an prochain.» Malgré cette augmentation, la demande reste forte. La moitié des diplômés de 2011 ont été embauchés dans une des entreprises où ils ont fait un stage, et 30 % ont trouvé un emploi en faisant des recherches personnelles, avant même la fin de leurs études.

L’École Polytechnique Montréal offre le baccalauréat en génie aérospatial depuis trois ans. La première cohorte de diplômés sortira en 2012. S’il est trop tôt pour parler de placement, l’École a reçu trois fois plus de demandes de stages en 2011, par rapport à 2010, selon Allan Doyle, directeur du Service des stages et du placement. Le secteur de l’aérospatiale n’embauche pas que des ingénieurs. Cette année, Bombardier a recruté une quinzaine de futurs diplômés sur le campus d’HEC Montréal, raconte Pierre Francq. La compagnie recherchait des comptables et des gestionnaires des TI, notamment. Une méthode agressive et rapide qui illustre les besoins pressants des entreprises de ce domaine, croit le directeur.

Des mal-aimés et des peu connus

Certains secteurs boudés des étudiants offrent aussi de bonnes perspectives d’emploi. À l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, le baccalauréat en aménagement et environnement forestiers et le baccalauréat coopératif en opérations forestières sont suspendus depuis 2009, en raison du manque d’inscriptions. Pourtant, selon André Raymond, il y a des besoins. «Il se fait encore beaucoup d’aménagement forestier et d’exploitation forestière au Québec. La crise forestière a éloigné les étudiants de ces programmes et la main-d’œuvre vieillit.» À l’Université Laval, en 2010, il y a eu 98 offres d’emploi pour une trentaine de finissants en aménagement et environnement forestiers.

Formation non complétée : est-ce une embûche?

«Les entreprises privées embauchent de plus en plus en sciences humaines et sociales, alors qu’auparavant elles se limitaient plus aux secteurs de l’administration ou des sciences», note par ailleurs Daniel Grant, conseiller en emploi et liaison avec les employeurs à l’Université de Moncton. Les finissants en psychologie, par exemple, trouveraient des postes dans le marketing ou dans la vente. André Raymond cite de son côté les finissants en langues étrangères et en théologie. «Il peut être utile pour une entreprise de compter sur des gens maîtrisant une langue étrangère, que ce soit pour faire des affaires à l’international ou pour joindre les communautés culturelles du Québec, dit-il. De la même façon, une bonne connaissance des religions peut aider les employeurs à mieux gérer leur personnel et à comprendre leurs collaborateurs étrangers.»

Les diplômés en éducation sont aussi très populaires. À l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Hélène Boissé, registraire et directrice des services aux étudiants, indique que les très demandés diplômés en enseignement des mathématiques se font rares.

Une autre preuve que les diplômés universitaires n’ont jamais eu autant la cote.

Le secteur financier se relève de la crise économique

> Comptabilité. Dans toutes les régions du Québec, on s’arrache les comptables. À l’Université de Sherbrooke, en 2010-2011, le Service d’aide à l’emploi et au placement affichait 1 139 postes pour 77 finissants inscrits! À HEC Montréal, le nombre d’offres s’élevait à 559 en 2010 pour 226 finissants, et il devrait être plus élevé en 2011, selon le directeur du Service des stages et du placement, Pierre Francq.

> Finance. À HEC Montréal, le nombre d’offres d’emploi a chuté de 903 pour 199 finissants en 2008 à 636 pour 178 finissants en 2009, mais il remonte régulièrement depuis 2010.

> Administration. À McGill, les finissants au baccalauréat en administration se sont vu offrir 806 emplois en 2011, comparativement à 509 l’année précédente.

> Marketing. À HEC Montréal, le nombre d’offres d’emploi est passé de 1 261 pour 125 finissants en 2008 à 910 pour 122 finissants en 2009, mais la croissance a repris depuis 2010.

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