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La résilience professionnelle

« J’ai appris à transformer le malheur en épreuve. Si l’un fait baisser la tête, l’autre la relève. » 

 – Catherine Enjolet

Comment expliquer que certaines participantes que nous accompagnons dans leur intégration socioprofessionnelle retombent sur leurs pieds plus rapidement que d’autres? Et ce, malgré des parcours et des épreuves assez similaires? Pourquoi certaines personnes parviennent-elles à surmonter plus facilement les obstacles qui les éloignent de leur objectif? Et surtout, comment réussissent-elles à garder une attitude positive face à l’adversité? Une des réponses à ces nombreuses questions : La résilience!

Nous avons par exemple, accompagné Mme Tremblay* qui, à la suite d’une perte d’emploi, a su mobiliser ses ressources et oser demander de l’aide pour rapidement obtenir des rencontres d’information avec les employeurs, des entrevues et ainsi trouver un emploi. À l’inverse, Mme Morin*, elle aussi en recherche d’emploi, ne s’est pas engagée dans un processus d’accompagnement, fut effrayée par la perspective d’une entrevue et est aujourd’hui découragée face à sa recherche d’emploi. Qu’est-ce qui différencient alors ces deux profils?

Selon la revue Psychologie*, la résilience serait la capacité que possède un individu à faire face à une épreuve difficile ou génératrice de stress. En psychologie, le concept de résilience ou  « l’art de naviguer entre les torrents », a été introduit par son précurseur, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, dans les années 90. La résilience se compose donc d’un équilibre entre le stress et les difficultés et, d’autre part, l’aptitude à faire face à la situation ainsi que la disponibilité et le soutien d’une personne significative. Jean Garneau, psychologue, indique que la réalité de la résilience est une notion universelle et qu’elle transcende les cultures et les types d’organisations sociales.

Les milieux de travail actuels subissent des changements de plus en plus fréquents : restructurations, hauts taux de roulements, flexibilité des horaires, évolutions technologiques, etc… Certaines personnes arrivent difficilement ou pas du tout à s’ajuster à ces changements. L’absentéisme croissant, dû à des questions de santé mentale, est l’un des indicateurs de cette réalité. Selon l’Association canadienne de santé mentale, son taux augmente de manière vertigineuse chez les jeunes travailleurs!

La résilience est également un processus d’autoguérison et de résistance aux maladies mentales. Cependant, sans un bon réseau social, une personne ne pourra pas faire preuve de résilience. La meilleure preuve pour illustrer ce propos, nous l’observons chez les participantes que nous recevons : la participation à un groupe de recherche d’emploi favorise la confiance en soi et un cheminement plus assuré dans son parcours professionnel. Le groupe sert alors de levier facilitateur à l’estime de soi.

Les concepts fondamentaux de la résilience

Les facteurs de risque correspondent à une vulnérabilité face aux obstacles temporaires que peuvent rencontrer les individus dans l’environnement dans lequel ils évoluent. Certaines caractéristiques des individus ou de leurs situations personnelles ou professionnelles représentent également des risques. Par exemple, la précarité d’emploi, une fin de contrat, la perte de l’estime de soi, etc.

« Les facteurs de protection pourraient inclure les compétences, les facteurs de personnalité et les mécanismes de soutien ambiants qui contribuent à la résilience. » (Mangham et al.,1995).

Par exemple, la connaissance de soi, la confiance en soi, la reconnaissance de ses acquis et l’appartenance à un groupe permettent d’acquérir une bonne estime de soi. Celle-ci peut fluctuer en fonction des épreuves de la vie et est nécessaire au développement d’une carrière professionnelle épanouie. L’équilibre entre l’esprit critique et la capacité d’introspection permet aussi de réguler des relations de travail harmonieuses. D’autres facteurs comme l’optimisme, le sens de l’humour et la faculté à faire face au stress sont aussi déterminants dans la capacité d’une personne à surmonter une épreuve professionnelle, comme par exemple lorsque l’on se prépare pour une entrevue ou lors d’une activité de réseautage.

Un réseau social riche et dynamique est aussi une des clés de la résilience. Des milieux de soutien qui brisent l’isolement, favorisent les liens de solidarité avec des pairs significatifs et la présence de personnes aidantes, tels que peuvent l’être les groupes de recherche d’emploi, sont donc nécessaires pour relever de nouveaux défis.

Résilience et développement socioprofessionnel

Voici quelques indicateurs du processus de résilience qui peuvent influencer positivement le développement socioprofessionnel et des idées de pratiques efficaces qui y sont associées :

Croire en soi : En s’entourant de pairs significatifs et de relations positives et inspirantes, on améliore sa confiance en soi. Le mentorat professionnel peut être une bonne stratégie pour bien s’entourer.

Se connaitre : Un bilan de compétences approfondi favorise une meilleure connaissance des acquis, des valeurs, du savoir-être et savoir-faire, des compétences transférables et de son parcours en général.

Saisir les opportunités d’emploi et d’apprentissage : Il faut avant tout être curieux et s’ouvrir à de nouvelles opportunités, même lorsqu’elles nous font sortir de notre zone de confort. Les organismes d’aide à l’emploi peuvent être de bonnes ressources pour avoir accès à de multiples offres. La formation continue en milieu de travail peut aussi permettre de progresser professionnellement et de rester motiver.

Développer ses aptitudes au travail : Explorer de nouveaux secteurs par le biais du bénévolat et de stages aidera à développer de nouvelles compétences et du savoir-être.

Prendre des décisions et planifier : La participation à des structures associatives, conseils administratifs ou comités divers permet l’acquisition de meilleurs outils de planification et de gestion des priorités. Une conseillère en employabilité peut aussi aider à préparer un plan d’action adapté à sa propre recherche d’emploi.

À retenir

Différents concepts sont associés à la résilience : compétences sociales, cognitives, comportementales et estime de soi. Cela nous invite donc à travailler et réfléchir sur ces différents facteurs, à travers des formations, des bilans de compétences, des échanges avec des pairs, du réseautage ou encore grâce aux conseils d’une conseillère en emploi. Et n’oublions pas de faire confiance à nos ressources personnelles et de les nourrir par des activités favorisant notre bien-être personnel et notre confiance en nous-même!

Écrit par: Elena Martinez, Conseillère en emploi au Centre des femmes de Montréal

Sources :

Un merveilleux Malheur et Les vilains petits canards de Boris Cyrulnik, Éditions Odile Jacob, 1999, 2001.

www.psychologies.com/dico-psycho/resilience

*Noms fictifs

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Centre des femmes de Montréal

Depuis 1973, le Centre des femmes de Montréal a aidé des centaines de milliers de femmes en leur fournissant les outils nécessaires pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille. Chaque année, plus de 600 Montréalaises font appel aux conseillères du Service d’employabilité pour développer des outils et stratégies gagnantes et dénicher «le poste» qui leur permettra de trouver leur place sur le marché du travail. Au fil des années, nous avons conçu différents programmes et activités de recherche d’emploi adaptés aux besoins spécifiques de la clientèle, et le respect des aspirations des participantes est certainement au cœur de chacune de nos actions.

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