Gouverner le capitalisme? Vaste programme. La sociologue Isabelle Ferreras avance une solution possible dans son dernier essai.
Les dirigeants des grandes corporations utilisent la planification économique à même leurs structures pour contrer les impondérables nuisibles à la santé de leur compagnie. Ainsi, il s’avère ironique de constater que les porte-voix du discours patronal, dans les médias notamment, s’opposent à toute planification économique de la part de l’État. Même les premiers théoriciens du libéralisme économique (Adam Smith en tête) jugeaient l’exercice nécessaire à la survie du système.
Cependant, cette planification au sein de l’entreprise, les patrons l’assument seul. Sans toujours consulter leur personnel. C’est pourquoi Isabelle Ferreras porte une attention particulière à la prise de décisions en entreprise. Les principes de la démocratie se rivent aux portes closes des conseils d’administration où l’on ignore la parole du citoyen-salarié. Comment le travailleur peut-il se sentir concerné par le destin de son entreprise alors qu’on lui refuse l’accès à un quelconque pouvoir décisionnel?
Deux entités se distinguent donc au travail : les «apporteurs en capital»(les dirigeants et les principaux actionnaires) et les «investisseurs en travail»(les salariés). L’auteure propose de réunir ces deux entités au sein d’un système bicaméral – deux chambres – où chacune des deux chambres devra atteindre une majorité pour aller de l’avant avec une proposition.
Bien sûr, ce projet trouvera des réfractaires dans les officines du pouvoir en place. Et aussi parmi des économistes et autres experts. C’est sans doute pourquoi l’auteure s’offre le luxe de répondre en pas moins de 24 points aux objections courantes au bicamérisme économique à la fin de l’ouvrage. «Dans un style peu académique » se plaît-elle à ajouter. Mais qui facilite beaucoup la compréhension du propos, ajouterions-nous.
