Des filles dans le jeu vidéo?

Julie Tousignant, programmeuse de jeux chez Warner Bros. Games Montréal
Photo : Josée Lecompte

Passionnée d’informatique, intéressée par les arts, rigoureuse et allumée : Julie Tousignant a tout ce qu’il faut pour faire sa place dans l’industrie du jeu vidéo.

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La jeune femme de 25 ans, qui s’est jointe à l’équipe du studio Warner Bros. Games Montréal en avril 2011, est une programmeuse de jeux vidéo comblée. Elle adore son milieu de travail! «C’est un environnement ludique où l’on stimule la créativité des employés. Tout est là pour ne pas qu’on oublie le plaisir de jouer, dit-elle. Le studio met à notre disposition des tables de ping-pong et de “baby-foot”, des jeux de société et des consoles de jeux : tout ce qu’il faut pour s’amuser à l’heure du midi. Certains employés viennent au boulot avec leurs banjos, l’ambiance est enjouée et l’esprit d’équipe, formidable!»

Bien entourée!

Julie Tousignant éprouve également du plaisir à exercer son métier de programmeuse. Son intérêt marqué pour les sciences et l’informatique est satisfait au quotidien. Son travail implique beaucoup de calculs mathématiques et d’algèbre afin d’écrire en langage informatique les codes qui assureront le bon fonctionnement d’un jeu. «Je crée en quelque sorte le moteur du jeu, explique-t-elle. Par exemple, je vais m’assurer qu’un personnage va bel et bien sauter lorsqu’on appuie sur un bouton. Je suis entourée de toute une équipe comme les artistes 2D, les modeleurs, les animateurs et les designers de jeu. Chacun a sa spécialité, chacun voit les problèmes à sa façon et apporte ses idées et ses solutions. C’est ensemble que l’on réussit à faire un jeu complet!» Et c’est un travail de longue haleine. Suivant leur complexité, certains jeux nécessitent de deux à cinq ans de création.

Je ne vois aucun inconvénient à travailler dans un groupe d’hommes. Il y a plutôt quelques petits avantages.
Julie Tousignant

Julie Tousignant le reconnaît, elle évolue dans un monde de gars. «C’est rare de voir une fille dans le monde du jeu vidéo, dit-elle. C’est encore plus rare d’en voir une exercer le métier de programmeur. Warner Bros. Games Montréal ne compte que deux femmes programmeuses. Et moi, je suis la seule fille de mon équipe composée de douze programmeurs.»

Deux sexes… une même passion

Pour celle qui a obtenu un baccalauréat en sciences de l’image et des médias numériques à l’Université de Sherbrooke en 2009, cette position minoritaire n’est pas nouvelle. «À l’université, nous n’étions que 4 filles dans mon groupe de 25, confie Julie. Pour moi, cette situation est facile à vivre. Je ne vois aucun inconvénient à travailler dans un groupe d’hommes. Il y a plutôt quelques petits avantages. Par exemple, j’ai parfois droit à des gestes galants, comme un collègue qui m’ouvre une porte. Mais surtout, on me demande mon avis sur certaines idées créatives. On va notamment me consulter pour savoir ce que les filles préféreraient dans la création de certains jeux. Pour déterminer, par exemple, le costume d’un personnage : c’est toujours bon d’avoir l’idée d’une fille pour trouver la couleur qui va plaire à une majorité de fillettes.»

Place aux filles

Les patrons de Julie Tousignant voient en elle une employée douée qui a beaucoup de potentiel. Quelques mois seulement après son arrivée dans l’entreprise, elle a obtenu une promotion, passant d’un poste de programmeuse associée (junior) à celui de programmeuse. «Mon superviseur a reconnu la qualité de mon travail, la place que je prenais et l’assurance que je dégageais», dit-elle.

Au moment de l’entrevue, en juin 2012, la programmeuse bossait sur le jeu Cartoon Universe, qui mettra en vedette les personnages de Looney Tunes (Bugs Bunny, Daffy Duck, etc.) et de Scooby-Doo. «C’est un projet stimulant. J’adore travailler pour les enfants, programmer les boutons et les menus avec lesquels ils vont interagir, et rendre l’utilisation du jeu facile et amusante.»

Elle invite les filles intéressées par l’informatique et le jeu vidéo à suivre ses traces. «Le milieu est dynamique et innovant. Les filles sont bienvenues et, comme elles représentent encore une rareté dans cette industrie, elles y sont vraiment bien accueillies!»

Les femmes et les TIC

Au Québec, les femmes sont bien peu nombreuses par rapport aux hommes dans l’industrie des TIC. Elles représentent moins de 25 % de l’ensemble du personnel de l’industrie, selon le Réseau Action TI, qui regroupe différents intervenants du secteur dans la province, dont des gestionnaires et des informaticiens. Par exemple, à la section Montréal de l’organisme, seulement 20 % des 1 500 membres sont des femmes. Par ailleurs, certaines professions représentent une proportion de femmes plus faible encore. C’est le cas des programmeurs et des développeurs en médias interactifs, qui comptaient 17 % de femmes, selon les dernières statistiques publiées dans le diagnostic sectoriel de la main-d’œuvre du secteur des TIC 2011 de TECHNOCompétences. Chez Warner Bros. Games Montréal, 14 % des quelque 200 employés du studio sont en fait… des employées!

Les carrières des technologies de l’information et des communications 2013

Cet article est tiré du guide
Les carrières des technologies de l’information et des communications 2013