Blitz de recrutement à la Ville de Montréal

Avec ses 28 000 employés, la Ville de Montréal représente le plus grand employeur de la région métropolitaine. Et c’est aussi un important recruteur. Devant les nombreux départs à la retraite à venir, l’administration municipale travaille activement à assurer sa relève.

«La demande de main-d’œuvre est constante», déclare Jean-Yves Hinse, directeur du Service du capital humain à la Ville de Montréal. Il ne prévoit pas de décroissance de l’embauche pour les dix prochaines années.

Pour illustrer ses prévisions positives, le directeur précise qu’il compte afficher entre 2 000 et 3 000 emplois par année au cours de la prochaine décennie dans le nouveau guichet unique de l’embauche lancé par la Ville de Montréal à l’été 2011! Il s’agit autant de postes permanents (de 500 à 600) que d’emplois temporaires ou saisonniers, comme ceux de sauveteur de piscine, de préposé à l’entretien des parcs ou au ramassage de la neige.

Si les besoins de recrutement sont réguliers à la Ville, c’est notamment en raison des départs à la retraite des pompiers et des policiers, observe Jean-Yves Hinse. Par exemple, chaque année, une cinquantaine de pompiers partent à la retraite. «Dès qu’il y en a un qui quitte, il est remplacé automatiquement. Même chose chez les policiers», indique-t-il.

D’ici la fin de l’année 2011, 70 policiers auront pris leur retraite. Et ce chiffre devrait augmenter au cours des prochaines années, estime François Landry, chef du Service des ressources humaines et du développement organisationnel au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). «En 2012, on prévoit une centaine de départs, environ 150 en 2013, même chose en 2014 et 200 en 2015.»

Cols bleus recherchés

La demande de personnel s’explique également par les grands projets de rénovation d’infrastructures entrepris par la Ville. Qui n’a pas entendu parler des conduites d’eau vieillissantes de Montréal?

La Ville aura besoin de main-d’œuvre qualifiée pour renouveler ses installations. «Notre plan de remplacement des infrastructures d’eau et d’aqueduc durera au moins 10 ans, précise Jean-Yves Hinse. Il y aura donc une demande constante d’ingénieurs civils et d’ouvriers spécialisés, comme des soudeurs, des électriciens, des électromécaniciens, des plombiers et des préposés à l’asphaltage.» Les préposés à la pose de compteurs d’eau seront aussi recherchés… malgré toute la controverse qu’a provoquée ce dossier.

Du côté des cols blancs et des professionnels, le directeur du Service du capital humain de la Ville prévoit, au cours des 5 prochaines années, le départ de 1 152 cols blancs et de 267 professionnels. Les besoins de recrutement seront cependant moins criants pour les cadres. Ceux qui quittent pour la retraite ne seront pas tous remplacés. L’administration municipale a d’ailleurs annoncé en janvier 2011 la suppression de 200 postes de cadres jusqu’en 2013.

Pour attirer les «mouches»…

Pour trouver la main-d’œuvre qualifiée dont elle a besoin, la Ville mise sur des conditions de travail gagnantes. Sur son portail Internet, elle se targue d’être très alléchante par son environnement de choix, sa rémunération concurrentielle, sa conciliation travail-vie personnelle et ses perspectives de carrière intéressantes.

Sur le terrain, il semble bien que les promesses soient tenues. Émilie Tanguay-Pelchat a décroché un poste de conceptrice artistique au Jardin botanique de Montréal il y a un an. Cette jeune maman de deux enfants rend grâce à la banque de congés de maladie dont elle bénéficie depuis qu’elle travaille pour la Ville de Montréal. «Je ne les prends pas pour moi mais pour mes enfants. Ça me donne beaucoup de latitude», déclare celle qui devait auparavant prendre des congés de maladie à ses frais lorsqu’elle travaillait dans un bureau privé.

De son côté, Patrick M. Lozeau, bibliothécaire à la Direction de la culture et du patrimoine à la Ville de Montréal, apprécie grandement les avantages sociaux (assurances médicaments et dentaire, fonds de pension) dont il profite même s’il n’est pas permanent. Il aime aussi son horaire flexible. «J’ai la possibilité d’accorder beaucoup plus de temps à des projets une semaine, puis de compenser les semaines suivantes en réduisant mon temps de travail.» Pourvu qu’il arrive au compte de 35 heures hebdomadaires au bout de l’année, tout le monde est content.

Des emplois payants?

Les salaires attirants sont également au rendez-vous à la Ville de Montréal. Une enquête réalisée en janvier dernier par La Presse Affaires a démontré qu’avec un salaire moyen de 66 000 $, la Ville de Montréal, comme celles de Longueuil et Laval, offre de meilleurs salaires à ses employés que la fonction publique provinciale. Des données confirmées par une étude de l’Institut de la statistique du Québec qui révèle que les administrations publiques municipales sont jusqu’à 30 % plus généreuses que la fonction publique provinciale avec leurs employés.

La rémunération des employés municipaux est toutefois inférieure de 10 % à celle des fonctionnaires du fédéral, précise Jean-Yves Hinse. Et puis, à Montréal, l’argument de la rémunération concurrentielle est moins vrai pour des emplois spécialisés dans le domaine de la construction ou pour des professionnels comme les avocats ou les ingénieurs. Dans certains cas, la Ville n’arrive pas à rivaliser avec les gros salaires offerts par les entreprises privées.

À son avis, ce sont l’environnement de travail et la conciliation famille-travail qui font de la Ville un employeur de choix. «À un diplômé en génie, par exemple, on offre de réaliser de grands travaux de génie civil, en français, sans risque de mutation avec toute sa famille en Chine ou en Afrique», plaide Jean-Yves Hinse.

Il assure que les employés travaillent entre 35 et 45 heures par semaine, et non près du double comme on peut le voir chez certains professionnels au privé. Il tient aussi à signaler que les fonctionnaires municipaux partent en vacances sans devoir traîner leur cellulaire et peuvent prendre leur congé parental sans craindre de perdre leur emploi.

Il donne l’exemple d’un jeune papa actuaire à la Ville, qui profite d’un troisième long congé parental. «Nos employés peuvent partir en toute quiétude quand ils prennent leur congé parental, qu’ils soient hommes ou femmes, ce qui est parfois plus difficile au privé.» Des atouts pour intéresser les jeunes et peut-être même leur progéniture dans quelques années!