Bien réagir à une perte d’emploi

Perdre son emploi est traumatisant. Mais les spécialistes sont unanimes : tout se passe dans votre tête. Plus que jamais, le vieil adage «Aide-toi, le ciel t’aidera» s’applique à ceux qui se mettent immédiatement à «reconquérir le monde». Il n’y a pas de garantie de succès, mais ça aide.

Ça se corse toutefois si vous travaillez dans un secteur en perte de vitesse, que vous avez plus de 55 ans et un diplôme de deuxième secondaire, si vos enfants étudient encore, que vous devez plus de la moitié de votre bungalow à la banque et que vous habitez une région à chômage élevé. Ça devient tragique si vos soldes de cartes de crédit s’approchent du maximum et que vos meubles et auto sont financés.

Faut-il pour autant paniquer? «En fait, il faut voir ça comme une occasion, même si c’est un dur coup pour le moral et les finances familiales, affirme Onil Proulx, président de la firme GCRH, qui coache les nouveaux chômeurs. Souvent, les fermetures d’usines surviennent au sein d’entreprises qui ont mal vieilli. Mais les travailleurs sont dans leur confort. La fermeture les déstabilise. Elle les amène aussi à réfléchir sur leur valeur personnelle. Et, surtout, sur ce qu’ils veulent faire dans la vie.»

Réfléchir : c’est le mot clé. «Les gens qui viennent nous voir sont désespérés et convaincus qu’ils ne trouveront pas un autre emploi aussi payant. Ils n’ont pas de diplôme et ont travaillé toute leur vie. Ils croient qu’ils ne valent plus rien sur le marché du travail. Cet état d’esprit est leur pire ennemi», explique André Hétu.

Quand une usine ferme au Québec, la loi précise que l’employeur doit former un comité de reclassement (les travailleurs ne sont pas obligés d’y participer), en collaboration avec Emploi-Québec, le syndicat et le milieu.

«Il permet de bien évaluer la personne : ses besoins, ses capacités, sa scolarité, le soutien de son entourage. Le travailleur se sent moins isolé. Il reprend de l’estime de soi et il est plus efficace en recherche d’emploi», soutient Laurent Matte, président de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec.

«Il y a toujours un certain nombre de travailleurs bien équipés pour affronter l’adversité. Mais ce n’est pas le cas de la majorité, qui ne connaît pas la valeur de son expérience. Avec le comité de reclassement, ils peuvent chercher une formation d’appoint, finir leur secondaire, obtenir un DEP, utiliser les programmes gouvernementaux disponibles», mentionne Onil Proulx.

Vu le surendettement généralisé de la population, l’annonce d’une fermeture a un effet de coup de massue chez certains. «L’important, c’est de ne pas paniquer! Et si vous n’avez pas de coussin de sécurité, appelez vos créanciers, suggère Jean Fortin, syndic de faillite. Ils seront ouverts aux arrangements si vous allez les voir avant d’être en défaut de paiement.» Pour Jean Fortin, la faillite est une démarche de dernier recours. Payer les créanciers les moins flexibles, proposer de rembourser une partie de la dette ou l’étaler pour les autres, ou même avoir recours à la Proposition du consommateur (une formule de libération de dettes moins contraignante que la faillite) permettra d’obtenir un délai salutaire pour trouver un emploi.

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