8 bonnes raisons d’éviter l’amour au boulot

Bon nombre de couples durables se sont formés au travail. Mais ça ne se passe pas toujours bien. Des victimes de Cupidon témoignent.

Les premiers jours sont exaltants. On s’écrit des mots doux, on se prend la main dans l’ascenseur. Mais vient un moment où la réalité rattrape ceux et celles qui concilient un peu trop travail et vie personnelle. La réaction du patron et des collègues, le comportement de l’élu ou encore le poids des non-dits peuvent rendre la situation intenable.

Huit travailleurs nous disent pourquoi.

1. Vous risquez de luncher seuls.

«On travaillait tous les deux dans un centre d’appels; il était assis juste derrière moi. Au début, c’était agréable. On se voyait sous notre meilleur jour, toujours bien arrangés, et, surtout, on flirtait en secret… Les courriels coquins, les mots d’amour déposés sur le bureau et les coups d’œil en réunion ajoutent du piquant, disons!

«Au bout de quelques semaines, on s’est littéralement fait “pogner” en s’embrassant dans le parc devant notre lieu de travail. En 30 minutes, le bureau au complet était au courant. À partir de là, l’attitude de certaines personnes a changé. On se retrouvait souvent seuls pour luncher, les autres ayant peur de nous “déranger”…

«Puis, on a dû déclarer notre couple de façon “officielle”, c’est-à-dire en réunion avec notre gestionnaire et les Ressources humaines, pour discuter des possibilités de conflits d’intérêts. Ça enlève un peu de magie!»

Marie-Ève

2. Vous serez en compétition avec votre douce moitié.

«Lui et moi, on faisait exactement le même travail dans la même boîte. À un certain moment, on m’a enlevé des fonctions (que j’aimais, par ailleurs) parce qu’on jugeait que j’étais faite pour les dossiers plus légers. La direction a confié ces responsabilités à mon copain. Gros malaise. Mais on est encore ensemble!»

Laurie*

3. Un triangle amoureux est si vite arrivé.

«Mon mariage avec une collègue? Une catastrophe!

«À l’époque, je travaillais à la Défense nationale belge. J’étais jeune sous-officier dans un service voisin de celui où travaillait mon épouse.

«Au moment de notre rencontre, elle avait depuis des années un amant parmi ses collègues. Ils ont continué à se voir après notre mariage, et, au bout de quelques mois, elle m’a tout avoué.

«Quelque temps plus tard, j’ai dû passer un examen; à la Défense nationale, c’est courant. Ce qui était moins courant, c’est que l’examinateur, cette fois-là, c’était l’amant de ma femme. Je savais… Il savait que je savais… Et je savais qu’il savait que je savais… Brrr!

«Ce mariage a pris fin pile-poil le jour de notre premier anniversaire, soit trois ou quatre mois après qu’elle m’eut avoué sa liaison. Son amant l’a aidée à déménager… avec un véhicule de son service!»

Éric

4. Votre patron en saura beaucoup trop sur vous.

«Alors que j’étais conseillère en ressources humaines, un des gestionnaires à qui je donnais des conseils me faisait des avances. Je croyais que c’était à la blague.

«Nous sommes allés souper un soir… pour finalement terminer la soirée en nous embrassant.

«Après quelque temps à échanger des courriels et des sourires complices à l’insu des collègues, nous avons passé une fin de semaine de rêve dans une suite de luxe. Au retour du week-end, il m’a envoyé un courriel pour me dire que, d’après lui, notre première nuit ensemble ne s’était pas bien déroulée. Notre histoire était finie.

«Quelques jours plus tard, il s’est fait mettre à la porte pour avoir monté une entreprise concurrente à la nôtre. C’est là que ça se corse. La direction a relu tous ses courriels et épluché le registre téléphonique de son cellulaire du bureau. Mes supérieurs ont ainsi découvert notre liaison.

«J’ai dû expliquer toute l’histoire et même le week-end à l’hôtel… La direction a eu de la difficulté à me faire confiance par la suite et moi, j’étais très gênée de savoir qu’ils avaient lu des détails sur notre nuit ensemble…»

Ève*

5. Vous perdrez votre concentration.

«J’ai moi-même connu mon mari au travail. Alors une fois devenue employeuse quelques années plus tard, j’ai démontré une grande tolérance envers la relation naissante de deux de mes salariés. Malheureusement pour eux, je n’ai pas été la seule à avoir remarqué leur amour, et les commentaires ont fusé très rapidement. «Ils vont se minoucher au travail et nous, on va devoir compenser!» me disaient leurs collègues.

«Au départ, je n’ai pas tenu compte de ces remarques. Mais j’ai dû me rendre à l’évidence : la symbiose des deux amoureux nuisait à leur concentration au travail. Dès que l’un voyait l’autre, tout s’effaçait autour d’eux. Ils en oubliaient des choses à faire et manquaient de minutie. Quand l’un faisait une erreur, l’autre le protégeait. J’ai même changé leur horaire pour contrer le problème. Mais ils se parlaient par téléphone, jusqu’à ce que j’émette un avertissement!

«Après une faute assez grave, l’un des deux a été congédié. Ça a réglé le problème.»

Céline*

6. Vous aurez des regrets de 9 à 5.

«Lui et moi, on s’était laissés, après un an de fréquentations. On travaillait encore ensemble et on arrivait à se parler de façon amicale. N’empêche que chaque fois qu’il recevait un appel sur son cellulaire et qu’il avait la délicatesse d’aller se cacher dans le local d’à côté pour parler, ça me brisait le cœur, parce que je savais que ce n’était pas son meilleur ami qui appelait!»

Julie*

7. Votre flamme d’un soir risque de s’attacher.

«On était tous les deux caissiers dans une banque et on flirtait discrètement. Un soir, après un party de bureau, on a passé la nuit ensemble. Dans ma tête, c’était très clair : c’était une histoire sans lendemain.

«Mais pas pour lui : il était amoureux. Il s’est mis à m’apporter des fleurs et du chocolat au travail. Je me sentais mal… Pour ne pas causer de crise, j’ai fait quelques activités avec lui en dehors du bureau, pour lui laisser une chance. Il m’a présentée à ses parents au bout de quelques jours… J’étais découragée; ça prenait des proportions exagérées.

«Au bout de deux semaines, je lui ai dit qu’il n’était pas mon genre de gars. Il s’est mis à être très agressif et a perdu tout son professionnalisme. Il me faisait passer pour une idiote devant les clients et pour un bourreau devant les collègues. L’atmosphère était invivable. J’ai donc démissionné.

«Avant ma démission, ma directrice, mise au courant de l’affaire, m’avait rencontrée pour me prodiguer ce conseil : “Don’t f*** with the payroll.” J’ai eu ma leçon!»

Annie-Claude*

8. Attendez-vous à devoir mentir.

«Je suis cadre et je vis une relation amoureuse au travail avec un salarié depuis deux ans et demi. Nous habitons même ensemble depuis mai 2012. Malgré tout, très peu de personnes sont au courant. Nous avons choisi de protéger notre vie privée.

«Nous faisons donc toujours très, très attention à ce que nous disons au travail à propos de notre vie personnelle. Quand je raconte ce que j’ai fait le soir ou la fin de semaine, je remplace le nom de mon conjoint par celui de ma mère ou d’une amie. Et au party de Noël, lui et moi arrivons chacun de notre côté, comme deux célibataires!

«Nous savons qu’un jour, ça se saura. Mais, d’ici là, nous aurons eu largement le temps de démontrer que notre relation amoureuse ne nuit pas à notre objectivité dans l’accomplissement de nos fonctions respectives.»

Lise*

* Prénom fictif