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3 conseils de Janette Bertrand
pour trouver sa place au travail quand on se sent (un peu) extraterrestre

Janette Bertrand est une figure emblématique au Québec. Elle a eu et continue d’avoir une influence considérable sur une grande partie de la société. Pour ma part, c’est sa série télévisée S.O.S J’écoute, mettant en scène Marcel Sabourin, Marie Tifo, Muriel Dutil et Gilles Renaud, que j’écoutais au début des années 80 alors que j’étais enfant, qui m’a donné envie d’exercer mon métier et de faire de l’intervention auprès des gens.

Aujourd’hui, madame Bertrand est âgée de 93 ans. Malgré qu’elle ressente davantage la fatigue et un mal de dos récurrent, elle demeure toujours très active. En compagnie de Michel Dorais, elle vient de publier un nouvel ouvrage ayant pour titre Vous croyez tout savoir sur le sexe?

Madame Bertrand dit ne pas donner de conseils, mais des occasions de réfléchir. Pour cet article, j’ai donc pris la liberté de structurer les propos que nous avons échangé ensemble en entrevue afin d’en tirer des recommandations à tous ceux qui se sentent un peu extraterrestres au travail et dans leur vie.

Se libérer de ses racines

Née en 1925, madame Bertrand était la seule fille de sa famille, entourée de trois grands frères et de ses parents. À cette époque, les filles avaient droit à un traitement nettement différent à celui des garçons. Selon son père, les suffragettes étaient folles de se battre pour le droit de vote. Qu’est-ce que les femmes peuvent bien connaître à la politique?

Ses frères avaient le droit à de l’argent de poche, ils étaient encouragés à faire de longues études, mais pas elle. Pourquoi faire des études, si de toute façon, les filles sont destinées à laver des couches?

Madame Bertrand précise que malgré tout, son père était un homme brave et bon. Il était tout simplement influencé par les croyances de son époque.

Très tôt, elle eut envie de prouver à son père et à tous qu’une fille pouvait valoir autant qu’un garçon.

Dans ces années-là, le simple fait d’être une femme qui souhaitait s’accomplir était suffisant pour se sentir extraterrestre.

Peu importe notre époque et si nous sommes un homme ou une femme, il est essentiel de ne pas nous laisser définir par notre milieu immédiat et ce que les autres souhaitent nous voir accomplir.

À cet effet, Janette Bertrand nous suggère de faire une recherche sur nous-même et de comprendre les liens avec notre passé.

Pour sa part, c’est ce qu’elle a fait. Elle a détourné le sort qui lui était prédestiné, celui de femme au foyer, en poursuivant des études de lettres, pour finalement devenir journaliste dans les années 50.

Entrevoir la vie comme un combat

Selon madame Bertrand, il faut éviter de croire que le monde dans lequel on vit est facile. Elle illustre son propos par l’expression anglaise : The life is not a bed of roses.

Durant toute sa carrière, des échecs, elle en a connu un grand nombre et certains étaient beaucoup  plus difficiles que d’autres à digérer. Elle ne s’en vante tout simplement pas.

Les échecs, on ne les montre pas, on les surmonte.

Janette Bertrand préfère se concentrer sur les succès, ce qui lui a permis d’avoir une carrière bien remplie où elle a pu s‘affirmer telle qu’elle était, en mettant sa personnalité bien à l’avant.

Notre monde continue d’être difficile, mais pour des raisons complètement différentes.

À une autre époque, nous n’étions pas assez informés et maintenant, nous le sommes trop. Tellement trop que ça devient une nouvelle ignorance et beaucoup de gens dans notre société en viennent à manquer d’esprit critique.

C’est d’ailleurs pour aider les jeunes par rapport à leur sexualité qu’elle s’est sentie inspirée pour son tout nouvel ouvrage. Par exemple, c’est extrêmement inquiétant de réaliser que pour bien des garçons de 12 ans, la principale référence en matière d’éducation sexuelle demeure la pornographie sur internet.

Dans cet univers sexuel, les femmes ne sont que des objets et par le fait même, les hommes aussi.

Demeurer à l’écoute de son époque

Plus on vieillit, plus il est tentant de rester coincé dans la nostalgie, surtout quand dans notre passé, on a connu des réussites des plus considérables.

C’est un phénomène que nous retrouvons un peu partout. Au travail, il n’est pas rare de voir des professionnels et gestionnaires expérimentés qui s’accrochent à leurs vieilles recettes leur ayant apporté du succès, plutôt que de chercher à actualiser leur vision du monde.

Madame Bertrand se fait un devoir de rester bien ancrée dans le présent et de s’ajuster à la réalité de façon continue.

Être en contact avec ses huit petits-enfants et ses cinq arrières petits-enfants le plus souvent possible l’aide énormément à relever ce défi.

De plus, Janette Bertrand met tous les efforts nécessaires pour lire et apprendre sur tous les sujets qui suscitent sa curiosité. Elle a toujours un livre entamé sur la table de chevet à côté de son lit.

Très souvent, elle pense tout arrêter! Surtout depuis l’été dernier, lorsqu’elle a été éprouvée par la maladie.  À son âge, elle considère qu’elle doit trainer son corps.

Par contre, quand elle prend la résolution de cesser toute activité, elle réalise au bout de trente minutes à quel point elle s’ennuie. Pour elle, c’est inconcevable de se résoudre à se bercer tout bonnement en attendant la mort.

Aider la société à évoluer dans des prises de conscience fut sa mission durant la majeure partie de son existence et encore aujourd’hui, c’est ce qui continue d’avoir le plus grand sens à ses yeux.

Cet article a été écrit dans l’esprit du guide pratique d’orientation Trouver sa place au travail quand on se sent (un peu) extraterrestre publié chez Septembre éditeur. En savoir plus.

Pour en savoir plus au sujet de Janette Bertrand.

Crédits photo: Julien Faugère

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Mathieu Guénette

Mathieu Guénette est un conseiller d’orientation à son compte de plus de 20 ans d’expérience, auteur, chargé de cours et ayant travaillé auprès d’une clientèle variée (jeunes, adultes, gestionnaires, chercheurs d’emploi). En 2017, il a obtenu à la fois le prix professionnel de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec et celui du Livre RH de l'année de l'Ordre des CRHA pour l’ouvrage Le candidat viscéral. Il offre ses services à Montréal, dans Lanaudière et à distance. Son site internet regorge de références pratiques pour vous : Les chercheurs de sens.

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