Travailler à l’étranger : plier bagages et éviter les pièges

Accepter un nouveau poste demande toujours de l’adaptation et de l’ouverture d’esprit. Quand ce poste est ailleurs, surtout à l’étranger, la nécessité de s’adapter est encore plus grande.

Chacun possède des traits de caractère qui lui sont propres, des manières habituelles de se comporter. Certaines personnes sont foncièrement optimistes, voyant les verres de vin à moitié pleins et croyant que les difficultés sont plutôt des occasions nouvelles qu’il faut saisir. D’autres sont foncièrement pessimistes. Ces personnes voient des verres à moitié vides et des occasions nouvelles hérissées de difficultés.

Mais quelle que soit votre disposition de base face à la vie, optimiste ou pessimiste, vous devriez être attentif, curieux et ouvert d’esprit quand vous partez travailler à l’étranger.

L’observation

Quand vous arrivez dans un nouveau poste de travail, vous devez être attentif et bien écouter pour absorber et digérer toutes les informations que l’on vous fournit au sujet de vos tâches et de l’emploi : échéanciers, cycles de production, etc. Vous devez également porter attention aux relations de travail et regarder les gens agir entre eux et avec vous. Vous aurez peut-être à déduire les règles non officielles du groupe à partir de vos observations. Si tous vos collègues se vouvoient, par exemple, faites de même.

Si vous ne changez pas seulement de poste mais aussi d’employeur, les exigences grandissent encore. Vous devez découvrir une philosophie d’organisation différente, d’autres manières de procéder, de nouveaux liens entre les services et toute une nouvelle dynamique parmi les employés et entre les supérieurs et les subordonnés. Une erreur sociale, comme une familiarité excessive avec un supérieur ou une trop grande froideur avec un collègue, pourrait vous compliquer sérieusement la vie et rendre votre intégration ardue.

Quand vous changez de travail, d’employeur et de ville, tout ce qui précède s’applique avec, en plus, de nouveaux circuits pour vous déplacer, de nouvelles amitiés à développer et peut-être même un nouvel emploi pour votre conjoint. Tout change, depuis les collègues jusqu’aux lieux physiques où vous travaillez. La période d’adaptation sera plus exigeante puisque vous devez vous habituer à tout cela à la fois. Et les conséquences d’une mauvaise intégration sont encore plus difficiles à vivre, car vous n’avez pas votre cercle habituel de connaissances et d’amis pour vous retrouver et vous accompagner dans les moments plus durs.

Si vous changez de pays, voire de langue, la nécessité d’être attentif à ce qui vous entoure s’accroît davantage. Les codes et les signaux verbaux et non verbaux sont peut-être différents dans votre terre d’accueil. Il vous faut réapprendre à deviner votre interlocuteur, à anticiper ses réactions. Vous êtes comme un adolescent et toutes vos habiletés sociales sont à redécouvrir.

La curiosité

Le manque de curiosité pourrait poser un risque réel d’échec de votre nouvelle vie professionnelle et privée. Dans votre lieu de travail, vous aurez à vivre en contact avec de nouveaux collègues. Évitez d’être paresseux et prenez la peine de vous intéresser aux gens et à la société qui vous entourent.

Même si la plupart de vos collègues sont, comme vous, des expatriés, dites-vous que vous constituez avec eux une minorité dans ce pays. Certains de ces confrères de travail, mal intégrés, pourraient vous influencer négativement, vous incitant à ne pas vous intégrer à votre tour. Ces collègues sont cependant faciles à reconnaître. Ce sont ceux qui parlent des habitants du pays en les nommant «ils» : «ils sont comme ça; ils ne savent pas s’y prendre; ils sont toujours en retard», etc. Lorsque vous entendez de nouveaux collègues parler ainsi, dites-vous que vous devez vous faire votre propre idée des habitants et du pays. La différence est souvent plus grande entre les individus qu’entre les groupes. Peut-être avez-vous plus de choses en commun avec «ils», qu’avec ces confrères qui les surnomment ainsi.

Et puis si vous êtes surtout en contact avec des habitants du pays, vous devez apprendre et respecter les règles sociales : au Laos, s’asseoir de manière à pointer ses pieds vers son interlocuteur est une injure. En Haïti, poser son sac par terre porte malheur. Si vous planifiez une réunion, par exemple, vous devrez prévoir un endroit où les dames pourront accrocher leurs sacs à main. Après tout, pendant l’hiver au Québec, on s’attend à ce qu’un visiteur enlève ses bottes en entrant dans la maison; imaginez-vous recevoir un expatrié russe qui garderait les siennes!

Tous ces comportements sont à apprendre, tantôt en lisant sur la culture et l’histoire du pays qui vous accueille, tantôt en vous faisant conseiller par des gens plus expérimentés. Surtout, regardez autour de vous et portez attention aux autres, comme un enfant ou un adolescent le ferait. Oubliez vos acquis; vous êtes à nouveau sur les bancs de l’école sociale.

L’ouverture

Si, en arrivant en terre étrangère, vous pensez retrouver ce que vous laissez derrière, vous connaîtrez un choc important. Vous risquez de vous fermer, de refuser la nouveauté et de regretter votre décision. C’est votre fermeture qui vous empêchera alors de profiter de votre expérience et de vous enrichir humainement.

Par contre, si vous arrivez quelque part en pensant y trouver tous les signes du paradis, de l’aventure que vous vous êtes imaginés, vous vous faites du cinéma. Vous ne lirez qu’une partie de la réalité, celle qui correspond à vos attentes. C’est bien beau de se prendre pour Tintin ou Indiana Jones, mais dans les faits vous n’êtes ni l’un ni l’autre. La réalité de votre séjour à l’étranger est plus complexe qu’un scénario de bande dessinée. Votre ouverture partielle vous aveuglera dangereusement et vous pourriez très bien vous retrouver en danger, comme le voyageur trop confiant qui sort s’acheter des fruits dans la rue en négligeant toutes les règles de sécurité et tous les signaux de risques auxquels il a pourtant été exposé depuis son arrivée.

La seule façon de vous adapter avec bonheur dans un nouveau milieu et un nouveau pays c’est de vous voir comme quelqu’un qui vient apprendre. Après tout, voilà bien ce que l’on demande aux immigrants : de demeurer eux-mêmes, mais d’apprendre et de respecter les règles de notre société. Eh bien, maintenant, l’immigrant c’est vous!

 

L’employeur : responsable de votre intégration

C’est à votre employeur que revient le rôle de vous préparer, de vous communiquer les façons de faire officielles et non officielles. Cela est vrai quand il vous engage et vous fait travailler dans votre ville de résidence. Cela est encore plus vrai quand il vous envoie ailleurs.

Malheureusement, encore trop d’employeurs négligent ce travail essentiel qui est le leur et iront même jusqu’à vous blâmer si votre intégration est difficile; vous en paierez les conséquences. Alors, quelle que soit la manière dont on vous prépare pour un nouveau travail, un nouveau milieu ou un nouveau pays, souvenez-vous que les attitudes qui peuvent vous aider le plus sont l’observation, la curiosité et l’ouverture.