Tous les chemins mènent aux TIC

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Pas besoin d’être féru d’informatique pour intégrer le milieu des technologies de l’information et des communications. Ce secteur en pleine croissance offre aussi une foule de possibilités à des professionnels issus de divers horizons. À preuve : des enseignants, des musiciens, des anthropologues et même des infirmières arrivent à s’y tailler une place!

Le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), c’est avant tout l’industrie du jeu vidéo, la création de logiciels, la conception de sites Web et la gestion des systèmes informatiques. Mais l’expertise technologique ne suffit pas à faire rouler les affaires; les entreprises qui oeuvrent dans ces milieux doivent compter sur des équipes pluridisciplinaires, composées de spécialistes aux compétences variées, afin de répondre aux besoins de leurs clientèles spécifiques.

«Le bagage professionnel du personnel qui travaille en TIC est étonnant! Au-delà des programmeurs et des intégrateurs Web, la conception, l’écriture et l’aspect éducatif des produits et services offerts sont confiés à des travailleurs provenant de différents milieux», explique Nicole Martel, présidente-directrice générale de l’Association québécoise des technologies.

Indispensables gestionnaires

«Les entreprises du secteur fonctionnent avec des structures administratives, comme toutes les autres organisations», souligne Vincent Corbeil, chargé de projets pour TECHNOCompétences, le Comité sectoriel de main-d’oeuvre en technologies de l’information et des communications. En plus des professionnels des TIC, on y trouve donc du personnel formé en administration, en communication, en ressources humaines, en comptabilité et en finance.

«Lorsque j’ai commencé à travailler dans les nouveaux médias dans les années 1990, personne n’était formé en TIC. Les travailleurs provenaient de plusieurs domaines. Ce phénomène a bonifié les contenus multimédias.»
— Lise Sicard, studio CREO

Car si le spécialiste en TIC possède les connaissances pour développer des outils technologiques, il n’est pas nécessairement formé pour analyser les besoins des clients. C’est là que les autres professionnels entrent en scène pour compléter le travail. «Sur le terrain, près de la moitié des emplois du domaine sont occupés par des professionnels des technologies de l’information et des communications, alors que l’autre moitié de la main-d’oeuvre est constituée de travailleurs qui viennent appuyer le développement du produit, de la solution ou du service», explique Vincent Corbeil.

Selon lui, les gestionnaires de projet et les analystes d’affaires figurent parmi les professionnels les plus prisés dans les entreprises en TIC. «Ils sont recherchés pour leurs connaissances multisectorielles», précise-t-il. Ces professionnels possèdent généralement un baccalauréat en administration des affaires, et certains ont obtenu une maîtrise en gestion.

À titre d’exemple, le développement d’un nouveau système pour gérer l’ensemble des stocks des entrepôts d’une grande chaîne d’alimentation nécessitera l’assistance d’un analyste d’affaires possédant une bonne connaissance des systèmes informatiques, mais aussi des systèmes de logistique et d’exploitation du secteur de l’alimentation.

Les chargés ou gestionnaires de projet chapeautent, quant à eux, l’avancement des travaux pour les mener à terme. «Chez MédiaMed Technologies, on a trois chargés de projet qui assurent la gestion et le suivi des mandats, en étroite collaboration avec les clients et l’équipe de développement», indique Jean-François Bélisle, directeur des ressources humaines et de logistique opérationnelle pour cette PME qui offre des solutions technologiques permettant d’accroître la productivité et la rentabilité des établissements de santé. «Ces professionnels sont, par exemple, responsables de préparer et de mettre à jour régulièrement les échéanciers avec l’équipe de développement des produits et l’équipe d’experts cliniques.»

Experts en contenu recherchés

Les entreprises du secteur des TIC ont aussi besoin d’une expertise pointue pour développer des contenus adaptés à leur sphère d’activité. Selon Nicole Martel, c’est dans les PME qui conçoivent et mettent en marché des logiciels spécialisés qu’on trouve le plus de professionnels issus de divers horizons.

«Lorsqu’on installe un logiciel qui sera utilisé par les archivistes médicales d’un hôpital, ce sont nos archivistes qui vont former le personnel. Même chose s’il s’agit d’un système informatique destiné aux infirmières d’urgence. La formation sur place sera assurée par nos infirmières.»
— Jean-François Bélisle, MédiaMed Technologies

Anthropologue de formation, Lise Sicard est directrice de production pour le studio montréalais CREO, qui produit des jeux vidéo et autres outils de vulgarisation scientifique multiplateformes. Elle a intégré le monde de l’animation par ordinateur après avoir fait des études en arts. «Lorsque j’ai commencé à travailler dans les nouveaux médias dans les années 1990, personne n’était formé en TIC. Les travailleurs provenaient de plusieurs domaines. Ce phénomène a bonifié les contenus multimédias», estime-t-elle. Aujourd’hui, les nombreux diplômés en TIC ont conquis le milieu, mais les diplômés en sciences humaines, en communication et en arts y ont toujours leur place.

L’équipe de travail de CREO en est un exemple : elle compte six programmeurs, un concepteur de jeux vidéo et deux artistes 2D, mais aussi un spécialiste au marketing, trois gestionnaires de projet, un vulgarisateur scientifique et un scénariste-réalisateur. «Selon nos mandats, des testeurs, des graphistes, un réalisateur vidéo, un musicien, un directeur artistique, des photographes et d’autres animateurs 2D et 3D se joindront à l’équipe de base, ajoute Lise Sicard. Pour le contenu, on fera aussi appel à d’autres vulgarisateurs scientifiques, formés en journalisme, en environnement ou en anthropologie», indique-t-elle. Un anthropologue, notamment, a participé à la création de Makanakau, un jeu virtuel sur le monde innu. Il a revu la scénarisation du jeu pour s’assurer que le contenu représentait bien le mode de vie des communautés innues.

La diversité à l’honneur

Ellicom, une entreprise spécialisée en formation en ligne, compte également sur une équipe multidisciplinaire pour satisfaire ses clients, parmi lesquels se trouvent Air Canada, Bombardier, Desjardins et Hydro-Québec. La PME emploie une centaine de personnes, dont des chargés de projet, des concepteurs pédagogues, des rédacteurs, des intégrateurs multimédias, des spécialistes en administration, en marketing et en développement des affaires. «Au final, la majorité de notre équipe n’est pas spécialisée en TIC, mais dans un autre domaine. Nous engageons des diplômés en linguistique, en enseignement, en ressources humaines, en comptabilité et en gestion, entre autres», souligne Jean Després, responsable du développement des affaires chez Ellicom.

De son côté, l’entreprise MédiaMed Technologies mise sur du personnel issu du domaine de la santé, comme des médecins, des infirmières et des archivistes médicales, pour répondre aux besoins pointus de sa clientèle. La PME propose, notamment, des outils informatiques qui améliorent la performance clinique, organisationnelle et financière des établissements de santé. «Lorsqu’on installe un logiciel qui sera utilisé par les archivistes médicales d’un hôpital, ce sont nos archivistes qui vont former le personnel, explique Jean-François Bélisle. Même chose s’il s’agit d’un système informatique destiné aux infirmières d’urgence. La formation sur place sera assurée par nos infirmières. Ces personnes ont déjà travaillé dans le milieu. Elles peuvent mieux expliquer le fonctionnement et les avantages du logiciel.»

Une formation en TIC : un atout?

Une formation complémentaire en TIC peut constituer un atout pour les gestionnaires attirés par le domaine, qu’il s’agisse d’un certificat en gestion des affaires électroniques ou d’un certificat en systèmes d’information et analyse d’affaires. «Ces connaissances permettent de faciliter la communication avec les programmeurs et de bien traduire les besoins des clients en matière d’outils technologiques», avance Nicole Martel.

D’ailleurs, plusieurs universités ont développé des programmes en administration des affaires avec une spécialisation en technologies de l’information, dont HEC Montréal, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et l’Université de Sherbrooke. Le Département de management et technologie de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM a aussi mis sur pied une maîtrise en gestion de projet pour former des gestionnaires qui pourront évoluer dans le monde des TIC. Cela dit, une formation en TIC apparaît moins nécessaire pour les spécialistes du contenu. «On leur demande surtout d’être performants dans leur domaine d’expertise», avance Vincent Corbeil.

Plus qu’une tendance

Il n’y a pas de doute : le secteur des TIC, en forte progression, continuera de rechercher une main-d’oeuvre polyvalente. «L’une des particularités des entreprises de l’industrie est de se spécialiser en créant des solutions ou des offres de services dans des créneaux où elles deviennent expertes, ici comme à l’étranger. Le secteur des TIC continuera donc à embaucher davantage de professionnels de domaines variés pour répondre à des besoins de plus en plus pointus et diversifiés», conclut Nicole Martel.


Cet article est tiré du guide Les carrières d’avenir 2014.