Tournée mondiale des prisons

Comment occuper les détenus à bon escient? La question se pose dans tous les pays, et la réponse varie.

France

Le travail pénitentiaire n’est plus obligatoire depuis 1987, mais la plupart des détenus s’y frottent pour gagner un peu d’argent et surtout pour obtenir des réductions de peine. Ils exercent deux types de besognes : les tâches nécessaires au bon fonctionnement de la prison (buanderie, nettoyage, cuisine, bibliothèque, etc.); et la sous-traitance pour des entreprises externes.

Parmi elles, Bic (matériel marketing pour des stylos et des rasoirs), L’Oréal (échantillons que l’on trouve dans les magazines), Yves Rocher (des paniers «spécial fête des Mères») et 3M (les Post-it sont découpés par des prisonniers).

Le droit du travail ne s’applique pas dans les prisons françaises. Aucun congé payé, ni de journées de maladie, encore moins de syndicalisme. En 2010, le salaire moyen atteignait 343 euros mensuels (environ 450 $CA), selon l’Observatoire international des prisons.

Allemagne

Le travail carcéral et la formation professionnelle sont obligatoires, et un refus entraîne des sanctions. De nombreux détenus sont pourtant inactifs, car il n’y a pas suffisamment de boulot pour tous. Revenu moyen par jour en 2006 : 10,58 euros (environ 13,70 $CA). Les prisonniers qui ont travaillé pendant une période continue d’un an obtiennent 18 jours ouvrables de «vacances» (en prison, ou en congé dans leur foyer s’ils ont le droit de sortir).

Autriche

Tous les prisonniers capables de travailler ont l’obligation de le faire, mais ici aussi, l’ouvrage manque : dans certaines prisons, jusqu’à 40 % des détenus en sont privés. En 2008, seulement 10 % des journées travaillées étaient consacrées à des contrats de sous-traitance négociés avec des entreprises privées. En moyenne, les détenus ne bossaient que cinq ou six heures par jour pour une rémunération variant de 4,8 à 6,7 euros l’heure (de 6,20 à 8,70 $CA, environ).

Belgique

Le site Web de la Régie du Travail Pénitentiaire comporte un catalogue. Services offerts : cartonnages, collage, couture, électricité, électronique, emballage-conditionnement, étiquetage, forge, imprimerie, menuiserie, mise sous pli, montage, numérisation de documents, reliure. Appréciez la langue de bois : «L’optimalisation de la mise au travail des détenus dans nos ateliers est un facteur essentiel dans le cadre de leur réinsertion dans la société.»

États-Unis

Des Américains mangent de la viande traitée par des prisonniers. La Union Correctional Institution une prison à sécurité maximale de Floride, emploie des détenus pour transformer du poulet, du bœuf et du porc, pour aussi peu que 0,20 $ l’heure. L’intermédiaire : Prison Rehabilitative Industries and Diversified Enterprises Inc., une OSBL qui exploite 41 centres de formation et de travail dans 29 établissements correctionnels. L’entreprise offre aussi du «placement post-incarcération».

Grande-Bretagne

En 2009, une enquête journalistique a révélé que des entreprises prestigieuses telles que Virgin Atlantic, Monarch Airlines et l’éditeur Macmillan emploient des détenus à un salaire défiant toute concurrence : 4 £ la semaine (environ 6 $CA)! Plus de 100 petites entreprises sous-traitent la confection d’une foule de produits dans les prisons, incluant des… chaînes de sécurité.

Italie

En mai 2006, le pays comptait 61 369 détenus, dont seulement le quart (15 557) travaillaient. Sur ce nombre, près de 13 000 étaient au service de l’administration pénitentiaire, dont environ 10 000 affectés aux services généraux de la prison (buanderie, cuisine, etc.). Ces derniers emplois ne procuraient pas aux détenus une formation professionnelle. Peu d’entreprises privées et publiques sous-traitent des tâches aux prisonniers.

Recherche : Jean-Sébastien Marsan

 

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