Reconnaître un collègue victime de harcèlement au travail

Reconnaître un collègue victime de harcèlement au travail

En situation de harcèlement, il y un présumé harceleur et une présumée victime. Le langage corporel peut-il nous aider à distinguer ces situations malheureuses et combien néfastes pour le milieu de travail?

Le harcèlement psychologique en milieu de travail est plus fréquent que l’on ne le croit, mais il ne se solde pas toujours par une plainte en bonne et due forme. Il résulte trop souvent en un départ d’un employé efficace et compétent qui en a assez d’être malmené.

Or, dans ce type de relations, il est parfois difficile de déceler s’il s’agit bien d’une situation de harcèlement ou d’un conflit de personnalité. Pour qu’il y ait harcèlement, il doit y avoir une répétition de comportements ou de propos vexatoires et diffamatoires. Il en résulte un stress énorme sur la victime.

Mécanismes corporels de protection

S’il se sent menacé, le cerveau réagit très rapidement et enclenche plusieurs mécanismes de protection. D’ailleurs, si vous avez été victime d’intimidation au secondaire et que, des années plus tard, vous vivez un stress intense au travail lié à un individu, ces mêmes mécanismes vont réapparaître à votre insu. Votre inconscient n’oublie rien et fait des liens avec des expériences passées.

Modification de la démarche

Lorsque le corps ressent le besoin de se protéger contre une menace, il essaie de se faire «petit». Cela est visible dans la démarche : les pas sont moins longs, moins larges et moins assurés. Le pas est plus feutré pour être plus discret. Les bras demeurent le long du corps, tout près. Si la menace perdure et est majeure, la personne va aussi chercher à marcher plus près du mur, dans un couloir, ou dans une salle plutôt que bien en vue. La raison est simple : devant un adversaire que l’on croit plus fort, nous avons tendance à ne pas vouloir attirer son attention.

Modification des gestes

Parce que la victime se met à douter d’elle-même et craint certains comportements, ses gestes sont aussi moins amples et moins nombreux. En fait, les mains auront tendance à ne pas dépasser la cage thoracique et à demeurer fermées, les paumes orientées vers son corps et non vers autrui. Le corps devient donc plus craintif à s’affirmer.

Développement de la vigilance

Après quelques jours pénibles, les victimes de harcèlement ou d’intimidation vont chercher à identifier toute forme de menace. Elles tombent donc en mode vigilance. Le plus subtilement possible, lors de rencontres d’équipe, elles vont observer l’environnement pour repérer les alliés du harceleur. Il y aura alors moins de clignements de paupières, une respiration plus rapide et une tendance à joindre les mains de façon très contractée ou à agripper les bras de fauteuil.

Que faire?

Si vous allez voir votre collègue et mettez de la pression pour qu’il avoue sa situation, il va se replier sur lui-même et résister, même si vous voulez l’aider. Personne n’aime admettre qu’il est intimidé ou harcelé. En le «forçant» à parler, vous devenez vous-même une menace.

Si vous observez que ses mécanismes corporels s’accentuent, c’est que la menace est proche. Demeurez près de lui. Les propos du harceleur ne sont pas toujours clairement menaçants pour un témoin, mais ils le sont pour la victime. Si vous identifiez le harceleur, mettez fin subtilement à la conversation avec la victime et éloignez-la de lui. Soyez prudent; les harceleurs les plus efficaces sont souvent des amis du patron.

Référez la victime au programme d’aide aux employés ou à un psychologue de confiance. Faites en sorte que la victime ne se retrouve pas seule avec le harceleur et aidez-la à développer des moyens de protection et d’affirmation.

Annabelle Boyer

Annabelle Boyer, CRHA est spécialiste de la synergologie, la lecture du non verbal. Elle est auteure des livres Relations sous emprise et Je lis en vous… savez-vous lire en moi? chez Béliveau Éditeur. Elle dirige également ABC Solution, une firme spécialisée en développement organisationnel et en ressources humaines.