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De nombreux immigrants se regroupent au travail selon leur région d’origine. Zoom sur ces ghettos de bureau.

Le phénomène d’isolation des travailleurs selon leur culture au travail est tout à fait normal. «C’est l’équivalent des Québécois qui passent l’hiver en Floride et se tiennent ensemble, image Pierre Majeau, président d’Alter HR. C’est un élément sécurisant.»

Un territoire dangereux

Si la situation n’est pas étonnante, elle est néanmoins néfaste pour l’ambiance de travail. «Les groupes se sentent forts et légitiment leur conduite, même lorsqu’elle est mauvaise», explique la conseillère en ressources humaines Cybèle Rioux, d’Alizé RH. Le milieu de travail devient alors un territoire où chaque groupe tente de gagner du terrain.

Les menaces, les frictions, les critiques peuvent être fréquentes. «Les employés deviennent parfois très sévères et surveillent tous les congés et les avantages qu’obtiennent les autres groupes culturels», a remarqué Mme Rioux.

La ghettoïsation est aussi un frein au développement des employés isolés. «Ils ont moins de chances de progresser dans l’entreprise, parce qu’ils ne développent pas leur connaissance générale de cette dernière», ajoute la consultante Anne E. Adams, de AEA stratégie et développement.

Le gestionnaire a donc avantage à ce que les groupes se mélangent. Les activités sociales favorisent les échanges. «Tout ce qui tourne autour de la nourriture est souvent gagnant, comme les dîners où les employés font découvrir les plats de leur pays, note Cybèle Rioux. J’ai aussi déjà vu une employée donner des cours d’espagnol aux autres le midi.»

Tout doit être mis en œuvre pour faire des différences un lieu de rencontre.

Recrutement facilité

La présence de grands groupes a toutefois ses avantages, estime Mme Rioux. «Une forte concentration d’un groupe culturel permet à l’employeur, à partir d’un certain moment, de comprendre cette culture en particulier et d’apprendre à communiquer avec ces travailleurs.»

Le recrutement s’en voit souvent facilité, a-t-elle aussi remarqué. «L’employeur satisfait du travail des femmes originaires du Salvador n’a qu’à leur demander si elles ont quelqu’un d’autre à lui présenter, cite en exemple Cybèle Rioux. C’est souvent le cas!»