Métier : signaleuse routière

Annie Raymond
Photo : Raphaël Ouellet
Certains automobilistes la saluent, d’autres lui lancent un doigt d’honneur sur les chantiers routiers…

Je suis signaleuse sur les chantiers de construction routiers qui s’installent sur les routes de campagne, les rues, les boulevards, les ponts, les viaducs, etc. Mais je ne travaille pas sur les autoroutes : les voitures y roulent vite, c’est trop dangereux pour nous.

Je dirige, ralentis ou arrête la circulation. Je suis responsable de la sécurité de tout le monde : les ouvriers, les automobilistes, les cyclistes, les piétons, les autres signaleurs et moi-même. C’est une grosse responsabilité et je ne l’oublie jamais.

Je ne peux pas «dormir sur la job». Par exemple, si les ouvriers me font signe qu’une machinerie doit traverser la voie où roulent les voitures, il me faut réagir rapidement et faire arrêter la circulation. Les ouvriers n’ont pas de temps à perdre, les travaux doivent avancer. J’essaie aussi de faire en sorte que les automobilistes attendent le moins possible, mais ce n’est pas toujours évident.

Les quarts de travail peuvent être longs, parfois jusqu’à 12 heures, et je suis toujours debout. Même pour manger! Au début, je trouvais ça fatigant, mais j’ai développé une bonne résistance physique. J’ai déjà travaillé sur un chantier mobile; je suivais à pied un convoi qui réparait des nids de poule sur plusieurs kilomètres, tout en transportant les panneaux de signalisation.

Il ne faut pas être fragile pour faire ce métier. Je travaille au froid, aux grands vents, sous la pluie, au milieu de la saleté et de la poussière. L’été, je brûle sous le soleil. Amènes-en de la crème solaire FPS 60 et de l’eau glacée!

Certains automobilistes me saluent, me parlent. On m’a même déjà offert du café. Mais je suis aussi le bouc émissaire du chantier : des conducteurs impatients m’envoient ch***, me font des doigts d’honneur. Pourtant, je suis là pour les protéger.

Le plus stressant, ce sont les automobilistes qui roulent trop vite. On dirait qu’ils ne se rendent pas compte que je suis sans protection, à quelques centimètres d’eux! Une signaleuse a été happée mortellement l’an passé. Ça pourrait arriver à n’importe quel signaleur.

Je trouve les conducteurs plus impatients aujourd’hui que quand j’ai commencé il y a cinq ans. À trois reprises, un automobiliste a refusé de s’arrêter et a foncé sur moi. J’ai dû me tasser pour éviter d’être frappée! Malheureusement, je ne peux rien faire d’autre qu’être vigilante.

Au début, je ne savais pas que le métier était si risqué. Je m’en suis rendu compte assez vite. Ça me convient : j’aime l’adrénaline! J’aimerais un jour devenir chauffeuse de camion sur les chantiers routiers. Je suis vraiment ce qu’on appelle «une fille de chantier»!

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