Manne d’emplois en construction

Le secteur de la construction fournit du travail à un Québécois sur vingt! Et l’industrie n’a pas fini de recruter : le domaine aura besoin de plus de 14 000 nouveaux travailleurs par année d’ici 2013.

«Les perspectives d’emploi dans le secteur de la construction sont très bonnes. Qu’il s’agisse de la voirie ou des secteurs industriel, institutionnel ou commercial, on prévoit une croissance de l’emploi partout», indique Pauline Dupuis, économiste à la Commission de la construction du Québec (CCQ).

Selon la CCQ, plusieurs ouvriers verront leurs heures travaillées augmenter de 5 % en 2011.

Luc Bourgoin, économiste à l’Association de la construction du Québec, le confirme : «La voirie et le génie civil ainsi que les secteurs institutionnel et commercial seront particulièrement actifs en 2011. On assiste même à une reprise des investissements dans la construction industrielle, qui piétinait un peu depuis l’an 2000.»

Les emplois se trouvent dans les PME comme dans les grandes entreprises. Car au Québec, l’industrie de la construction est majoritairement formée de petites et moyennes entreprises. Quatre-vingt-trois pour cent des employeurs répertoriés par la CCQ comptent cinq salariés et moins. Seulement 2 % des entreprises en comptent plus de 25. «Par contre, il faut calculer qu’une poignée de gros employeurs – comme Ganotec ou Pomerleau – embauchent des centaines, voire des milliers de personnes», précise Luc Bourgoin.

Investissements publics

Le dynamisme actuel de la construction découle en partie des investissements consentis par le gouvernement du Québec. «Le Plan québécois des infrastructures, amorcé en 2008, s’étend maintenant jusqu’en 2013, avec des dépenses qui totaliseront 41,8 milliards de dollars», observe Luc Bourgoin. Ces investissements s’appliquent notamment à la construction et à la réfection des routes, des ponts, des viaducs et des infrastructures municipales. Ils financent aussi le secteur institutionnel avec, entre autres, la rénovation des écoles, la construction des nouveaux centres hospitaliers du CUSM et du CHUM, et la construction d’édifices culturels comme la nouvelle salle de l’Orchestre symphonique de Montréal et l’agrandissement du Musée national des beaux-arts du Québec.

Par ailleurs, Hydro-Québec contribue aussi à la hausse de la demande de main-d’œuvre dans le secteur de la construction. Le complexe hydroélectrique de la Romaine, notamment, requerra annuellement plus de 1 000 travailleurs d’ici 2016. Plusieurs parcs d’éoliennes verront également le jour, notamment dans la région de Québec et Thetford Mines, et nécessiteront les compétences d’ouvriers de la construction.

Mines et alumineries

Dans le secteur industriel, l’augmentation du cours des matières premières a provoqué le lancement d’importants projets de mines et d’alumineries. «La phase 1 du chantier AP50 de Rio Tinto Alcan à Jonquière, par exemple, est en voie d’être complétée et les phases 2 et 3, au coût de 3,5 milliards de dollars, le seront d’ici 2014. Alcoa a également un projet totalisant 1,2 milliard de dollars qui créera de l’emploi dans la région de Baie-Comeau jusqu’en 2015», note Pauline Dupuis.

Par ailleurs, dans le Nord-du-Québec, la construction d’une mine de diamants par Stornoway Diamond aux monts Otish créera jusqu’à 600 emplois et celle de la mine de fer de Consolidated Thompson à Fermont en générera quelque 400.

Chez Ganotec, l’employeur qui a accumulé le plus d’heures travaillées à la CCQ en 2009, des projets dans le secteur des mines et de l’énergie favoriseront aussi l’embauche en 2011. «Le marché des produits miniers est en ébullition et nos clients sont pressés de construire leurs installations. Nous attendons aussi l’annonce du contrat pour la construction du pipeline Lévis-Boucherville d’Ultramar.

Cela créera une forte demande pour les tuyauteurs, les chaudronniers et les mécaniciens de chantier», prévoit Michel Frappier, directeur du développement des affaires chez Ganotec.

Selon la CCQ, plusieurs ouvriers verront leurs heures travaillées augmenter de 5 % en 2011. C’est le cas des calorifugeurs, des monteurs d’acier de structure, des soudeurs, des mécaniciens de machinerie lourde, des grutiers et des monteurs de lignes. La charge de travail sera aussi à la hausse pour les ferrailleurs, les frigoristes, les serruriers de bâtiment, les électriciens, les poseurs de revêtements souples et les mécaniciens en protection-incendie.

Se tailler une place

Où se tourner pour profiter de la manne d’emplois dans la construction?

Traditionnellement, il s’agit d’un secteur où les contacts personnels sont efficaces. Par le bouche à oreille, les travailleurs d’un corps de métier entendent parler des besoins de main-d’œuvre sur tel ou tel chantier ou se font recommander par d’anciens collègues.

«Beaucoup d’entreprises font aussi appel aux listes de travailleurs disponibles publiées par la Commission de la construction du Québec [CCQ]», indique Luc Bourgoin, économiste à l’Association de la construction du Québec.

Il faut remplacer annuellement entre 1 500 et 2 000 travailleurs âgés de 55 ans et plus.

Le diplôme d’études professionnelles est la voie privilégiée pour apprendre un métier de la construction. Pour accéder au marché du travail, il faut par la suite posséder un certificat de qualification. Pour l’acquérir, un travailleur doit obtenir une promesse d’emploi de 150 heures auprès d’un entrepreneur enregistré à la CCQ. Il aura d’abord le certificat d’apprenti, puis celui de compagnon. Les personnes non diplômées peuvent aussi accéder à l’industrie lors de pénuries de main-d’œuvre. Elles doivent par la suite suivre des formations d’appoint prescrites par la CCQ.

«Quand on débute dans le métier, pour obtenir sa promesse d’embauche, il faut aller cogner aux portes des entrepreneurs et se rendre directement sur les chantiers pour proposer ses services», conseille pour sa part Guy Dupuis, qui enseigne aux futurs charpentiers-menuisiers à l’École des métiers de la construction de Montréal. «Les syndicats peuvent ensuite fournir un bon coup de main.»

Car l’adhésion syndicale est obligatoire en vertu de la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction. «Chez Ganotec, nous contactons directement le syndicat de chaque corps de métier pour faire connaître nos besoins, et ce sont eux qui se chargent de recruter des travailleurs», affirme Michel Frappier, directeur du développement des affaires dans cette entreprise.

Pauline Dupuis, économiste à la CCQ, souligne que les jeunes sont attendus. Dans les années à venir, outre les mises en chantier, les départs à la retraite et le roulement naturel dans le milieu viendront accentuer davantage les besoins de personnel. Actuellement, il faut remplacer annuellement entre 1 500 et 2 000 travailleurs âgés de 55 ans et plus. Comme quoi il y a encore toute une relève à bâtir!

Pour consulter la liste complète des métiers de la construction avec leurs perspectives d’emploi, visitez le site de la CCQ.

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