Les centres collégiaux de transfert de technologie : de la R&D pour pas cher!

La R&D, c’est pas donné. Elle n’est toutefois pas réservée aux multinationales. Au Québec, les cégeps mettent cerveaux et ressources au service des dirigeants de PME qui désirent innover.

Le Québec compte une quarantaine de centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT)rattachés à des cégeps. Leur expertise est très variée, allant de l’aéronautique à la foresterie. Ainsi, le Centre collégial de transfert de technologie en télécommunications est affilié au Cégep de Trois-Rivières; le Centre de productique intégrée du Québec (CPIQ), au Cégep de Sherbrooke, et le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), au Cégep de Sorel-Tracy.

Malgré ces champs d’intérêt diversifiés, le mandat est le même partout : accompagner entreprises et organismes (surtout des PME) sur le chemin de l’innovation. Au menu : services de recherche appliquée, de soutien technique et de formation. Enseignants, techniciens et étudiants mettent leurs connaissances en commun pour développer des procédés et des équipements inédits, proposer de nouvelles technologies ou former des employés.

L’Institut international de logistique de Montréal, affilié au Cégep André-Laurendeau, est venu en aide à une compagnie de jouets qui avait de sérieux problèmes d’entreposage.

«On donne de la formation sur des pratiques existantes – par exemple, en contrôle de la qualité – ou sur les équipements que nous développons», dit Pierre Lafrance, techno-conseiller au CPIQ.

Augmenter sa rentabilité

En bref, les CCTT – gérés par leur propre conseil d’administration, mais sous la responsabilité juridique d’un cégep – aident les entrepreneurs à augmenter la productivité. Grâce à l’aide du CTTEI, Les Minéraux Harsco, en Montérégie, ont même pu transformer des résidus sans valeur – une pierre concassée très fine – en un produit pour filtrer l’eau des piscines! «Nos tests ont montré qu’elle fonctionnait aussi bien que les autres produits du marché», dit Claude Maheux-Picard, directrice technique de ce centre. Résultat : l’entreprise a moins de déchets et plus de profits!

Plus qu’un centre de recherche

L’expertise d’un CCTT est liée à celle de son cégep et de sa région. De fait, un diplôme d’études collégiales y est souvent relié. Ainsi, les connaissances des enseignants sont mises à contribution. D’ailleurs, «plus de 3 000 étudiants travaillent dans ces centres chaque année, dit Claire Boulé, coordonnatrice générale du Réseau Trans-tech, le regroupement des CCTT. Ils font un stage, occupent un emploi d’été ou collaborent avec un professeur pour un projet.» Ils peuvent même parfois y décrocher un poste.

Les cégeps aiment qu’un CCTT leur soit associé. «Cela leur donne droit à des subventions pour l’achat d’équipements, ce qui permet aux professeurs et aux étudiants de se rapprocher de la réalité des entreprises», dit Claire Boulé.

À l’écoute des entrepreneurs

Avant de s’engager à soutenir une PME, les responsables d’un CCTT visitent ses installations, pour comprendre ses difficultés et s’assurer de pouvoir y remédier. Si c’est le cas, un contrat est signé. Ce document précise notamment le coût de cette aide et à qui appartiendront – le cas échéant – les technologies développées : à la PME ou au CCTT.

C’est ainsi que les experts du Centre spécialisé de technologie physique du Québec, du Cégep de La Pocatière, ont aidé la Boulangerie St-Donat à automatiser sa production d’une pâtisserie populaire, le «pet-de-sœur». «Ils ont visité notre usine pour comprendre nos besoins, puis nous ont invités à tester leurs prototypes dans leurs locaux, se rappelle Guillaume St-Amour, président de cette PME de Lanaudière. Enfin, ils ont installé [le nouvel] équipement chez nous et ont formé nos employés à s’en servir.»

L’Institut international de logistique de Montréal (IILM), affilié au Cégep André-Laurendeau, est venu en aide à une compagnie de jouets qui avait de sérieux problèmes d’entreposage. «Cette PME produit toute l’année, mais écoule ses stocks presque exclusivement à Noël, explique Luce Laporte, directrice adjointe, projets et développement des affaires de l’IILM. Nous examinons avec elle la possibilité d’utiliser des emballages spéciaux pour mieux empiler les jouets et gagner de l’espace, ou de négocier avec ses acheteurs, pour qu’ils entreposent eux-mêmes ces jouets en échange d’un rabais.»

Et si le CCTT contacté ne peut rien faire pour l’entrepreneur? Il tentera de le mettre en relation avec un autre centre mieux adapté à ses besoins. Ce n’est pas le choix qui manque, après tout!

Pour en savoir plus sur les CCTT.

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