Le plein emploi en comptabilité


Bon an, mal an, beau temps, mauvais temps, les professionnels comptables sont recherchés et courtisés par les recruteurs. Un titre comptable est un véritable antidote contre le chômage!

En 2012, les indicateurs sont au beau fixe. «Le taux de placement des diplômés candidats au titre de CPA, CA, pour les régions du Québec, est de 100 %. À Montréal, cela tourne plutôt autour de 90 à 95 %», estime Jasmine Marcoux, MBA, CPA, CA, qui appuie les candidats à la relève de la profession comptable au nouvel Ordre des CPA du Québec.

«Mais il faut savoir qu’une bonne majorité des candidats au titre de CPA, CA ont une promesse d’embauche avant même la fin de leurs études, étant donné qu’un recrutement universitaire pour le stage se déroule chaque automne sur tous les campus au Québec», ajoute-t-elle. Le stage – requis pour l’obtention du titre – se transforme donc presque systématiquement en emploi permanent.

«Bien qu’un nombre important de nouveaux comptables professionnels entrent chaque année sur le marché du travail, nous restons en situation de plein emploi. Il est clair que la demande est soutenue et que le marché absorbe tous les nouveaux diplômés», note pour sa part Evelyne Blain, CPA, CMA, de l’Ordre des CPA du Québec.

Des professionnels essentiels

Pourquoi cette forte demande? Parce que l’économie carbure aux grands projets, répond Éric Audet, CPA, CGA, associé fondateur de la firme de consultants et de recrutement Cielo, spécialisée en comptabilité et finance.

Ainsi, depuis quelques années, les grands projets abondent, notamment dans les ressources naturelles, l’énergie, etc. La comptabilité, rouage essentiel au bon fonctionnement des entreprises, en profite. «Pour les finissants, le marché du travail est très prometteur actuellement», affirme Éric Audet.

Un comptable professionnel qui a développé une expertise pointue verra les employeurs se bousculer au portillon.

«Tout projet, petit ou gros, requiert la présence d’un professionnel de la comptabilité ou de la finance, renchérit Evelyne Blain. Le comptable est souvent le premier professionnel sollicité, non seulement en matière de comptabilité financière ou de contrôle interne, mais aussi de marketing, de technologies de l’information ou de ressources humaines.»

En effet, le comptable professionnel, beaucoup plus qu’un pro des chiffres, joue aujourd’hui un rôle stratégique. Par exemple, il peut aider une entreprise qui souhaite pénétrer un marché étranger à respecter les normes comptables internationales, à décrypter la complexité des affaires et de la fiscalité dans un autre pays.

Que recherchent les employeurs?

Le profil classique du jeune comptable professionnel recherché par les recruteurs est le suivant : un excellent esprit de synthèse (pour interpréter les données), des habiletés de communication (pour être en mesure d’interagir avec des personnes de tous les secteurs de l’entreprise dans laquelle il travaille, par exemple pour expliquer des données comptables complexes), la maîtrise de logiciels spécialisés en comptabilité, ainsi que le bilinguisme (dans les grands centres).

Par ailleurs, un comptable professionnel qui a développé une expertise pointue verra les employeurs se bousculer au portillon. «Par exemple, un comptable spécialisé en comptabilité financière, c’est-à-dire dans les opé-rations financières des entreprises cotées en Bourse, trouvera un premier emploi rapidement et ne manquera jamais de boulot, assure Éric Audet. Ce professionnel pourra travailler où il le désire, il aura l’embarras du choix, car il y a une pénurie de professionnels spécialisés.»

Les diplômés ayant une expérience en crédit commercial ou en comptabilité de gestion sont également recherchés, ajoute Éric Audet. «Les professionnels qui ont une double compétence, par exemple un baccalauréat en informatique ou un MBA en plus de leur formation comptable, sont toujours les plus prisés. Le marché se les arrache.»

Le gros bout du bâton

Les offres d’emploi abondent non seulement pour les comptables d’expérience, mais aussi pour ceux qui sont fraîchement diplômés. D’ailleurs, les employeurs n’ont de cesse de séduire la génération Y. À l’époque des jeunes boomers, «une job steady pis un bon boss» suffisaient. Aujourd’hui, les diplômés réclament de la flexibilité, notamment des mesures de conciliation travail-famille. Autant dire que les jeunes comptables professionnels détiennent le gros bout du bâton!

«Selon nos sondages, les entreprises qui offrent de la formation, des horaires de travail flexibles, des programmes de mentorat, des services de garde, entre autres, sont appréciées des jeunes», déclare Guy Adam, directeur de la succursale lavalloise de Robert Half International, une firme de recrutement spécialisée notamment en comptabilité-finance. «Ce n’est pas seulement le salaire qui fera en sorte qu’une entreprise pourra attirer et fidéliser les employés.»

«Un employeur qui n’offre pas les quatre jours par semaine ou qui ne permet pas le télétravail peut devenir moins intéressant pour la jeune génération», confirme Danièle Pérusse, FCPA, FCGA, ex-vice-présidente formation et développement professionnel à l’Ordre des CGA et maître d’enseignement à HEC Montréal. Même si le milieu comptable a toujours été considéré comme étant plus conservateur, cette réalité finit par le rattraper…

Les profils demandés

Au Canada, selon le Guide salarial 2012 comptabilité et finance de Robert Half, les profils recherchés sont les suivants (par ordre alphabétique) :

  • Comptables (détenant un titre professionnel)
  • Comptables en coût de revient
  • Comptables fiscalistes
  • Contrôleurs
  • Spécialistes des opérations comptables (comptes fournisseurs, comptes clients, paie, recouvrement)
  • Vérificateurs (dans les cabinets d’experts-comptables)
  • Vérificateurs internes

Départs à la retraite

L’âge moyen des comptables en 2012, selon les données des trois ordres comptables unifiés, oscille de 39 ans (chez les CPA, CMA) à 49 ans (chez les CPA, CA). Ces moyennes masquent des extrêmes. «Il y a une grande proportion de 50-54 ans, indique Evelyne Blain, CPA, CMA, de l’Ordre des CPA du Québec. Le phénomène du vieillissement de la population n’épargnera pas la profession comptable et il est donc à prévoir qu’au cours de la prochaine décennie, la pression sera de plus en plus forte pour former une relève de qualité en plus grand nombre.»

Des salaires alléchants

Voici la rémunération moyenne globale (salaire de base et valeur des avantages sociaux) des professionnels de la comptabilité.

Les CPA, CA gagnaient 139 125 $ en 2010. Les 35 ans et moins, 86 914 $. Un stagiaire en audit ou en comptabilité empochait 41 400 $.

Les CPA, CGA empochaient 100 723 $ en 2011. Les membres âgés de moins de 35 ans, 72 721 $.

Les CPA, CMA touchaient 100 779 $ en 2009. Chez les 26-34 ans : 77 398 $.

(Sources : enquêtes de rémunération menées en 2009, 2010 et 2011 pour les ordres comptables maintenant unifiés.)