Le métier de graveur de pierre

Gilles Brunet
Gilles Brunet, graveur
Photo : Maude Chauvin
Son fond de commerce : les inscriptions sur les pierres tombales.

Je suis graveur depuis 1956. Avec mon frère, j’ai repris l’entreprise familiale fondée par mon grand-père en 1876. Ma nièce s’occupe désormais des ventes : elle représente la quatrième génération!

Mon père m’a donné mes premiers outils quand j’avais 12 ans. Je me suis joint à l’entreprise quelques années plus tard, en 1956. À l’époque, le travail se faisait à la main, avec un marteau et un ciseau. Mais depuis la fin des années 1960, nous utilisons des machines.

Avec mes deux employés, nous faisons entre 600 et 700 gravures par année au Cimetière Mont-Royal. Le bureau du cimetière nous fournit l’inscription et l’emplacement du monument à graver. Nous créons ensuite un pochoir en caoutchouc avec un ordinateur et une presse. Puis, on colle le pochoir sur le monument et on grave la pierre avec un jet de sable. Tout notre matériel est dans un atelier mobile, dans un camion.

L’ordinateur offre une centaine de lettrages – gothique, romain, script, etc. – en plus de différents alphabets comme le chinois, l’ukrainien et l’arménien. Si l’inscription est dans un lettrage que l’ordinateur n’a pas, comme un style particulier d’hébreu, je fabrique le pochoir à la main. Je vérifie l’inscription auprès de la famille avant de la graver, car si on fait une erreur, il faut polir toute la pierre avec un disque de diamant et recommencer.

Quand il fait trop froid, la pierre se casse facilement et le pochoir y adhère mal, donc tout le travail se fait entre le mois d’avril et le mois de novembre.

Je grave encore à la main à l’occasion, par exemple quand les clients veulent qu’une nouvelle inscription soit dans le même style que celles qui sont déjà sur un monument ancien. C’est deux fois plus coûteux qu’à la machine!

Avec les années, j’ai moins envie de porter la cagoule, le masque, les manches longues et les gants nécessaires pour me protéger du sable qui rebondit sur la pierre. Depuis cinq ans, je me concentre sur les pochoirs. Mais je continue de graver une ou deux inscriptions par semaine pour garder la main. Et de temps en temps, je sculpte une belle grosse rose pour me faire plaisir.

commentez@jobboom.com