match parfait

Le mentorat, essentiel pour les jeunes notaires

Après un baccalauréat en droit et un stage dans une étude notariale, les notaires sont prêts à plonger dans la pratique. Mais au quotidien, les jeunes assermentés ont encore bien des questions. Le programme de mentorat de la Chambre des notaires du Québec vient leur donner un bon coup de pouce.

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Valérie Petit, notaire à Québec depuis mars 2011, était bien embarrassée la première fois qu’elle a dû faire radier un préavis d’exercice. Son client avait reçu un avis de sa banque, l’avertissant que l’institution allait saisir sa maison s’il continuait à avoir du retard dans le remboursement de son hypothèque. Le client a finalement payé les sommes dues. Il fallait dès lors s’assurer que l’avis de la banque ne soit pas exécuté.

L’associée de Me Petit, une ancienne collègue d’université, ne pouvait guère l’aider. Heureusement, elle a pu compter sur son mentor, un notaire d’expérience qu’elle peut contacter lorsqu’elle a des questionnements d’ordre professionnel. Il ne connaissait pas la réponse, mais il lui a donné des pistes de recherche pour la trouver.

Valérie Petit fait partie du nouveau programme de mentorat, lancé par la Chambre des notaires à l’automne 2011. Il permet de jumeler un notaire d’expérience avec un jeune notaire de moins de cinq ans de pratique. Au moyen de rencontres en personne ou d’appels téléphoniques, le parrainé pose des questions et demande conseil à son mentor.

Pour Me Petit, s’inscrire au programme de mentorat était un incontournable dans sa courte carrière. «J’ai fait un très bon stage avec une notaire qui avait beaucoup d’expérience. C’est là que je me suis rendu compte qu’il y a énormément de choses qu’on n’apprend pas à l’école, mais sur le terrain», explique-t-elle.

Elle cite en exemple les relations avec les clients. Dans un dossier de vente d’un immeuble, elle a décelé un problème avec le titre de propriété. Valérie Petit aurait eu tendance à téléphoner au client pour lui en faire part. Mais sa maître de stage lui a plutôt suggéré de régler cette situation directement avec le notaire qui avait fait la précédente transaction. «J’ai ainsi évité de stresser le client inutilement.» Le programme de mentorat lui permet de poursuivre cet apprentissage alors qu’elle vole de ses propres ailes.

Transfert de connaissances

De plus en plus d’étudiants en droit choisissent le notariat. En conséquence, le sang neuf afflue dans la profession. Depuis 2008, on compte entre 150 et 200 nouveaux assermentés par année, alors qu’ils n’étaient qu’une cinquantaine au début des années 2000. Peu à peu, ils prendront le relais des notaires plus âgés qui se dirigent vers la retraite.

«Quand des notaires plus expérimentés quittent la profession, beaucoup de connaissances se perdent. On veut bien outiller la relève en effectuant le transfert des connaissances auprès des jeunes notaires qui débutent», dit Bolivar Nakhasenh, coordonnatrice du programme de mentorat à la Chambre des notaires. Comme plusieurs jeunes pratiquent en solo ou en petits cabinets, le soutien d’un mentor les aide d’autant plus à bien s’intégrer dans la profession.

Les jeunes notaires intéressés par le programme peuvent contacter la Chambre des notaires. Ils doivent remplir le formulaire d’inscription détaillant leur formation, leur profil professionnel et leurs objectifs. C’est la Chambre qui voit ensuite à créer le duo parfait. Elle se réfère à une banque de mentors qui se sont portés volontaires pour le programme. Après six mois d’existence, le programme avait déjà permis une dizaine de parrainages.

Prendre confiance en soi

Dès son assermentation en 2010, Me Ted Malek a ouvert son étude à Laval avec une associée. Il s’est rapidement inscrit au programme de mentorat. «J’ai toujours eu l’habitude d’aller cogner à la porte des gens qui savent, dit-il. La valeur de la connaissance que j’acquiers est inestimable. Cela ne s’achète pas et ne s’apprend pas à l’école.»

Après une première rencontre en personne, Me Malek et son mentor ont souvent discuté au téléphone. Il se montre très disponible lorsque le jeune notaire a des interrogations. Le mentor ne fait pas le travail à sa place, mais lui sert surtout de guide. «La première fois qu’on fait une grosse transaction commerciale valant des millions de dollars, on est nécessairement nerveux. J’ai appelé mon mentor pour avoir les grandes lignes directrices, et il m’a rassuré en m’expliquant comment se déroule le processus», raconte Ted Malek. Il lui a même fourni des modèles de documents et donné des conseils pour la transaction.

Sa relation avec son mentor l’aide également à développer sa confiance en lui. «Bien souvent ma décision est la bonne, mais de me le faire confirmer par quelqu’un d’expérience me rassure», indique Ted Malek.

Lors des rencontres avec son mentor, Valérie Petit discute aussi de la profession, d’articles parus dans le journal des notaires et de champs de pratique. Elle a même choisi de se spécialiser en droit corporatif, à la suggestion de son mentor qui y voit une voie d’avenir.

Même s’ils sont des professionnels fort occupés, les mentors de Me Malek et Me Petit sont très disponibles pour leurs parrainés. Ils leur ont même avoué qu’ils auraient grandement apprécié pouvoir compter sur un mentor alors qu’eux-mêmes débutaient. Voilà peut-être pourquoi ils prennent leur rôle tant à cœur!

Qu’est-ce qu’un mentor?

Un mentor est une personne d’expérience qui choisit, sur une base volontaire, de partager ses connaissances et son savoir. Il s’agit d’une relation d’égalité, sans lien hiérarchique ou relation de pouvoir. «Cet échange se déroule sous le signe de la confiance, de l’entraide et de la sollicitude.»

Source : Guide d’information Un pont pour la relève : programme de mentorat, Chambre des notaires du Québec, 2011.

Cet article est tiré du guide
Les carrières du droit 2013