La science a ses raisons

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Si la communauté scientifique est souvent perçue comme un phare, certains de ses représentants à travers les âges n’ont pas su être reconnus comme tel par leurs contemporains. C’est à ces cas d’espèce que s’est intéressé le journaliste Laurent Lemire dans Ces savants qui ont eu raison trop tôt.

Si vous êtes familier avec l’histoire des sciences, vous passerez rapidement les délicatesses pédagogiques de l’auteur. Lemire relate quelques anecdotes biographiques pour chacun de ses chouchous «incompris». L’obstétricien Semmelweiss, par exemple, avait trouvé un truc tout simple mais ô combien révolutionnaire pour procéder à des accouchements : se laver les mains! Ce qui diminuait considérablement les risques. Ça va de soi pour vous? Mais ça n’a pas toujours été le cas…

Si certaines découvertes de nos génies de circonstances sont devenues des vérités de la Palice (voir les passages sur Copernic, entre autres, pour s’en convaincre), d’autres restent contestées en certains milieux. Il en est ainsi du chimiste Arrhenius qui avait prévu le réchauffement climatique. Même si l’effet de serre est devenu depuis une expression consacrée, les climato-sceptiques et consorts qualifient sournoisement de «réchauffistes» les environnementalistes préoccupés par les dérèglements climatiques.

Laurent Lemire aime comparer ses «sujets» à l’univers romanesque. Ainsi, il associe la vie du médecin Ernest Duchesne à celle des personnages d’Emmanuel Bove. Il établit un parallèle entre les recherches du physicien Charles Wilson et le titre des romans de Patrick Modiano. Tout comme l’aristocrate paléontologue Franz Nospca, «sorti de l’univers d’Oscar Wilde.»

Il faut dire que certains « savants fous » méritent bien le titre de personnage en soi. André Bloch approfondissait ses calculs mathématiques dans un centre d’aliénés où il était interné après avoir commis un meurtre contre les membres de sa famille! Si le lieu en lui-même lui procure le calme requis pour ses recherches, son statut l’éloigne d’une certaine crédibilité…

Fait étonnant : des erreurs factuelles se glissent dans l’essai. Ainsi, Laurent Lemire parle d’une conférence tenue par le mathématicien Henri Poincaré à Saint-Louis, en «Louisiane» (p.111) où il traite de relativité. Cependant, sauf mon respect, cette ville américaine se trouve bel et bien au Missouri. Aussi, l’anatomiste André Vésale(1514-1564) serait entré au service de Charles Quint en 1643! Soit le siècle suivant sa propre mort… Habituellement, on ne chipote peut-être pas pour si peu mais, après tout, il est ici question d’un bouquin consacré aux scientifiques.

Ces savants qui ont eu raison trop tôt

Ces savants qui ont eu raison trop tôt
par Laurent Lemire
Éditeur : Tallandier

ISBN : 9782847348477