La Finlande, paradis de l’éducation?

Depuis 2000, la Finlande fait figure de championne aux tests du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), se maintenant presque toujours dans les trois premières positions en mathématiques, en lecture et en sciences. Au fil de nos entrevues, le nom du pays nordique revenait sans cesse. Le Québec doit-il s’en inspirer?

Jenni Kettunen travaille dans une école du sud-est de la Finlande. En 2011-2012, sa classe comptait 20 jeunes de 9 et de 10 ans, dont 1 autiste. Pour aider ce dernier, une deuxième enseignante était mise à contribution. «Les Finlandais travaillent beaucoup pour éviter que des élèves prennent du retard et qu’ils expérimentent des échecs scolaires, commente le professeur Clermont Gauthier. C’est très positif», commente Clermont Gauthier, responsable de la Chaire de recherche du Canada en étude de la formation en enseignement et professeur à l’Université Laval.

Au pays de Saku Koivu, les profs baignent dans un système d’éducation centré sur les besoins de l’élève, contrairement au modèle prôné par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), qui mise sur des objectifs mesurables.

Avec comme principe directeur l’égalité des chances, les écoliers ne sont pas notés avant l’âge de 9 ans. «On veut éviter qu’un élève qui obtiendrait un 7 se dise qu’il vaut seulement un 7, qu’il se colle cette étiquette au front sans aspirer à mieux, explique Jenni Kettunen, interrogée par l’intermédiaire de Skype. Quand ils sont notés, c’est sur une échelle de 4 à 10, pour éviter de quantifier l’échec.» On laisse donc les jeunes progresser à leur rythme, dans des classes qui ne dépassent pas 20 élèves.

La réussite des élèves passe aussi par l’excellence des enseignants. Les facultés d’éducation attirent, en effet, la crème de la crème pour leurs programmes qui s’étendent jusqu’à la maîtrise. Les futurs maîtres sont sélectionnés après deux jours entiers de tests dans les facultés d’éducation. «C’est vraiment difficile d’entrer!» se souvient Jenni Kettunen. Par exemple, elle a dû se soumettre à un examen portant sur un roman ainsi qu’à plusieurs entrevues.

Mais ce paradis éducatif n’est pas sans faille. Là-bas aussi, il y a du «décrochage» de profs et des jeunes difficiles, assure Jenni Kettunen.

Quant aux excellents résultats au PISA, ils sont peut-être le fait d’une particularité culturelle, dit Clermont Gauthier. «L’apprentissage de la lecture est primordial pour la réussite scolaire dans toutes les matières. Or, en finnois, il y a peu d’écart entre la langue écrite et la langue orale, de sorte que l’apprentissage de la lecture est facilité.»

Jusqu’à quel point le Québec peut-il s’inspirer du modèle finlandais?

Si le renouveau pédagogique instauré dans la province s’y apparente, il comprend aussi un accent marqué sur les résultats, une influence des voisins du sud. «Le système en Finlande est possible parce qu’on y valorise beaucoup les enseignants», explique la professeure au Département d’administration et fondements de l’éducation à l’Université de Montréal, Anylène Carpentier.

Mais, surtout, les Finlandais ne sont pas obsédés par les notes. Selon elle, «il faudrait tout un changement de mentalité pour que ça fonctionne au Québec», où les parents tiennent mordicus au bulletin chiffré.

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